mercredi, décembre 25, 2024

Agritech: des startups sénégalaises à la conquête d’une agriculture intelligente

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L’économie sénégalaise repose principalement sur le secteur de l’agriculture qui occupe plus de 60% de la population active. L’intelligence artificielle et l’e-commerce offrent des solutions nouvelles aux agriculteurs du Sénégal à travers des projets innovants développés un peu partout pour booster l’économie verte du pays. Le numérique et les sciences de l’informatique prennent une importance croissante dans les métiers agricoles.

« Notre travail a deux composants essentiels : c’est développer un écosystème de partenaires qui puissent soutenir et faire passer à l’échelle des startups dans les domaines de l’agrobusiness qui est très important pour le Sénégal, de l’agritech qui est un domaine novateur et l’économie verte qui est en lien avec l’environnement. Le deuxième rôle est de casser les barrières à l’entrée qui ne donnent pas d’opportunités de renforcement de capacités et de formation via le travail d’immersion collaborative et d’utilisation de langues locales », lance Cheikh Ahmadou Bamba Fall, coordonnateur du premier hub d’accompagnement à l’entreprenariat innovant Yessal hub.

Dans ce lot d’entrepreneurs du secteur de l’agrobusiness, Alioune Badara Fall, la quarantaine et de teint clair s’est frayé un chemin. L’entrepreneur qu’il est, a lancé depuis 2015, Sarrene groupe. Sa société évolue principalement dans la vente de fruits et légumes. Alioune Badara Sarr est l’un des principaux fournisseurs dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie à Dakar.

Vers une digitalisation du marché vert

« Quand j’étais très jeune, à l’école primaire, on nous inculquait déjà la culture du jardinage de tout ce qui est légume. C’est ce qui m’a permis d’être passionné de l’agriculture. Lorsque j’ai terminé mes études en banque finance, marketing et management, je ne voulais pas travailler en entreprise. Je préfère être libre, j’ai lancé ma plateforme pour évoluer dans le e-commerce », fait savoir Alioune Badara Sarr, tout fier de son parcours.

Ceci est en droite ligne avec l’ambition de Yeesal hub qui est de « changer le visage et l’esprit de l’entrepreneuriat rural et agricole ». Ralliant à leur cause de jeunes entrepreneurs, des experts en technologie, des agronomes, des journalistes, des producteurs et des transformateurs, pour construire une communauté économiquement indépendante et durable afin de relever les nombreux défis auxquels sont confrontés les agripreneurs et devenir la principale ruche d’émergence des futures licornes africaines dans l’agrobusiness, l’agritech et l’économie verte.

Tolbi propose des solutions basées sur l’intelligence artificielle

L’agriculture, selon une fiche d’opportunité de Plan Sénégal Emergent (PSE), constitue le pilier fondamental de la politique de développement du Sénégal qui réunit toutes les conditions favorables à l’essor d’une agriculture compétitive assurant la sécurité́ alimentaire et d’importants flux d’exportation vers des marchés de haute valeur. Spécifiquement, le domaine de l’horticulture -fruits et légumes- présente, dans le contexte actuel, les meilleurs atouts en termes de croissance et de création de valeur ajoutée.

Ingénieur diplômé de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar, à 25 ans, Mouhamadou Lamine Kébé a été lauréat du Grand Prix du Président de la République du Sénégal pour l’innovation numérique en 2020, avec la start-up Tolbi qu’il a cofondée en 2019 et qu’il dirige. Tolbi propose des solutions basées sur l’intelligence artificielle, les drones et l’Internet des objets connectés qui permettent d’offrir des informations en temps réel pour mieux gérer l’eau d’irrigation, les apports en engrais et la détection des maladies des plantes. Il contribue ainsi à développer une agriculture intelligente, de précision, plus résiliente au changement climatique.

« Notre plateforme permet aux agriculteurs d’avoir des informations en temps réel sur les bonnes pratiques agricoles du jour, grâce à des appels téléphoniques passés dans leur langue locale. Nous calculons par exemple les besoins en eau, avec des images satellitaires, mais aussi la quantité de fertilisants à mettre dans les sols. On permet aussi aux conseillers agricoles de les accompagner en temps réel, à distance, via des images satellitaires. Tout cela leur permet d’adopter de nouvelles pratiques agricoles intelligentes basées sur la technologie, d’augmenter leur production et d’amoindrir leurs pertes en eau d’irrigation », a fait savoir Mamadou Lamine Kébé.