Quel beau métier que le métier d’enseignant !
En effet que c’est beau d’être un acteur de la transmission, de la diffusion et du partage des savoirs, des connaissances, des savoir-faire et des savoir-être !
L’enseignant est rarement riche cependant il est riche de sa générosité, de sa patience, de sa tenue, de sa drôlerie, de sa gaieté, de cette flamme qui illumine ses yeux lorsqu’il est le seul à voir l’étincelle de joie qui jaillit des yeux de ses apprenants quand ils ont compris.
L’enseignant est un père de famille même si son rôle d’éducateur, de polisseur des comportements et des attitudes s’affaiblit de jour en jour sous les coups de boutoir de l’individualisme qui brise petit à petit la culture communautaire de nos sociétés et la prise en charge communautaire des enfants.
L’autorité de l’enseignant est particulièrement déstabilisée par les nouveaux modèles véhiculés par les réseaux sociaux.
L’enseignante conjugue harmonieusement son rôle de mère des enfants, de gardienne des valeurs du foyer familial avec celui d’éducatrice chargée de la mise en œuvre d’un programme d’éducation et de formation.
Les enseignantes mettent à la disposition de l’école, à côté de leurs compétences techniques, les compétences sociales et psychologiques qui font d’elles les principales actrices de l’acquisition des bonnes manières par les enfants au sein de la famille.
Certains enseignants sont des modèles pour leurs élèves.
D’autres enseignants contribuent à la découverte par les élèves de modèles positifs qu’ils peuvent prendre comme exemple.
L’enseignant est très souvent modeste, sobre et élégant.
Les enseignantes donnent l’exemple de femmes aux parures dépouillées, sobrement habillées, raffinées et souriantes.
Les époques changent. Les enseignants aussi changent.
Nous ne sommes plus aux époques où l’enseignant faisait peur.
Passé le temps où le prof de mathématiques était mal fagoté. Aujourd’hui il est correctement habillé et bien chaussé.
Nous ne sommes plus à l’époque où le professeur de philosophie pouvait sentir l’alcool. Les professeurs de philosophie sont aujourd’hui des hommes et des femmes en costume, en boubou ou en robe, bien coiffés, bien chaussés et très sociables.
Il y a quelques décennies, il y avait quelques enseignants excentriques.
Aujourd’hui, l’écrasante majorité des enseignantes et des enseignants adoptent un comportement conforme aux bonnes manières, participent largement à l’éducation civique des élèves par l’exemple.
Les modalités d’enseignement évoluent très rapidement.
De nouveaux outils d’enseignement et de formation apparaissent chaque jour.
L’intelligence artificielle (IA) va bientôt révolutionner le métier d’enseignant.
Il y a des enseignants avant-gardistes qui en font déjà un collaborateur docile, inépuisable et infatigable.
Par contre, il y a d’autres enseignants qui ont la phobie de l’IA qu’ils accusent de conduire à la déchéance de leur métier et surtout à la dé-construction de toutes les méthodes d’enseignement.
L’IA va induire des ruptures extraordinaires dans les modalités d’enseignement et dans les manières d’apprendre.
L’enseignant nouveau sera sans doute l’enseignant capable d’instaurer la coopération entre lui et l’IA, un dialogue enrichissant et qui pourra établir un pont naturel entre l’IA et l’apprenant.
L’école de demain sera sans aucune surprise une école sans enseignant omniprésent et omniscient.
Cependant l’école de demain sera surtout l’école de la prise en charge de l’élève par un enseignant produit de la symbiose de l’enseignant professionnel d’hier avec une intelligence artificielle.
L’élève sera plus que jamais le centre du projet éducatif et de formation alors que l’enseignant sera de moins en moins présent physiquement laissant les tâches fastidieuses, répétitives et rébarbatives à une intelligence artificielle.
Contrairement à ce que beaucoup d’observateurs avisés peuvent penser, le vieil enseignant ne mourra sans doute jamais.
En effet, nous sommes encore loin du jour où l’IA aura des sentiments, ressentira des émotions et sera capable de partager ses impressions, ses passions, sa tristesse, sa joie, sa compassion, son malheur et son bonheur.
L’enseignement n’est pas seulement une affaire de technique et de raison, il est avant tout une affaire d’émotion.
L’enseignante et l’enseignant resteront donc les deux faces du bonheur de partager la connaissance, la source qui à chaque fois qu’on y puise se remplit d’eau plus abondante, plus agréable et plus désaltérante.
Dakar, mardi 3 octobre 2023
Prof Mary Teuw Niane