Les discussions ont été longues, mais l’Etat et la Société nationale des chemins de fer français (Sncf) ont finalement trouvé un terrain d’entente. Et la société française qui a en charge l’exploitation du Train express régional (TER) depuis son lancement il y a un peu plus d’un an, avec un contrat de pré-exploitation, va enfin signer un contrat en bonne et due forme. Ce sera le 17 janvier prochain, pour une durée de 3 ans. Et cette fois-ci, la signature se fera entre la Sncf et la SENTER, qui hérite désormais du patrimoine du TER, jusque-là confié à l’Apix.
Alors qu’elle était en pleine négociations pour la signature définitive d’un contrat d’exploitation, la Société nationale des chemins de fer français (Sncf) a vu arriver sur le dossier, un autre concurrent, la société française Meridiam, qui a déjà l’exploitation du Bus rapide transit (BRT). Mais au final, l’Etat qui avait le dernier mot sur cette guerre franco-française, a penché pour la Sncf.
«L’Etat considère que la Sncf est plus sûre», nous souffle une source. Notant que la Sncf ayant déjà l’exploitation depuis le début, selon un accord de pré-exploitation, va signer un nouveau contrat, avec un nouveau représentant de l’Etat. En effet, le patrimoine qui était jusque-là confié à l‘Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux de l’Etat (Apix), qui avait signé le pré-contrat, passe désormais entre les mains de la société de patrimoine, la Société nationale de gestion du patrimoine du Train express régional (SEN-TER). C’est celle-ci qui va donc signer le nouveau contrat avec la Société d’exploitation du Train express régional (SETER). Une .signature retenue pour le 17 janvier prochain et pour une durée de 3 ans. En attendant d’avoir les détails, on peut retenir que c’est l’Etat qui va encaisser toutes les recettes, payer toutes les charges d’exploitation et de maintenance à la SNCF et également rémunérer le «savoir-faire» de la SNCF. Le reste va au trésor public.
L’Etat a choisi l’expérience et l’expertise technique de la SNCF au détriment du pouvoir financier énorme et l’offre alléchante de MERIDIAM
Si l’Etat a choisi de poursuivre l’exploitation avec la Sncf, c’est parce que, selon nos sources, il ne’ veut prendre aucun risque. «L’Etat trouve que la Sncf est plus sûre», notre une source proche du dossier. Et il fonde cela sur le fait que la société a une longue expérience et une expertise technique avérées dans l’exploitation d’une telle infrastructure en France et partout dans le monde. Mieux, depuis le lancement du TER, il y a un peu plus d’un an, c’est la Sncf, associé à Kéolis, qui exploite le TER avec beaucoup de succès. Car depuis lors, aucun incident majeur n’a été noté. L’autre avantage, c’est la durée réduite du contrat acceptée par la Sncf.
En effet, au bout de trois ans, le Sénégal aura le loisir de signer un nouveau bail, ou de reprendre la gestion du TER, qui pourrait être confié à la SENTER. Et c’est une hypothèse très plausible. En réalité, l’essentiel du personnel d’exploitation, y compris sur les aspects les plus techniques, sont des nationaux qui ont fini de maitriser leur travail. La preuve, quand les employés expatriés de la Sncf sont partis en vacances, ce sont les nationaux qui ont fait fonctionner le TER Durant toute leur absence
La Sncf, un gouffre à milliard pour l’Etat du Sénégal
Meilleure que son concurrent au plan technique, au plan financier, la Sncf est cependant un véritable gouffre à milliard pour l’Etat. En effet, elle ne veut prendre aucun risque. C’est l’Etat qui finance tout, pour plus de 40 milliards par an. Elle se contente d’exploiter et de se faire payer ce service, autour de 12 milliards par an. A l’opposé, MERIDIAM avait proposé un contrat financièrement très avantageux pour le Sénégal, qui, au lieu de mettre des sous dans l’exploitation du TER, en gagnerait. D’abord, elle s’engaeait à mettre à la disposition du Sénégal 135 milliards FCFA, en guide de droits d’entrée, mais aussi, 30 milliards pour la recapitalisation de la SETER et 30 autres milliards de revenus concessifs, pour une proposition de concession de 25 ans, avec la possibilité pour l’Etat de réduire la durée.
MERIDIAM s’engageait aussi, à financer la phase 3 du TER et à acheter des rames supplémentaires. Sans compter qu’elle accepte de partager les surperformances. Fort de tout cela, une source proche du dossier et qui connait bien le secteur pour y avoir travailler pendant longtemps, qui reconnait également l’expertise technique de la Sncf en la matière, affirme cependant que MERIDIAM avait la meilleure offre. Surtout que pour elle, elle n’aurait aucun problème technique, dans la mesure ou, elle allait s’allier dans l’exploitation, avec Kéolis qui est avec elle sur le projet du BRT et qui, actuellement, fait le même travail à côté de la Sncf. «Il n’y a aucun Etat sérieux qui prend en charge l’exploitation d’une telle infrastructure. C’est un échec si l’Etat continue à gérer le TER», conclut notre source.
Snl avec Mbaye THIANDOUM/ du journal L’info