Le rappel à Dieu de Pathé Dione figure africaine emblématique de la bancassurance est une triste nouvelle pour le monde fermé et complexe de l’économie continentale. Mastodonte du développement et génie des affaires, l’homme était plus connu à Abidjan, Lomé, Cotonou, Ouagadougou, Niamey ou Douala qu’à Dakar.
Comme quoi : « Nul n’est prophète en son pays »Son empire économique (Assurances puis Banque) a été d’abord édifié dans son hub d’Abidjan avant d’étendre ses tentacules ailleurs dans 16 autres pays d’Afrique sub-saharienne même si le patron avait eu l’ingénieuse idée de maintenir son siège social à Paris.Sous ses airs d’aristocrate effacé, Dione était un Grand Monsieur.L’Afrique perd une icône, un bâtisseur- né et un homme à la résilience certaine.
Surtout que comme le dit à l’envi Aliko Dangote : « Dans le voyage entrepreneurial, la résistance face à l’adversité est suprême. »A l’apogée de sa saga sur la finance en Afrique francophone, cet entrepreneur visionnaire aurait pu se payer le luxe de s’installer en occident pour fructifier ses affaires mais il a préféré travailler sur le continent pour continuer de créer des emplois avec comme point culminant de sa belle histoire le récent rachat de la Bicis.A ce jour, pas moins de 54, 11 % du capital de la cette banque française, filiale du mythique groupe Bnp Paribas sont tombés dans l’escarcelle de son groupe.Avec cette acquisition historique, le Doyen avait fini de disposer d’un champion continental capable de casser la légendaire domination des Français et des Marocains (Cbao/Attijariwafabank) du moins dans les milieux financiers ouest-africains.
Pathé Dione, profondément attaché à ses racines sénégalaises et africaines, était réputé pour son efficacité et surtout sa discrétion…
Pourtant le Président-Fondateur du groupe Sunu (Assurances et Banques) se prévaut d’un chiffre d’affaires de 206 milliards de fr cfa rien que pour l’exercice 2020.En vérité, nous devons respect, estime et considération à ces icônes de l’économie africaine.Ils sont quasiment tous partis de rien. Me revient en mémoire l’histoire du regretté capitaine d’industrie Ameth Amar qui avait démarré son Business en vendant son véhicule, une Renault ( R5) brinquebalante pour acheter un petit bateau et ravitailler des navires restés au large de Dakar… Sans oublier celle de Babacar Ngom le roi du poulet qui a lui aussi débuté l’aventure avec un petit couvoir à Malika où il partageait un modeste espace avec sa brave épouse. Leçons de vie ! Leçons non sues aussi !Un pays qui se passionne plus pour Koukandé, Pawlish ou ces insulteurs publics qui inondent la toile a-t-il réellement un avenir ?
Sous nos cieux, ces saltimbanques et autres amuseurs à la petite semaine sont pourtant mieux valorisés que Pathé Dione ou encore le regretté patron de NMA Sanders et figure emblématique de l’industrie sénégalaise.Il y a visiblement un problème !Avec un tel état d’esprit, sommes –nous vraiment sur le chemin de l’émergence ? Pas si sûr d’autant qu’en suivant l’implacable loi non écrite sur la demande et l’offre, les divers canaux et relais d’information sont davantage focus sur le People, les combinazione politiciennes et l’info de caniveau ; ce trash qui relègue l’actu Pathé Dione à une place peu prestigieuse et loin d’être méritée.C’est aussi un des drames de ce pays aux ressorts sociologiques assez complexes.
Un Leadership transformationnel nous permettrait entre autres de changer de paradigme afin de reformater nos concitoyens.
La chronique de MLD