Les médias contribuent à perpétuer une représentation sexiste du travail en confinant les femmes dans des sujets relevant presque de leur nature de femme au sein des rédactions, analyse l’ancienne secrétaire générale du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), Diatou Cissé.
« Dans la société, globalement nous ne sommes pas en position de leadership, cela veut dire que les constructions de genre, les processus de socialisation des hommes et des femmes font qu’à l’arrivée, il se pose de réels problèmes d’accès des femmes aux instances de décision, parce que le leadership renvoie à la position », a-t-elle dit.
Mme Cissé animait mardi un atelier sur « Femmes journalistes de l’espace francophone : avancées et obstacles à l’égalité », dans le cadre des 49èmes assises de l’Union de la presse francophone (UPF) auxquelles elle prend part, sur invitation de cette association.
« Leadership féminin au sein des médias : rôle des médias dans le renforcement du leadership des femmes », est le thème général de ces assises de l’UPF ouvertes lundi à Benguérir, au Maroc.
Selon la journaliste, le constat que ces assises 2022 de l’UPF portent sur ’’le rôle des femmes dans les médias », cinq ans après celles tenues à Lomé (Togo), suffit à lui seul pour conclure que « très peu d’avancées » ont été enregistrées sur cette thématique depuis.
« Toutes les questions qui traversent la société doivent également traverser les médias qui sont loin d’être en vase clos, mais des lieux où se perpétuent toutes les représentations sociales », ce qui veut dire que « la réalité des rôles hommes-femmes s’expriment dans les médias », a relevé Diatou Cissé.
Pour la journaliste qui a dirigé la chaine 2 de la télévision publique (RTS), « il y a un billet qui est en train de s’installer dans l’approche, c’est celui d’en faire un chantier qui doit être exclusivement et vaillamment porté par les femmes ».
« Cela me pose problème alors que c’est d’une question de société qu’il s’agit », a-t-elle dit, soulignant que « pour l’essentiel, les postes de décision sont contrôlés par les hommes, alors qu’on ne peut plus brandir l’argument de la compétence, puisque le niveau d’instruction, de formation des femmes est le même » que celui des hommes.
Aussi a-t-elle plaidé pour « une présence qualitative plutôt que quantitative » des femmes dans les entreprises de presse.
« Comme toutes les femmes travailleuses, nous sommes confrontées au plafond de verre, l’une des démarches c’est de la déconstruction, en décloisonnant le débat. Il faut déjà qu’au niveau des rédactions, en toute confraternité, en toute amitié et en toute objectivité, on commence à discuter de ces problèmes », suggère Diatou Cissé.
Ce qui à ses yeux « suppose absolument » avoir « la perspective des hommes parce que si on veut mener un plaidoyer pour changer la situation, nous sommes obligées de connaître la perspective des hommes, leur entendement de la question et comment faire les remédiations nécessaires ».
Durant les différentes tables-rondes tenues dans le cadre de ces assises de l’UPF, des femmes leaders dans le domaine du journalisme avec plusieurs années d’expérience ont partagé leurs expériences dans le but de créer des connaissances, du sens ainsi qu’une expérience commune autour du leadership des femmes.
Plusieurs journalistes sénégalais membres de la section UPF prennent part à ces assises qui prennent fin mercredi.
Avec APS