lundi, décembre 23, 2024

Place et importance du WAQF dans la finance islamique- Quelle approche holistique ?

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En cette période cruciale de recherche d’instruments plus adaptés à la redistribution inclusive des richesses et à la lutte contre l’exclusion sociale ; après des siècles de colonisations, d’esclavages et de dominations caractérisés par le pillage de nos ressources, la marginalisation de nos figures emblématiques et la dévalorisation de nos institutions islamiques par les colonisateurs, le Sénégal est en train de renouer avec son passé historique et de réhabiliter son patrimoine islamique. Cette réhabilitation se traduit, entre autres, par la revalorisation et la restauration des institutions de la finance islamique ; au premier rang desquelles le waqf qui est un instrument à double portée : une portée spirituelle visant l’obtention de la satisfaction et de la récompense divines, et une portée socio – économique qui exhorte au partage, à la solidarité, à la répartition des richesses et à la lutte contre la précarité et l’exclusion sociale. Un instrument très simple de par sa constitution, mais très complexe de par ses implications sociales, économiques et financières.

Autrement dit, le waqf est un produit de l’intermédiation financière islamique, de par sa nature contractuelle, au même titre que la zakat et la donation. En quoi faisant, le waqf tout comme la Zakat, ne devraient pas être présentés comme des simples actes de charité, mais plutôt comme des instruments de redistribution inclusive de la richesse et de l’inclusion financière.

En effet, l’intermédiation financière classique a exclu, de facto, les classes pauvres et vulnérables de son système financier, en réduisant le processus de transfert de fonds entre des agents à surplus vers ceux à déficit dans la création de la richesse. De ce fait, la finance islamique se distingue, à bien des égards, de la finance classique par la prise en charge socio-économique et l’inclusion financière de cette troisième catégorie dans la société, laissée en rade par la finance classique qui n’a rien prévu pour les classes vulnérables. Par conséquent, une approche holistique du waqf implique la mise en évidence de son rôle complémentaire et inclusif dans la prise en charge des classes défavorisées dans le processus de transfert de capitaux. Malgré ce potentiel profondément économique, social et financier du waqf, il demeure encore méconnu, à la fois, par beau- coup de mécènes sénégalais et d’opérateurs économiques, mais également par un nombre non négligeable de nos hommes d’affaires actifs dans différents secteurs de la vie économique. Ceci est la conséquence directe de sa prise en charge tardive par l’Etat, dans sa stratégie de développement et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, sans oublier sa marginalisation manifeste, en tant que produit de la finance islamique, dans les institutions islamiques. Cette marginalisation est aussi bien visible dans les enseignements dispensés par les établissements de formation que dans les produits de la finance islamique.

 

Par Dr. Moustapha LY, Enseignant chercheur au Département d’Arabe de la Faculté des Lettres et Sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Publié dans Waqf Echos