jeudi, novembre 7, 2024

Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi): Ces pièces maîtresses du marché financier

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Les Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi) se multiplient dans la place financière de Dakar. Éléments centraux du marché financier, elles sont des instruments souvent mis en place par les sociétés financières et les établissements bancaires. Dans ce dossier, Abdoulaye Ndoye, analyste financier et négociateur à Invictus Capital & Finance, décortique les rôles et missions de ces sociétés et leurs apports pour les particuliers, les entreprises et les États.

 

Qu’est-ce qu’une société de gestion et d’intermédiation (Sgi) ? C’est une question que se posent, sans doute, des non-initiés de la finance qui veulent éventuellement s’intéresser au marché financier. Abdoulaye Ndoye, analyste financier et négociateur à Invictus Capital & Finance, répond à cette question. Selon lui, une société de gestion et d’intermédiation, comme le sous-entend la dénomination, est un intermédiaire financier entre, généralement, les acteurs en besoin de financement, c’est-à-dire ceux qui ont un excédent de trésorerie, et ceux qui ont un déficit de trésorerie. Le cœur d’activité d’une société de gestion et d’intermédiation est le marché financier. Autrement dit, toutes les activités liées au marché financier. Par exemple, le courtage financier, à savoir la négociation des valeurs mobilières dont les actions et obligations, les produits du marché des titres publics par adjudication, tels quels les Obligations assimilables du Trésor (Oat) et les Bons assimilables du Trésor (Bat).

Parmi les fonctions dévolues aux Sgi, il y a également la partie conservation, car lorsque les clients achètent des valeurs mobilières vu que celles-ci sont dématérialisées et inscrites dans les livres du dépositaire central/Banque de règlement (Dcbr), les Sgi ont pour vocation de conserver ces titres. « Le client ne conserve pas lui-même ses titres ou valeurs mobilières. C’est la Sgi qui s’en charge. Elle s’occupe également de l’ingénierie financière, c’est-à-dire la structuration des introductions en bourse et l’activité de conseil en investissements pour des particuliers ou personnes morales qui souhaitent en bénéficier », explique Abdoulaye Ndoye.

La Sgi gère aussi la partie qui s’intéresse aux marchés des capitaux, autrement dit, la levée de fonds sur le marché financier à travers des appels publics à l’épargne, des opérations par placement privé via une syndication bancaire. De même, les Sgi, poursuit M. Ndoye, accompagnent des activités de cession sous mandat. « C’est un particulier qui donne un mandat pour une gestion de son compte. Ainsi, le client va créditer son compte, puis il délègue sa gestion. Dans ce cas, c’est la Sgi qui gère le compte et lui fait des reportings pour qu’il soit au courant des évolutions », éclaire l’analyste financier et négociateur à Invictus Capital & Finance. Par ailleurs, les Sociétés de gestion et d’intermédiation produisent des notes de recherche par rapport aux entreprises cotées, pour que les clients puissent avoir une meilleure lisibilité et opérer le meilleur investissement.

Un guide pour les particuliers

Ainsi, les Sgi accompagnent les particuliers, les entreprises et les États. Pour les particuliers, c’est généralement ceux qui souhaitent acquérir ou céder des valeurs mobilières. Le particulier, renseigne Abdoulaye Ndoye, a généralement un compte titres et un compte espèces à la Sgi. Ainsi, il va créditer son compte espèces dans le but d’acquérir des titres. Après cette étape, il lui suffit de donner l’ordre pour l’acquisition de titres. « Si le particulier nous donne l’ordre d’acheter des titres de Sonatel, il sait déjà ce qu’il veut », indique-t-il. L’autre option est d’avoir des particuliers qui donnent carte blanche, car étant des novices. « Il y a également des particuliers qui peuvent créditer leurs comptes, signalant qu’ils sont novices sur le marché et nous demandent de leur faire des propositions. Ainsi, en fonction du profil de risque et de son environnement de placement, la Sgi lui fait une offre, étudie les entreprises cotées et lui dit, en fonction de son horizon de placement et du profil de risque, d’acquérir tel ou tel titre. Maintenant libre à lui de valider cette proposition », décortique Abdoulaye Ndoye.

Support des États et des entreprises

À côté des particuliers, les Sgi accompagnent aussi les États et les entreprises. Pour les États, l’accompagnement consiste notamment à lever des fonds. « Dans ce cas, la Sgi procède à la structuration de l’opération et à la levée de fonds. Il y a aussi la partie levée hors marché. Ainsi, la Sgi va chercher pour l’État ou le particulier des partenaires », explique Abdoulaye Ndoye. Ces fonds, dédiés au financement de l’économie, permettent à ces structures de contribuer au développement de l’économie. « Les Sgi aident les États à lever des fonds dans le but de financer leur économie. C’est une façon de participer au développement du pays », affirme-t-il.

