J’ai eu la chance d’avoir connu à travers mon mentor Mame Less Dia, les grands journalistes de JA des années 70 à 80, quand JA était ce qu’il était, avant de tomber dans le creux dans les années 90.
J’ai connu Sennen Adriamirado, Jean Pierre Ndiaye, François Soudan, Paul Bernetel, Kpatinde Francis, Siradiou Diallo et beaucoup d’autres journalistes de renommée mondiale comme Patrice Vauthier du Canard enchaîné, de Bara Diouf, Babacar Sine et tant d’autres que je peux citer. J’ai connu des grands combattants de la plume qui se sont investis dans les combats et luttes de libération de l’Afrique, de l’Africain et de la conscience Africaine.
J’ai eu le privilège de côtoyer ces grands hommes qui faisaient trembler les puissants chefs d’Etat de l’époque qui étaient pires que tout, et n’acceptaient aucune critique . Mais ces hommes les ont fait plier, ils ont de par leurs écritures militantes changer la face de l’Afrique . Ils étaient dans les maquis de l’Angola, de Bissau, du Mozambique, du Congo, etc… d’où ils tenaient informés au prix de leurs vies, les jeunesses combattantes Africaines qui étaient sous le joug de la colonisation Portugaise et des potentats locaux adeptes de la pensée unique.
Ces messieurs se sont battus pour notre génération en se sacrifiant pour nous donner l’exemple. Ces chevaliers de la plume se sont investis dans les combats intellectuels et physiques pour faire ces générations de mon âge à qui on a appris comment et pourquoi refuser, comment nous devons nous battre pour rester nous – mêmes, dont l’icône est Thomas Sankara.
J’ai eu l’immense privilège aussi d’avoir accès à l’information dans ma prime jeunesse. Chez nous, chaque semaine, il y avait JA et Afrique Asie et tous les journaux de l’époque. Pour un jeune d’aujourd’hui, ça peut sembler évident, mais ce n’était pas le cas dans les années 70, peu de gens lisaient les journaux. Nous – mêmes, à la maison, on faisait le rang pour les lire.
Je lis donc JA depuis les années 70 et quand je me suis affranchi de la famille, y a pas une seule semaine que je ne l’ai pas acheté. A un moment donné, j’avais pris un abonnement parce que affecté dans mon job, au fin fond du Sénégal. C’est vous dire que je connais JA, ce journal que les jeunesses combattantes Africaines assimilaient à la néo – colonisation et le considéraient comme un suppôt du capitalisme en Afrique. A tort ou raison.
JA aussi a une histoire. Si elle a atteint les sommets dans les années 70 et 80, il a été affecté par une crise sans précédent dans les années 90 du fait de l’explosion de la presse locale dans la plupart des pays Africains au lendemain des conférences nationales qui ont permis des avancées dites démocratiques dont l’éclosion de la presse. JA et Afrique Asie ont été les victimes collatérales de ces avancées de la presse locale.
JA a subi des pertes sévères qui ont obligé cette entreprise familiale dirigée de main de maître par son fondateur – propriétaire Bechir Ben Yahmed, qui l’ont obligé à de profondes réformes de temps de crise, dont l’ouverture à l’actionnariat et le changement de nom qui le fera devenir JA L’Intelligent pour rebondir.
Je crois que c’est à cette époque que se sont faits les recrutements à la baisse qui ont vu des paparazzis signer dans ce journal, qui, malgré ses difficultés, avait gardé intact son aura dans l’intelligentsia Africaine. C’est dans ce creux de la vague que certains journalistes qui n’étaient pas des meilleurs, mais, pouvaient ouvrir des portes, un peu comme des démarcheurs ont pointé du nez. Non pas, par la qualité de leurs écrits, mais, par leurs capacités à décrocher des publi – reportages de Chefs d’Etat en perte de vitesse. Ce sont ces journalistes – démarcheurs qui signaient des interviews de chefs d’Etat ou d’hommes d’affaires véreux dans JA des années 90 et qui, aujourd hui, veulent nous donner des leçons.
Nous ne retiendrons pas ces leçons de ces journalistes – affairistes qui ont profité de leurs positions pour fréquenter les lambris dorés des palais et qu’on n’a jamais vus sur un terrain de quelques combats que ce soit, nous apprendre à nous entretuer à coups de citations criminelles.
Nous n’écouterons pas ces plumes insolentes de cruauté nous dire comment tuer notre frère. Nous n’accepterons jamais que des vautours nous disent comment faire des cadavres sur lesquels, ils tremperont dans le sang des victimes leurs plumes de haine et nous ne leur permettrons pas plus que leurs esprits retors et bornés porteurs de sciences macabres nous dictent la voie à suivre.
Les grands reporters connaissent les affres de la guerre. Ces hommes courageux nous permettent de vivre au prix de leurs vies les horreurs de la guerre pour nous en imprégner et créer la répulsion à cette entreprise de destructions de vies qu’est la guerre. Ces héros des temps modernes nous montrent à travers les caméras le vécu de ces milliers de déplacés, de corps enflés sur le bord des routes, la destruction des familles et la peur dans les yeux des enfants qui ont perdu toute leur famille dans un bombardement aveugle. Ces intrépides journalistes qui payent chaque année un lourd tribut dans l’exercice de leur noble mission, n’encourageront jamais la guerre, ils en connaissent les coûts et les conséquences au contraire de ces mercenaires de la plume qui ne connaissent que farniente et compromis.
Nous connaissons l’histoire des hommes. Nous n’ignorons pas l’histoire tout court. Le partage de l’Afrique à Versailles s’est fait autour de beaucoup de whiskies. Les guerres se décident dans des salons cossus autour du champagne. Ceux qui les décident sont des coeurs froids qui fréquentent les anges de la mort. Ils sont des suppôts de Satan et des tisons d’enfer.
Cheikh Yerim Seck, je vous parle, je ne boirai jamais un ‘’café avec’’… vous. C’est le regard inquiet d’une mère, son bébé à califourchon sur le dos, marchant sur une piste perdue de ma Casamance qui me l’interdit. Elle fuyait sans savoir où aller. Dans le ciel, tournoyait le Rallye – guerrier porteur de morts et de désolation.
Publié le 22 janvier 2018