En Afrique, bien plus qu’un simple canal de communication, le mobile est avant tout un outil de travail, de transactions financières ou encore de commerce, pour ne citer que quelques exemples. En à peine deux décennies, le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile a connu une forte progression sur le continent, celui-ci ayant bondi de 180% entre 2008 et 2018[1].
Devenu incontournable pour les populations, la démocratisation du portable joue un rôle crucial dans la croissance économique du continent africain, soutenant notamment le développement social et la création d’emplois.
La téléphonie mobile au cœur de la révolution numérique en Afrique
D’après une étude de la GSMA parue en 2021, 495 millions de personnes avaient souscrit aux services des opérateurs mobiles à la fin de l’année 2020 en Afrique subsaharienne, une augmentation de près de 20 millions par rapport à 2019[2]. Le nombre d’abonnés mobiles devrait encore croître dans les prochaines années, le doublement de la population d’ici 2050 selon les projections des Nations Unies étant la principale source de croissance de l’industrie mobile. En effet, dans moins de trente ans, les experts estiment que le nombre d’habitants devrait atteindre 2,4 milliards, la moitié ayant alors moins de 25 ans[3]. Or, cette jeunesse de plus en plus connectée et utilisant de plus en plus les services en ligne, sera à l’initiative de cette croissance du marché de la téléphonie mobile, le nombre d’abonnés devant s’élever à 615 millions, en Afrique subsaharienne seulement, d’ici 2025[4].
Cet accroissement souligne le fort taux de pénétration du téléphone portable sur le continent, notamment du smartphone, nonobstant de fortes disparités entre les régions et les pays. En effet, en 2016, 700 millions d’Africains utilisaient un mobile, la moitié étant des smartphones. Quatre ans plus tard, plus de 600 millions d’habitants possédaient un smartphone[5]. Si ces chiffres peuvent être biaisés, – beaucoup d’Africains ayant en moyenne deux téléphones pour des raisons techniques et/ou économiques -, le nombre d’abonnés uniques est malgré tout révélateur de l’engouement des utilisateurs dans l’adoption de la téléphonie mobile. Ainsi, de 495 millions d’abonnés uniques en 2020 en Afrique subsaharienne, ce nombre pourrait passer à 615 millions en 2025[6]. Cet accroissement va ainsi de pair avec l’augmentation des données mobiles, l’Afrique et la région Moyen-Orient connaissant alors le plus fort trafic desdites données, marqué par une croissance de 96% en 2016[7]. Nul doute que depuis lors, ce pourcentage a connu une hausse exponentielle avec la démocratisation et l’augmentation des ventes de smartphones.
Plateforme d’accès à Internet, la popularisation du mobile en Afrique a été conditionnée par l’accroissement du taux de pénétration d’Internet, téléphone et connectivité évoluant dans un écosystème convergent. En effet, sans connectivité, détenir un téléphone portable semble absurde. Parallèlement, sans une démocratisation rapide et progressive du mobile, le déploiement d’une couverture réseau généralisée et abordable s’en trouverait probablement fortement fragilisé.
Ceci serait bien dommage quand on sait que l’utilisation du téléphone portable – de plus en plus du smartphone – ne cesse de révolutionner les pans de l’économie en Afrique. En effet, en transformant les échanges économiques, la téléphonie et l’accès au réseau créent de nombreuses opportunités d’emplois, tout en stimulant la croissance économique des pays, et de facto, du continent. L’exemple de l’Afrique subsaharienne est relativement éloquent, les technologies et les services mobiles ayant généré 8% du PIB en 2020 et ayant fourni quelques 300 000 emplois formels, plus d’1 million informels, tout en soutenant 1,8 millions d’emplois supplémentaires dans d’autres secteurs de l’économie[8]. Ce faisant, ils jouent un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de vie des populations, facilitant par exemple l’accès aux services administratifs, aux soins, aux échanges commerciaux ou encore à l’éducation.
L’essor et la généralisation de la téléphonie mobile ont également bouleversé, – dans le sens ici de favoriser -, l’accès aux services financiers et bancaires, preuve de la demande croissante de solutions pour répondre au défi de la sous-bancarisation. En témoigne l’évolution fulgurante du mobile money et du mobile banking en plein cœur de la crise de la Covid-19 : le continent africain est ainsi resté leader des transactions d’argent via mobiles en 2020, le nombre de comptes étant passés de 469 millions à 548 millions, soit une augmentation de 12%[9].
