Avec le développement exponentiel du numérique, le secteur postal est confronté à de nombreux défis, notamment la nécessité de s’adapter aux évolutions technologiques rapides et de répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de livraison rapide et efficace.
En conséquence, la régulation joue un rôle essentiel pour garantir un secteur postal du futur. Dans ce cadre, la conférence des régulateurs postaux qui s’est tenue à Dakar ce 23 mai a été l’occasion pour les acteurs d’analyser plusieurs thématiques liées au secteur postal et à sa régulation.
Politique, aspects de régulation et les technologies et innovations
La régulation à l’ère du numérique offre de nombreux avantages pour un secteur postal durable. Elle favorise la concurrence équitable en établissant des règles du jeu claires pour tous les acteurs, ce qui encourage l’innovation et l’amélioration des services. Elle peut également favoriser la collaboration entre les opérateurs postaux, les organismes de réglementation et les parties prenantes.
Pour analyser les perspectives de développement du secteur postal à l’ère du numérique, des experts de différents pays ont apporté leurs réponses à travers un panel sur «comment garantir l’accès universel et la concurrence dans ce contexte ?».
Ainsi, l’élaboration et la mise à jour des politiques publiques pour prendre en compte les nouveaux défis du secteur postal figurent parmi les éléments majeurs.
Pour rappel, les technologies et innovations impliquent la cybersécurité, d’où l’importance de «veiller à la protection des données à caractère personnel des consommateurs». Les régulateurs doivent aider à la formalisation des acteurs informels, les start-ups qui interviennent dans le secteur, pour favoriser une interopérabilité entre les acteurs.
Ndèye Coumba Sy, Directrice des Postes au ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique, souligne quatre éléments qui favorisent un secteur postal du futur et solide. Selon elle, il y a tout d’abord l’anticipation en mettant en place au sein des opérateurs désignés des cellules de veille informationnelle et stratégique. Ensuite, les acteurs doivent avoir une présence active dans toutes les instances de décision. Puis, il faut mettre en place des partenariats entre opérateurs publics et privés. Enfin, la formation permet d’assurer l’avenir du secteur postal.
Opportunités de l’apport de la technologie pour le développement des activités des opérateurs privés et viabilité financière des opérateurs désignés
Les consommateurs ont des attentes élevées en matière de rapidité, de traçabilité et de personnalisation des services de livraison. De plus, de nouveaux acteurs, tels que les prestataires de services de livraison indépendants et les plateformes de partage, sont apparus, bouleversant davantage le secteur.
Les opérateurs désignés doivent relever plusieurs défis, par exemple la mise en place d’une organisation numérique axée sur le client. « La Poste doit être en mesure de répondre aux besoins du client vis-à-vis des avancées technologiques ».
Pour s’adapter à l’évolution du secteur postal et faciliter l’accès à ses services et produits pour tous les clients, La Poste doit entreprendre une véritable transformation numérique. Les opérateurs doivent être prêts à investir massivement dans la numérisation de leurs services afin de faire face à la concurrence croissante du commerce électronique et des start-ups qui pénètrent le secteur. Toutefois, pour réussir dans ce domaine, La Poste doit travailler en étroite collaboration avec les start-ups et les jeunes innovateurs du domaine numérique.
Les opérateurs doivent également prendre en charge les prérequis numériques essentiels, tels que l’accès à l’électricité, une connectivité de grande capacité et un système d’adressage fiable. Ces éléments sont indispensables pour soutenir efficacement la transformation numérique.
De plus, il est crucial de promouvoir des outils de régulation adaptés, en particulier pour les services postaux en ligne, par exemple en ce qui concerne les bureaux de poste virtuels, tout en garantissant la sécurité des plateformes en ligne.
La combinaison de ces mesures permettra à La Poste de se positionner de manière compétitive dans le paysage numérique en constante évolution et de répondre aux attentes des clients. Pour Bamba Lo, il est nécessaire de faciliter les procédures de prise en charge des besoins en touchant un maximum de clients dans le continent. Et pour réussir cela, les jeunes devraient être la cible principale poursuit le CEO de la start-up Pap’s, qui a réalisé plus de 4,5 millions de livraisons en 2022.
La régulation face aux nouvelles exigences du secteur postal
Pour faire face aux nouvelles exigences du secteur postal, il est nécessaire de redéfinir le périmètre d’intervention des régulateurs en tenant compte des nouveaux métiers, des nouveaux acteurs, de la segmentation du marché, des besoins du client et de la neutralité des technologies.
Selon Kalidou Gaye de l’ARTP, « le marché postal est en train d’accueillir de nouveaux acteurs qui n’interviennent pas forcément sur toute la chaîne de valeurs. » Ainsi, certains acteurs interviennent uniquement sur un segment précis de la chaîne de valeurs des activités postales, tels que la collecte, le tri, l’acheminement et la distribution. « Aujourd’hui, on voit des opérateurs qui interviennent sur un seul segment. »
Cependant, la réglementation actuelle ne couvre pas de tels cas, ce qui nécessite un changement de régime juridique pour permettre aux nouveaux acteurs d’opérer en toute conformité. Une approche collaborative entre les différentes entités concernées est indispensable, étant donné que le secteur postal est étroitement lié au commerce électronique dont la régulation ne peut être efficace qu’à travers une corégulation. En effet, les achats en ligne ainsi que les paiements sont effectués par l’intermédiaire de deux acteurs distincts : les régulateurs des télécommunications et des services financiers. Quant à la livraison physique, le régulateur postal intervient. Par conséquent, une harmonisation législative au niveau communautaire et régional est nécessaire.
Afin de gagner la confiance des clients, les opérateurs doivent garantir la sécurité des réseaux de télécommunication utilisés, dissuader les cybercriminels et réduire les risques de fuite de données, entre autres.