Moustapha Sy Ndiaye a déjà posé les jalons de son ambition de valoriser l’industrie du cuir au Sénégal et en Afrique. Sa maison de maroquinerie haut de gamme Maraz (Mode africaine revalorisée de A à Z), créée en 2017, intervient sur toute la chaîne de valeur, de la conception à la formation.
Un coup de Com’ remarquable. Macky Sall, chef d’Etat sénégalais, posant devant des valises noires avec un message de félicitations et d’encouragements. L’image est postée sur ses différentes pages sociales officielles. Cela n’arrive pas souvent.
Maraz (acronyme de la Mode africaine revalorisée de A à Z) Origins, maison de maroquinerie haut de gamme, l’a toutefois réussi. Elle n’est qu’à sa sixième année d’existence, mais cette entreprise met aujourd’hui sur le marché plusieurs dizaines de milliers de produits.
Ils sont évalués à 15 000 pour toute sa gamme qui va des chaussures aux sacs à main et de voyage, en passant par la petite maroquinerie. Jeune pousse, elle avait proposé à sa première année 3000 articles. Dans la conception de ses articles, Maraz exploite le cuir de vachette et les peaux exotiques. Ça, c’est pour le très haut de gamme. Du cuir de poisson ou galuchat est aussi utilisé afin de contribuer à l’économie circulaire et responsable. Discrètement, l’entreprise façonne son futur avec les idées innovantes de Moustapha Sy Ndiaye, le concepteur. C’est la tête pensante derrière toute cette machine.
Au bout du fil, le trentenaire dégage de l’assurance, à travers son timbre affirmé. Magistralement, le boss matérialise ses pensées avec l’aide d’une centaine d’artisans, dont 25 travaillant à temps plein. Même s’il a découvert, dès le jeune âge, l’importance des pinceaux d’art que son papa pinçait Aussi souvent entre ses doigts, Moustapha a pris le temps de se former avant de se lancer dans le monde artistique.
De cadre comptable à »‘Asecna à la maroquinerie
Le projet d’entreprise en tête, il s’oriente vers des études de Gestion-Comptabilité, après son Bac obtenu en 2009, au Lycée Ngalandou Diouf avant de se spécialiser dans la gestion de projet et création d’entreprise. Pur produit de l’Ecole sénégalaise, il savait qu’il aurait bien besoin de tous ces acquis pour bâtir son empire. Un Master 2 en Communication, créativité et technologie aussi, en appoint, pour propulser sa marque. En 2012 déjà, cinq (5) années avant l’éclosion, Moustapha ébauche son plan en posant un pied dans la maroquinerie. «J’avais déjà commencé à travailler en tant que sous-traitant dans la conception de chaussures.J’ai pris le temps de concevoir et construire mon projet et voyagé dans plusieurs pays, notamment au Maroc et en Turquie, pour découvrir les différentes techniques de travail du cuir. J’ai suivi des formations complémentaires pour parfaire mes compétences entrepreneuriales avant de me consacrer à plein temps à Maraz, lors de son lancement en 2017», dit-il.
Le temps est venu de se consacrer entièrement à son industrie. Ce qu’il ne peut pas combiner avec ses charges liées à son statut de cadre Comptable à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) où il travaille depuis quatre ans. Il y renonce en 2016. Une décision murement réfléchie. Il ne se laisse pas intimider par le risque et les éventuelles incertitudes de l’avenir.
Pourquoi ne pas le faire quand «la vie même est un risque» ? Il part sur ce leitmotiv et parvient à éliminer les aléas, surtout ceux liés aux finances. «En phase d’amorçage, nous avons sollicité la Der/Fj (Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes), ce qui nous a permis d’ouvrir notre atelier et une boutique à Mermoz-Sacré-Cœur», ajoute le maroquinier. Africain, Sénégalais né et ayant grandi dans la capitale, ses traditions marquent son travail à façon. Il s’en inspire pour transformer une peau en sac ou petit article de maroquinerie sous des formes qu’il dessine lui-même. En plus de la bagagerie de luxe dénommée « Tukki », la marque propose des accessoires bureautiques et une collection de chaussures ouvertes appelée « Padam ».
«Je veux aider les artisans (…) à mettre en valeur leur travail»
Il a certes été bercé par l’environnement artistique de son père, peintre sous-verre, mais l’activité parallèle de sa mère, enseignante, et entrepreneuse à ses heures perdues, a eu une influence sur sa vie. C’est certainement de là qu’il tient son esprit entrepreneurial. Moustapha Sy Ndiaye ne compte alors pas s’en arrêter ici avec Maraz qui est né, selon lui, d’un profond désir citoyen de créer de la richesse et de la valeur à travers le partage, l’innovation et la créativité. Il voit grand. «Je veux, à travers Maraz, aider les artisans qui ont appris sur le tas pendant des années, mais qui n’ont pas la chance de pouvoir voir ce qui se passe dans le monde et de mettre en valeur leur travail. Ils ont la compétence, mais s’ils étaient mieux structurés, cela pourrait plus booster leur créativité», ambitionne-t-il. C’est parce que sa clairvoyance l’a indiqué, il y a une dizaine d’années, que «le secteur des industries culturelles et créatives réglerait le problème de l’emploi en Afrique».
Son challenge n’est donc pas de se limiter à une marque. Il s’agit, pour lui, de participer à la structuration de la filière. «Au-delà de la production, nous formons des gens en Guadeloupe avec Pôle emploi, nous travaillons avec les Nations Unies dans le cadre de la formation, depuis 2020, des femmes réfugiées en Mauritanie. Au Sénégal, nous participons à des études et à des réflexions stratégiques sur le développement de la filière Cuir avec des Fondations et le ministère de l’Industrie», soutient-il. A côté de la maison mère à Dakar, Maraz .compte une succursale en (Côte d’Ivoire) , autres projections, Mars.
desservir le Ghana, le l’Afrique du Sud, mais également ouvrir des représentations en Europe et ailleurs. L’entreprise qui opté pour le traitement haut de gamme luxe, envisage également, par le biais de l’industrie qu’elle va lancer cette année 2023, de desservir le marché international et national afin de toucher toutes les bourses.
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