mardi, décembre 24, 2024

Réseau national des entrepreneurs du Sénégal pour un patronat de rupture

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Lancé en février 2023, le Réseau national des entrepreneurs du Sénégal (Rnes) se positionne en organisation patronale de rupture. Ce, en étant la plus inclusive possible. D’ailleurs, la plupart de ses 200 membres évoluent dans l’agriculture, les Btp, la confection, l’artisanat…Son président, Mamadou Thiam, dans cet entretien, explique les raisons de la mise en place de cette organisation et comment elle compte contribuer à la construction de l’économie du Sénégal. 

 

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer le Réseau national des entrepreneurs du Sénégal ? 

La mise en place du Réseau national des entrepreneurs du Sénégal (Rnes) est le résultat d’un sursaut patriotique et d’un bel élan de solidarité suite aux conséquences économiques de la Covid-19. Ce sursaut patriotique est le fait d’acteurs économiques de tous bords qui ont décidé de se donner la main pour mettre sur pied cette structure. Le Rnes se veut une solution, conçue par des Sénégalais pour les Sénégalais et permettant à notre pays d’annihiler l’impact de cette crise, du moins d’en amortir le choc sur notre tissu socioéconomique. Il se veut le creuset de réflexion, d’échange d’idées et de partage d’expériences. Il a aussi pour vocation de promouvoir la solidarité entre ses membres afin de faire émerger un secteur privé national fort et entièrement dévoué à la sauvegarde de notre économie pour le bienêtre des Sénégalais sans exclusive. Enfin, le Rnes se veut un levier pour le développement d’une économie sociale et solidaire basée sur notre propre ingénierie et nos propres ressources. Notre pays regorge, en effet, d’énormes potentialités qu’il nous faut simplement exploiter à bon escient pour rendre notre économie plus résiliente face aux chocs exogènes.

Le Rnes ne serait-il pas une simple organisation patronale de plus ? Pourquoi n’avez pas intégré les autres organisations patronales déjà existantes ? Quelle rupture comptez-vous apporter ? 

Nos membres sont des gens impliqués, à travers leurs activités, dans le développement économique du Sénégal. Mais chacun le fait de son côté. Ce qui n’est pas très impactant. Or, nous voulons peser davantage dans l’économie du Sénégal. Cela dit, nous ne nous voyons pas dans les organisations patronales existantes. Le patronat ne veut pas dire jouer au patron. Or, au Sénégal, le patronat, c’est des gens qui essaient de l’incarner par leur posture et leur attitude. Ils sont inaccessibles et très loin de la base et de la masse. Quant à nous, nous voulons apporter une rupture dans les rapports entre le patronat et les travailleurs, nous imprégner de leurs préoccupations et attentes, avoir une posture d’écoute. Nous ne voulons pas être un réseau de plus. Par ailleurs, il est toujours bon de diversifier, l’essentiel est qu’un jour ou l’autre, nous aurons des convergences d’intérêt avec les autres organisations patronales. Nous avons les mêmes objectifs, mais nos approches sont différentes.

Comment comptez-vous donner corps à vos ambitions ? 

On a souvent reproché au secteur privé national ses capacités financières et moyens d’action limités. Notre ambition première est de corriger ces insuffisances pour faire émerger un secteur privé national, solidaire, efficace et résolument engagé pour le développement du pays. Nous nous sommes fixé une vingtaine d’objectifs dont les plus importants sont la promotion de l’entrepreneuriat par la formation des jeunes entrepreneurs, l’accompagnement des entreprises dans la recherche de financements et dans leur structuration. Nous tenons beaucoup à la formalisation de nos membres et à l’acquittement de leurs obligations fiscales et sociales. D’ailleurs, pour adhérer au Rnes, il faut avoir un quitus fiscal. Nous voulons aussi faire de l’entrepreneuriat le principal vecteur de développement, ce, en favorisant et en facilitant la concertation entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Nous voulons aussi accompagner l’État dans sa politique infrastructurelle à travers des modèles de Partenariat public-privé (PPP), contribuer à la modernisation du secteur agricole par une participation plus accrue du secteur privé national à l’agro-business, favoriser la jonction entre l’Entreprise et le secteur de l’Artisanat en vue de promouvoir le « Made in Sénégal », …

Le secteur privé critique souvent l’État de ne pas lui donner des marchés. Mais pensez-vous être assez organisé et solide financièrement pour prétendre gagner ces marchés ? 

C’est l’État qui doit aider son secteur privé à devenir fort en mettant des facilités pour l’accès aux financements. Cela peut aider les entrepreneurs à grandir et à être de vrais acteurs économiques. Par exemple, une entreprise sénégalaise peut ne pas avoir les capacités de construire une route de 100 km, mais si on lui donne un tronçon de 10 km, et qu’on le fait pour d’autres entrepreneurs, on aura réussi à faire cette route et à accompagner nos entreprises locales. Encore une fois, le secteur privé national tire sa force de l’État. C’est comme ça que nous pourrons prétendre aller à la conquête des autres pays et faire jeu égal avec les entreprises étrangères présentes au Sénégal. D’ailleurs, nous avons déjà commencé à nouer des partenariats avec des homologues ivoiriens. C’est nous, Sénégalais, qui devons construire notre économie. Celle-ci ne doit pas être extravertie. Il est donc temps d’inverser la tendance. Le budget du Sénégal doit être le fruit du travail des Sénégalais. Les recettes douanières doivent provenir, en grande partie, du produit de nos exportations et non de nos importations. Pour ce faire, il faut que nous développions l’entrepreneuriat local et l’agriculture dans son sens large pour conquérir le marché extérieur. Et Dieu sait que nous avons tout pour y arriver.

 

Entretien réalisé par Elhadji Ibrahima THIAM , Le Soleil