Les sondages d’opinion ont démontré que les Africains ont la capacité d’exprimer leurs voix, quels que soient les discours avancés par les experts et les spécialistes, a déclaré E. Gyimah-Boadi, co-fondateur et président du conseil d’administration d’Afrobarometer, aux participants d’un dialogue organisé par Future Africa à l’Université de Pretoria.
Gyimah-Boadi est intervenu dans une conférence intitulée « l’histoire d’Afrobarometer et réflexions sur les preuves pour la politique », modérée par la directrice de Future Africa, Heide Hackmann. L’événement fait partie de la série de dialogues de la plateforme de recherche, qui vise à stimuler des idées audacieuses et une réflexion disruptive sur l’utilisation de la science pour relever les défis du monde réel et maximiser son impact.
Retraçant les débuts d’Afrobarometer, Gyimah-Boadi a souligné la première étape critique du réseau de recherche à l’aube du nouveau millénaire (1999/2001).
« Nous avons finalisé avec succès un ensemble de données provenant de 12 pays. Notre travail a réfuté de manière décisive les doutes soulevés par les évaluateurs sceptiques de notre proposition de financement initiale, leur prouvant sans équivoque qu’ils avaient tort », a-t-il déclaré.
« De plus, nous avons démontré que les Africains ont la capacité d’exprimer leurs opinions, quels que soient les discours avancés par les experts, les spécialistes et les élites diverses ».
Expliquant comment Afrobarometer est passé des enquêtes sur papier à l’utilisation de tablettes et d’autres technologies aujourd’hui, le PDG d’Afrobarometer, Joseph Asunka, a déclaré : « Ce qui est formidable avec la technologie c’est qu’elle nous permet d’avoir un bon contrôle de qualité. Grâce au GPS, nous pouvons facilement suivre les déplacements de nos enquêteurs lorsqu’ils mènent les interviews. Cela signifie que nous pouvons suivre leurs déplacements d’une maison à l’autre et même revenir pour identifier les maisons qu’ils ont visitées et les personnes intérogées… » – tout en garantissant la confidentialité des personnes interrogées.
Poursuivant avec le partage des résultats de l’enquête Afrobarometer sur la démocratie et la gouvernance, Asunka a déclaré : « Nos données sont précieuses pour les décideurs politiques dans le sens où elles peuvent être utilisées comme une base solide sur laquelle s’appuyer pour définir leurs politiques.
Les données d’Afrobarometer montrent qu’une nette majorité d’Africains expriment leur soutien à la démocratie et à une gouvernance responsable. Dans 36 pays africains sondés en 2021-2022, les deux tiers (66%) des citoyens déclarent préférer la démocratie à tout autre système de gouvernement, et un nombre encore plus élevé rejettent les alternatives non démocratiques telles que le gouvernement d’un seul homme (80%), le régime du parti unique (78%) et le régime militaire (67%).
Les Africains soutiennent également fortement bon nombre des normes, institutions et pratiques associées à la gouvernance démocratique, telles que le choix des dirigeants politiques par les urnes (75%), l’imposition de limites constitutionnelles au mandat présidentiel (74%), la concurrence multipartite (64%), la liberté des médias (65%) et la responsabilisation du gouvernement (61%).
Cependant, Shannon van Wyk-Khosa, responsable du portefeuille numérique d’Afrobarometer, a noté une « grande désillusion entre les jeunes et ceux qui les gouvernent. De manière générale, nous constatons que de nombreux jeunes Africains ont le sentiment de ne pas être écoutés par leurs gouvernements ».
Comparés à leurs aînés, les jeunes sont encore plus critiques à l’égard de la corruption institutionnelle et font preuve d’une grande méfiance à l’égard des institutions publiques. Ils sont également plus susceptibles que leurs aînés (de 10 points de pourcentage par rapport aux plus de 55 ans) d’exprimer leur volonté de tolérer une intervention militaire si les dirigeants élus abusent de leur pouvoir.
Le partenariat entre Afrobarometer et Future Africa, lancé en 2021, vise à renforcer la collaboration entre les deux institutions à travers des ateliers et séminaires de renforcement des capacités et le co-développement de matériels de formation pour initier les étudiants à la collecte, à l’analyse et à la dissémination de résultats de données de sondage d’opinion publique.