Trouver un lieu sur le net est un vrai parcours de combattant. Malgré les outils de mapping, l’adressage en général et surtout postal est un vrai casse-tête au Sénégal. Pour mettre fin à cette problématique, une startup a décidé d’apporter sa connaissance et ses outils pour améliorer ce domaine surtout à l’ère de la digitalisation et de l’essor du E-commerce.
FindMe est une application dont l’ambition est de vulgariser l’utilisation de l’adressage postal auprès des citoyens et des entreprises. Hyacinthe Sambou, responsable du développement de Findme, a répondu aux questions de Socialnetlink
Vous êtes le responsable du développement de Findme, une application d’adressage postal. Comment est né ce projet ?
Merci pour cette tribune que vous offrez à notre plateforme. Pour répondre à votre question, FindMe est née de l’idée de trois jeunes africains qui, face aux difficultés sur notre continent de trouver une adresse précise, ont décidé de créer une solution qui serait adaptée à nos populations. De l’idée, on est vite passé à la réalisation d’une application et à l’expérimentation de cette solution d’abord au Sénégal. L’entrée dans ce pays nous a été facilitée par notre partenaire La Poste SN car le Directeur Général, dans sa volonté de moderniser les services postaux, a décidé de co-créer des solutions en partenariat avec des jeunes pousses et nous avons été choisis pour l’adressage postal. Ce partenariat nous permet de résoudre ensemble un problème très ancré à La Poste, à savoir le défaut d’adresse de ses clients.
Le gouvernement du Sénégal en collaboration avec le ministère des collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire a déjà mis en place son projet d’adressage numérique ? Ne pensez-vous pas que vous êtes dans une re-création de la roue ?
Nous ne re-créons pas la roue, nous complétons l’existant et aidons la population à utiliser les adresses créées par l’Etat comme unique référentiel d’adressage. Il est important de mieux comprendre le rôle des différentes parties afin que vous puissiez mieux comprendre notre positionnement. Le Ministère des Collectivités Territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires (MCTDAT) est dans son rôle qui est celui de mettre en place une politique d’adressage et sont les seuls décisionnaires sur un tel projet.
Nous sommes d’ailleurs très heureux, que l’Etat à travers le Ministère ait pu initier la mise en œuvre d’un tel projet qui entre même dans une stratégie globale, matérialisée par le Plan Sénégal Numérique 2025. L’action 528 de ce Plan actualisé prévoit, en effet, “la Mise en place d’un plan d’adressage national”, projet doté d’un budget de 15 Milliards de nos francs et dont l’échéance est prévue pour 2025.La solution Findme, co-construite avec La Poste SN a été créée dans le but de vulgariser l’utilisation de l’adressage postal auprès des citoyens et des entreprises.
Nous ne créons pas des adresses à la place de l’Etat , nous ne faisons qu’agréger les éléments constitutifs d’une adresse (Numéro de parcelle/ Nom de rue/ Code Postal et Ville), fournis par l’Etat et à notre disposition, pour permettre à tout citoyen de générer son adresse.
Cette idée est partie du constat selon lequel, les Etats, dans leur volonté de développer un système d’adressage, n’ont pas assez mis le citoyen ou les entreprises au centre du projet; en les associant et en les encourageant à utiliser cette adresse comme unique référentiel de repère.
Aux premières heures de la conception de notre produit, nous avons rencontré la plupart des membres en charge du projet d’adressage national au Ministère. Ceux-ci ont bien apprécié notre projet et les discussions sont en cours afin d’intégrer la solution Findme & La Poste SN dans la mise en place d’un plan d’adressage national.
Findme & La Poste SN ont l’avantage d’avoir une solution qui marche, qui a été testée et qui est plébiscitée par les populations du Sénégal.
Comme cette solution existe, nous pourrons juste compléter l’action de ces autorités gouvernementales dont la vocation n’est pas forcément de concevoir ce type de solutions. Par conséquent, nous nous inscrivons surtout dans une logique de partenariat sachant que nous pourrons déployer plus vite qu’actuellement, en accord avec les autorités et que ce déploiement s’accompagne de recrutements massifs. (Nous pourrions recruter plus de 1000 jeunes pour dérouler ce plan). Ceci aura le mérite de permettre à l’Etat d’atteindre cet objectif ambitieux de fournir à chaque citoyen Sénégalais une adresse à l’horizon 2025!
Le fonctionnement de l’application est -il lié aux outils de Google Maps où vous avez développé vos propres outils de mapping ?
Nous travaillons en collaboration avec Google Maps pour justement utiliser leurs cartes. L’idée c’était de travailler avec un système qui existe déjà et que les populations savent utiliser. On est dans une logique d’open source pour permettre au plus grand nombre de pouvoir nous suivre plutôt que de nous enfermer dans un système sur lequel il aurait fallu encore déployer des ressources pour le faire connaître ou le vulgariser.
Comment sont gérées les données que vous collectez auprès des Sénégalais ?
Nous travaillons, comme la plupart des sociétés de notre domaine avec des plateformes reconnues mondialement pour leur niveau élevé de sécurité. Ces données étant sensibles, le risque de les perdre serait trop élevé pour ne pas prendre cet aspect en considération. Dans ce cadre, dès le début de la conception de notre plateforme, nous sommes conformés aux exigences règles « RGPD » (Le Règlement général sur la protection des données).
Notre application est conforme au haut niveau des exigences européennes et françaises en particulier en matière de protection de données personnelles.
Nous savons aussi que l’Etat est très regardant sur tout ce qui est collecte de données, nous saluons d’ailleurs le travail de la CDP avec qui nous sommes en contact présentement pour être en conformité. J’en profite pour préciser que notre politique de données est conforme avec la politique de données de La Poste Sénégal qui, pour rappel, est un démembrement de l’Etat du Sénégal chargé des activités postales du pays. Enfin, nous suivons l’évolution d’organes étatiques comme la SENUM avec leur projet de DataCenter. Nous pourrions collaborer dans la mesure où les deux parties garantissent la sécurisation des données de nos utilisateurs. Cet aspect est très important pour nous.
Qu’est- ce qu’il faut, selon vous, pour que les Sénégalais voire Africains, aient plus la culture de la géolocalisation, à cette ère de l’e-commerce?
Nous sommes dans une période où le changement sera inévitable. Certains l’ont compris, d’autres pas. Cela vient avec son lot d’avantages et malheureusement d’inconvénients dans certains cas mais il faudra s’adapter. Quand on voit tout ce qui se passe avec le e-commerce; des sites comme Jumia ont besoin de savoir où habitent leurs clients, idem dans le secteur des transports où des plateformes comme Heetch, Yango… font un travail exceptionnel. Nos concitoyens n’auront pas d’autre choix que de s’approprier cette culture, à leur bénéfice. Nous sommes les acteurs de ce changement, par conséquent nous avons un rôle déterminant à jouer en termes de sensibilisation, d’information de nos populations. Nous nous inscrivons dans cette démarche avec nos équipes commerciales qui sillonnent les quartiers de Dakar et qui prennent le temps de présenter les bénéfices de notre solution.