Stimulé par les restrictions de mouvement causées par la pandémie de Covid-19, le marché africain du commerce électronique devrait croître davantage au cours des prochaines années. L’assèchement attendu des financements pourrait cependant provoquer un mouvement de concentration dans ce secteur très fragmenté.
Les revenus du commerce électronique en Afrique dépasseront 46 milliards de dollars en 2025 contre 28 milliards en 2021 et 7,7 milliards en 2020, a indiqué le cabinet de conseil en économie numérique TechCabal Insights dans un rapport publié fin 2022.
Intitulé « L’avenir du commerce : Rapport sur les tendances 2023 », le rapport révèle que le nombre d’acheteurs en ligne sur le continent devrait dépasser de 500 millions en 2025 contre environ 139 millions en 2017.
Avec des ventes qui passeront de 8,2 milliards de dollars en 2021 à 13,4 milliards de dollars en 2025, le segment des articles de mode sera le moteur de la croissance des revenus du commerce électronique sur le continent au cours des prochaines années.
Viennent ensuite les segments de l’électronique & médias, dont les ventes atteindront 11,2 milliards de dollars en 2025 contre 7,5 milliards en 2021, des jouets & loisirs, des meubles et appareils et de l’alimentation et soins personnels.
TechCabal Insights souligne d’autre part que plusieurs start-ups africaines spécialisées dans le e-commerce à l’instar de Konga, Jumia et Takealot, devront faire face à une rude concurrence à partir de 2023, en raison de l’arrivée d’un géant du secteur sur le continent. Le mastodonte américain Amazon, dont les ventes avaient avoisiné les 500 milliards de dollars en 2021, a en effet décidé de lancer cette année sa plateforme de commerce électronique au Nigeria et en Afrique du Sud.
Des fusions-acquisitions en vue
Sur le front des paiements, des acteurs internationaux comme Google Pay et Apple Pay devraient également prendre pied dans de nouveaux marchés africains tandis que beaucoup de banques africaines lanceront des plateformes spécialisées dans les services de paiement comme l’ont déjà fait plusieurs banques nigérianes, dont Access Bank, Sterling Bank et Wema Bank.
Le rapport estime par ailleurs que les conditions économiques difficiles obligeront les start-ups spécialisées dans le commerce électronique, notamment celles opérant dans les ventes en ligne inter-entreprises (B2B) à compresser leurs charges et à explorer des sources de revenus supplémentaires en 2023. Il s’agit, entre autres, de l’importation de marchandises sans intermédiaires, des achats directement auprès des producteurs, de la création de leurs propres marques et de la diversification des options de paiement en ajoutant services de prêt tels que le modèle « Achetez maintenant, payez plus tard ».
Les fusions-acquisitions entre start-up e-commerce pourraient aussi exploser cette année, en raison notamment de la fragmentation excessive du secteur. L’assèchement attendu des financements obligerait aussi plusieurs jeunes pousses à se rapprocher d’autres acteurs plus puissants pour survivre. Pour devenir rentables les start-up e-commerce ont en effet besoin d’atteindre le plus rapidement possible la « scalabilité » (la capacité pour une start-up à développer massivement le volume de son activité afin de réaliser des économies d’échelle), car, plus leurs achats sont élevés, plus elles ont de poids sur les fournisseurs, et mieux elles peuvent négocier des marges de distribution et des conditions de paiement.
Agence Ecofin