Pour une optimisation du potentiel de l’industrie mobile
Nonobstant le fort potentiel du marché de la téléphonie mobile en Afrique en termes de croissance et de développement socio-économique, l’engouement des populations pour le portable pourrait se retrouver freiner en raison des défis qui restent à relever.
La question des infrastructures – insuffisantes au regard de la demande et des besoins de la population qui ne cesse de croître – est tout d’abord centrale, en ce sens qu’elles sont créatrices d’opportunités et d’emplois. Pourtant, certains territoires et régions du continent sont confrontés à un manque d’infrastructures, conduisant ainsi à des inégalités dans l’accès au réseau et in fine dans le déploiement de la téléphonie mobile. Deux problématiques sont particulièrement inhérentes aux zones blanches sur le continent : le manque d’électrification et le problème de transmission, ceci obstruant dès lors la mise en place d’infrastructures nécessaires au déploiement optimal du réseau.
Les chiffres sont à ce sujet éloquents : 300 millions d’Africains vivent à plus de 50 kilomètres d’une connexion haut débit par ou par câble[10]. La GSMA rappelle à juste titre que le taux de pénétration de l’Internet mobile n’était que de 16% en milieu rural contre 40% en zone urbaine sur le continent[11]. Cette situation est fortement préjudiciable, d’autant plus que l’Afrique prend progressivement le pas de la Quatrième révolution numérique. Par ailleurs, la demande croissante de la connectivité mobile obligera les opérateurs à développer les vitesses de connexion des réseaux mobiles, les réseaux 4G allant donc se déployer à une plus grande échelle sur le continent. La proportion des données mobiles en sera alors démultipliée.
Conscient des enjeux liés à la question des infrastructures et de l’amélioration de la qualité des réseaux, Huawei propose des solutions concrètes afin de renforcer la connectivité et ainsi supprimer les obstacles à la couverture du réseau. Notre entreprise a ainsi déployé la solution RuralStar Pro dans dix pays sur le continent dans le but d’améliorer la couverture de l’Internet mobile des zones reculées. Ce faisant, plus de 4,5 millions de personnes provenant de quelques 1 000 villages ont pu avoir accès à une connexion de qualité.
De plus, il importe de souligner que la question des infrastructures est en partie liée à leur coût financier, celui-ci étant beaucoup trop onéreux pour les opérateurs et finalement peu rentable à court terme, notamment dans les territoires reculés. En conséquence, les coûts de la téléphonie mobile et de la connexion au réseau Internet sont également élevés, notamment en Afrique centrale[12]. Fort d’une présence remontant à 1997, Huawei met à disposition des États et des populations africaines son expertise dans le domaine des TIC, œuvrant ainsi à réduire les coûts des connexions.
Cependant, notre action ne se cantonne pas uniquement au développement d’infrastructures – physiques et numériques –, qui, si elles sont indispensables au déploiement de la couverture réseau, n’en sont pas le seul prérequis. Le manque de connaissances et de compétences dans les TIC (technologies de l’information et de la communication) freinant le déploiement optimal de la téléphonie mobile en Afrique, investir dans l’éducation se révèle donc indispensable. Acteur engagé sur le continent depuis plus de vingt ans, Huawei se mobilise en faveur de l’éducation, convaincu que l’avenir numérique du continent ne pourra pleinement se déployer sans une population formée aux nouvelles technologies numériques, à leurs enjeux et opportunités. Le déploiement de programmes et initiatives clés tels que la Huawei ICT Academy ou Seeds for the Future traduisent notre ambition.
Outre la formation, afin que l’industrie mobile devienne un puissant vecteur de la croissance socio-économique des États africains, il est essentiel de développer et soutenir la collaboration entre les acteurs publics et privés et de mettre en place des régulations qui encouragent et promeuvent l’investissement et l’innovation. Le taux de croissance de l’Afrique couplé à son fort potentiel démographique feront, peut-être, bientôt du continent l’eldorado de la téléphonie mobile. Il est donc primordial de donner à l’Afrique les moyens de concrétiser cette aspiration.
Par Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa