dimanche, novembre 24, 2024

Conflit entre deux armées au Soudan : comprendre comment en est-on arrivé là ?

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Près de 300 morts en cinq jours et plus de 3 000 blessés : un bilan qui s’alourdit d’heure en heure. Depuis le 15 avril, des affrontements armés font rage à Khartoum et dans plusieurs villes du Soudan. Quelles sont les parties prenantes ? Explications en vidéo.

Au Soudan, la promesse d’une transition démocratique semble partie en fumée. Dans ce pays qui n’a plus de gouvernement élu depuis 2019, un conflit meurtrier a éclaté le 15 avril. Deux généraux rivaux s’affrontent par les armes : le général Abdel Fattah Al-Burhan, à la tête des Forces armées régulières (SAF), et le général Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemeti”, soutenu par les Forces de soutien rapide (RSF).

Mais pourquoi existe-t-il deux armées rivales dans le pays ? Et pourquoi se sont-elles mises à s’affronter ? Pour le comprendre, il faut revenir quelques années en arrière, ainsi que nous l’expliquons dans notre vidéo. En 2019, après des semaines de manifestations populaires, l’ex-président Omar Al-Bachir était renversé par l’armée, après avoir passé trente ans à la tête d’un régime brutal. Les deux généraux, Al-Burhan et Hemeti, étaient ensemble aux manettes du coup d’État : ils ont alors été nommés respectivement président et vice-président du Conseil de souveraineté chargé d’assurer la transition, jusqu’à la tenue d’élections qui devaient aboutir à la mise en place d’un gouvernement civil.

Des forces paramilitaires dissidentes


Au grand dam de la population soudanaise, la junte s’est accrochée au pouvoir et, en 2021, une tentative de transition démocratique a été empêchée par les forces armées. Le Premier ministre de transition, Abdallah Hamdok, a été arrêté et placé en détention. En parallèle, les rivalités entre les deux généraux à la tête de la junte sont allées croissant. Parmi leurs motifs de discorde, le sort des Forces de soutien rapide (RSF).

Ces dernières sont issues d’anciennes milices des tribus arabes, impliquées dans les années 2000 dans les massacres au Darfour, dans l’ouest du Soudan. En 2013, Omar Al-Bachir, alors président, les a régularisées, afin de se prémunir d’un éventuel coup d’État. Cette armée, dont on estime les effectifs à environ 100 000 hommes, est restée fidèle à Hemeti, qui en a été l’un des chefs.

Le général Abdel Fattah Al-Burhan souhaitait absorber ces forces rivales dans l’armée régulière dans les deux prochaines années, mais son numéro deux, Hemeti, entendait ralentir le processus. Au-delà des rivalités entre les deux généraux au pouvoir, de forts enjeux régionaux et internationaux sont venus compliquer la donne. Et au milieu de tout cela, pour les civils soudanais, l’espoir d’une transition démocratique s’est considérablement amenuisé.

 

Avec courrierinternational et Le Monde