Choisir le digital comme thème de réflexion et de partage à l’occasion de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars est un signe avant-gardiste pour l’usage et l’appropriation des technologies de l’information et de la communication . C’est aussi une preuve tangible de la maturité digitale des initiatives prises par la Communauté Internationale depuis le sommeil mondial de la société de l’information de 2001 en Suisse.
Chères femmes, mères, sœurs, tantes et cousines, merci d’avoir invité le digital sur la table de vos réflexions cette année. Ceci démontre combien vous vous attachez à ce secteur nodal qui veut atteindre 10 % du PIB national en 2025.
D’ailleurs, selon le rapport de janvier 2023 de Hootsuite portant sur Internet, le secteur du numérique connecte 5,4 milliards de la population mondiale, dont 20, 13 millions de mobinautes avec un taux de pénétration de 58,1 % sur Internet et 114,8 % au GSM mobile au Sénégal.
Chères Mamans, la musique que chantent les données d’usage et des usagers du numérique au Sénégal est perplexe et mérite une attention toute particulière.
Au Sénégal, sur une population d’environ 17, 54 millions d’habitants, 50,8 % de la population est féminine, tandis que 49,2 % est masculine. Sur la base du rapport portant sur les statistiques de l’Internet et l’usage du web, nous pouvons retenir que l’âge médian de notre population est de 18 ans. Ce qui confirme que nous avons une population dominée par une frange jeune. Sur les conclusions de la journée du 8 mars 2023 portant sur le digital, certainement, j’ose espérer que vous accorderez une oreille attentive à cette jeunesse en quête d’horizons meilleurs.
Chères femmes, saviez-vous que 21, 5 % de la population a un âge compris entre 5 et 12 ans;
11,5 % ont entre 13 et 17 ans ,
13,2 ont entre 18 et 24 ans.
Certes vous le saviez car vous êtes bienveillantes. Vous êtes des parents qui se soucient sans doute de l’avenir de vos filles et fils.
Raison pour laquelle, je profite de cette journée symbolique qui fête la Journée internationale des droits des femmes pour évoquer entre autres un droit universel sans lequel les jeunes ne disposeront pas d’un passeport pour le futur.
Certes les défis auxquels font face nos Etats sont nombreux. D’ailleurs, les Objectifs pour le Développement Durable en sont une belle preuve.
Cependant, l’inclusion numérique, la cybercriminalité, l’accès aux services sociaux de base, l’inclusion financière, l’employabilité des jeunes, sont tous autant de défis favorables à la croissance socio-économique des femmes.
Le thème décrété cette année à savoir: « Quelle solution digitale pour dynamiser le rendement socio-économique des femmes actives? » vient à son heure.
Mesdames, mes propos seront moins laudateurs de vos valeurs cardinales. Ils s’orienteront plutôt au rappel des principes fondamentaux d’une société apprenante. Celle-ci pourrait sans relâche prendre en charge d’une manière factuelle les maux qui ne cessent de divertir et d’écarter notre jeunesse vers l’essentiel.
Nous avons constaté que depuis plus de 20 ans les grandes puissances occidentales gouvernent Internet et le web. Ils produisent du contenu et nous ne cessons d’être consommateurs et addicts aux différentes plateformes de socialisation modernes (Facebook, Tik Tok, Instagram, Snapchat, Netflix, WhatsApp…..) .
En invitant encore les données, nous pouvons noter que 3.5 millions de jeunes utilisent ces médias sociaux et passent également plus de 8h en ligne.
Très chères sœurs, Sunubet, PMU, Premier BET, la pornographie, Liverpool Real Madrid, occupent les premiers rangs des requêtes de notre jeunesse sur le web. Sans oublier Adja bator, Karma Waly, Salma qui représentent l’échantillon du centre d’intérêt des Sénégalais sur youtube.
Au moment où les Chinois, les Coréens, les Américains et les Européens font la course vers l’espace, nous discutons depuis bientôt deux ans sur une histoire de bas de ceinture.
- Au moment où ChatGPT révolutionne le web 2.0 à un web 3.0;
- Au moment où le taux d’analphabétisme des filles est à 39,8 % contre 64,8% garçons;
- Au moment où le taux de chômage devient de plus en plus criard;
- Au moment où le niveau de langue, de science ne cesse de baisser d’ année en année;
- Au moment où les femmes peinent à entreprendre dans le secteur du numérique;
- Au moment où les femmes ont un accès peu favorable aux crédits et financements;
Certes, je vous invite dynamiquement à s’attaquer dès aujourd’hui à ces axes d’améliorations et à accompagner la dynamique mondiale portant sur la démocratisation du savoir afin d’installer une société apprenante au Sénégal.
Les femmes sont sous-représentées dans le domaine du numérique. Aujourd’hui encore au Sénégal, les femmes demeurent sous-représentées dans l’économie numérique. D’autre part, le rapport annuel de Partech Africa démontre même que les startups créées par des femmes ne représentent que 17% des transactions totales
Il est donc nécessaire d’agir et de s’engager pour réduire ces inégalités, d’autant plus que cette sous-représentation des femmes dans le secteur numérique est un fait récent : en effet, les femmes ont été pionnières dans le secteur de la Tech.
En portant dans vos différentes initiatives la littératie numérique sur l’étendue du territoire national, nous vaincrons les nombreuses dérives et attaques de cyber criminalité qui ne cessent de prendre une dimension insoupçonnée dans notre cyber espace. Mais aussi, en portant vos combats sur la littératie digitale, nous favorisons ensemble l’inclusion financière via le mobile banking. Vous pourrez également écouler facilement vos produits sur le web sans barrières douanières ou tracasseries frontalières au sein de notre espace économique.
La démocratisation du savoir donnera également l’accès à l’éducation et à la formation de qualité à tous.
Enfin, les défis de l’employabilité des jeunes pourraient être relevés avec un taux de chômage réduit. Pour ce faire, il faut mettre en place un nouveau curriculum dans l’enseignement et qui serait sanctionné par un baccalauréat numérique. (Voir ma contribution du 03 décembre 2021 sur socialnetlink.org intitulée « Digital littératie : Pourquoi il nous faut un baccalauréat digital au Sénégal ?)
Il me semble que le tableau que nous venons de peindre décline des perspectives optimistes pour l’avenir du Sénégal dans l’économie marron. Sur cette même lancée, la femme a toujours joué un rôle primordial sur tous les plans, notamment socio-économique. Le choix du thème de la journée internationale des droits de la femme de cette année en est une preuve concrète. Ainsi , il est important de noter que le digital est à la fois un outil et un usage. Nous vivons un grand tournant mondial qui nécessite une synergie de visions et d’actions en faveur des innovations technologiques mais également en faveur de l’usage que nous devons et pouvons en faire. Restreindre, censurer ou limiter les droits fondamentaux des libertés d’expression à l’image de l’article 27 du code des communications électroniques serait aux antipodes de la démocratie. Accompagnons les générations futures à faire du web un nouvel espace de vie où les likes, les commentaires et le partage de savoir utiles prendront le dessus sur les « topp cas »!
Le numérique pour tous, le numérique partout pour un usage responsable est fort possible en conjuguant nos efforts au pluriel.
Malick FAYE
Digital stratégiste &Project Manager
Enseignant formateur à l’ISEP de Thiès
Responsable du métier création et management des produits multimédia
malick.faye@isep-thies.edu.sn