Dans le portefeuille des Sociétés de gestion et d’intermédiation, il y a aussi les entreprises. « Les Sgi aident les entreprises à lever des fonds à travers l’ouverture de l’actionnariat. Cela permet aux entreprises d’avoir plus de ressources, de se développer et de procéder à des recrutements. Quand les entreprises grandissent, cela a un impact sur l’économie du pays », estime M. Ndoye qui précise que quand une société souhaite ouvrir son capital, les Sgi l’accompagnement dans la partie introduction en bourse, analyse de la solvabilité et levée de fonds.

L’Amf Uemoa, le régulateur

Le marché financier est régi par l’Autorité des marchés financiers de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Amf Uemoa, ex-Crepmf). Ainsi, si un acteur veut intervenir, il faut que cette structure lui octroie un agrément. Elle délivre également une carte professionnelle aux négociateurs, aux responsables en charge des clients et aux contrôleurs internes. Au Sénégal, Cgf Bourse a obtenu son agrément en 1998. Il s’en est suivi d’Impaxis Securities en 2004. Abco Bourse et Everest Finance ont obtenu leur agrément en 2016. Finance, gestion et intermédiation (Fgi) et Invictus Capital & Finance ont été agréées en 2019.

Invictus Capital & Finance, maître d’œuvre du dernier emprunt obligatoire de l’État du Sénégal

En début mars, le Sénégal a réussi à mobiliser 120 milliards de FCfa. Une prouesse dans un contexte qui était marqué par un marché financier et monétaire en manque de liquidité. L’emprunt obligataire à l’épargne publique a été souscrit à 201,9 milliards de FCfa. L’opération, lancée le 6 mars dernier, a été pilotée par la Société de gestion et d’intermédiation Invictus Capital & Finance. Sollicitant initialement 120 milliards de FCfa, le Sénégal était obligé de passer à 200 milliards de FCfa vu l’engouement des partenaires. Cet emprunt obligataire simultanée par appel public à l’épargne comporte trois tranches -A, B et C- avec des maturités, taux et montants différents. La tranche A, d’un montant de 30 milliards de FCfa, couvre la période 2023-2028, soit une maturité de cinq ans avec un taux d’intérêt de 6 %. Pour la tranche B, d’un montant de 40 milliards de FCfa, la maturité est de sept ans et couvre la période 2023-2030. Pour cette tranche, l’émetteur propose aux investisseurs un taux d’intérêt de 6,15 %. Quant à la tranche C, d’un montant de 50 milliards de FCfa, elle a une maturité plus longue de 10 ans couvrant la période 2023-2033. Pour cette dernière tranche, l’émetteur propose aux investisseurs un taux d’intérêt de 6,35 %.

Que signifient « compte titres », « capitalisation boursière », « emprunt obligataire » ?

Le marché financier a son jargon. Dans son ouvrage intitulé « Comprendre les termes de l’économie et de la finance », Abdou Diaw, Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, en définit quelques-uns. Selon lui, un compte titres est un compte ouvert dans une banque, une Société de gestion et d’intermédiation (Sgi) ou une société de bourse. Comme un compte-chèques sur lequel sont inscrites les entrées et les sorties d’argent, le compte titres, dit-il, sert à répertorier les titres (actions, obligations, parts, etc.) détenus en portefeuille. Pour en ouvrir un, renseigne Abdou Diaw, il suffit de faire la demande auprès d’un intermédiaire agréé du marché.

Pour ce qui est de la capitalisation boursière, le journaliste spécialisé en économie et finances le définit comme la valeur de l’ensemble des actions représentatives du capital d’une entreprise. Elle est égale au nombre de titres en circulation multiplié par le prix de l’action. La capitalisation boursière est aussi utilisée, d’après lui, pour connaître le poids relatif d’une place financière (exemple Brvm, Nasdaq aux États-Unis…). Parlant de l’emprunt obligataire, Abdou Diaw considère qu’il consiste à émettre des obligations qui sont des titres de créances négociables et assimilables à une dette pour les entités émettrices. Des procédés qui peuvent permettre aux États, aux entreprises et aux collectivités territoriales de diversifier leurs sources de financement et de disposer de ressources financières plus longues.

Dossier réalisé par Demba DIENG /Lesoleil