Le Sénégal se distingue sur le continent africain en exportant davantage de produits finis vers le reste de l’Afrique que vers le reste du monde. Avec un potentiel énorme pour créer et développer les chaînes de valeur nécessaires à la réussite de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le pays se positionne comme un acteur majeur dans cette initiative.
Cette conviction a été exprimée par Ansou Badji, Directeur du commerce extérieur du Sénégal, lors de l’atelier régional d’examen du projet de rapport de l’étude sur les opportunités de chaînes de valeur régionales en Afrique de l’Ouest dans le contexte de la ZLECAf. Cette importante rencontre a été organisée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le Sénégal présente des avantages comparatifs certains en vue de la ZLECAf, notamment en ce qui concerne les échanges de matières premières utilisées comme intrants dans le développement industriel. L’un des obstacles au développement du continent réside dans le faible niveau d’échanges entre les pays africains.
L’objectif à long terme de la ZLECAf, une initiative ambitieuse, est d’augmenter le commerce intra-africain de plus de 30%, alors qu’il représente actuellement environ 15% des échanges commerciaux du continent.
Madame Ngoné Diop, Directrice du bureau sous-régional (Afrique de l’Ouest) de la CEA, est convaincue que la ZLECAf est un accord sans précédent qui intéresse pas moins de 1,2 milliard d’Africains, offrant un potentiel de 2 500 milliards de dollars en termes de PIB. Autrement dit, il s’agit pratiquement d’un Plan Marshall pour l’Afrique, visant à corriger le paradoxe de l’abondance en Afrique et à réaliser une transformation structurelle de son économie.
L’objectif est donc de favoriser l’intégration effective de l’Afrique dans le commerce mondial et de créer des effets de ruissellement positifs dans le cadre du cycle de production de richesses. Adoptée en 2018 par le traité d’Abuja, la ZLECAf est actuellement en phase de mise en œuvre. Au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tous les pays ont déjà ratifié cet accord, à l’exception d’un seul. L’urgence pour chaque pays est donc aujourd’hui de mettre en place des stratégies nationales visant à domestiquer l’accord.
C’est là toute la pertinence des propos de Makhtar Lakh, Secrétaire Général du ministère du commerce, pour qui il est important de quitter l’économie de rente en faveur de la promotion des produits manufacturés, ce qui permettra d’accroître les capacités d’industrialisation.