Le Tunisien Yamen Manaï a remporté le ’’Prix Orange du livre en Afrique’’ (POLA), édition 2022, pour son roman ’’Bel abîme’’.
La cérémonie de remise de la quatrième édition du ’’Prix Orange du livre en Afrique’’ s’est tenue mardi, à Dakar, en présence notamment du secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Habib Léon Ndiaye.
Le lauréat a été choisi parmi les six autres finalistes par un jury international de douze membres présidé par l’écrivaine et universitaire ivoirienne Véronique Tadjo.
La présidente du jury a salué dans ’’Bel abîme’’, le roman primé, « une très belle écriture et un bon souffle ».
Il arrive parfois qu’un texte « commence bien, puis au milieu cela s’affaisse, et à la fin on ne comprend pas très bien », avance Véronique Tadjo.
« Mais là, il a tenu le fil et on sent qu’il (l’auteur) est animé par l’envie de parler d’un thème qui lui tient à cœur et qui concerne tout le monde parce que c’est la montée du terrorisme, du radicalisme, de la violence », souligne la président du jury.
Dans son roman publié en 2021 aux éditions Elyzad, en Tunisie, Yamen Manaï, diplômé d’une école de télécommunications à Paris, raconte une histoire d’amitié entre un jeune homme et une chienne qui s’appelle Bella. Un récit comportant un élément politique, mais qui reste à la fois « très humain », selon la présidente du jury.
Selon Véronique Tadjo, cette œuvre a aussi l’ambition de « montrer l’oppression dans laquelle parfois le peuple se retrouve ».
« Le chien est symbolique de tout ce qu’on veut rejeter, maltraiter. Aujourd’hui, on a besoin de vivre ensemble, de respecter le monde animal comme celui végétal ou environnemental qui nous entoure », commente-t-elle.
Elle a relevé la variété des thèmes abordés dans les six ouvrages finalistes du ’’Prix Orange du livre en Afrique’’ s’est tenue mardi, à Dakar, édition 2022.
« On a l’occasion de lire beaucoup d’histoires venant de partout, et c’est cela qui est passionnant dans le prix Orange du livre africain », souligne Véronique Tadjo.
Le lauréat 2022, « heureux » de remporter ce prix, a fait part de sa joie d’être récompensé au Sénégal, un pays dit-il qu’il rêvait de visiter.
« Je suis très heureux d’être récompensé en Afrique, au Sénégal. La littérature me ramène sur mon continent et dans un pays que je rêvais de visiter, et je suis heureux que la littérature me le fasse découvrir physiquement. Car je le connaissais à travers la littérature et à travers des amis que je côtoie en France », a déclaré Yamen Manaï.
Il ajoute : « Il faut continuer à commettre de bons livres, à écrire et à porter notre littérature là où il faut. Notre littérature, c’est la littérature de la vie, de l’élan vital, elle porte nos ambitions de tout ce continent où tout a commencé. J’espère qu’elle guidera encore l’humanité’’.
Le ’’Prix Orange du livre africain’’ est doté de plus de six millions de francs CFA, soit dix mille euros.
Selon le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Habib Léon Ndiaye, la remise de ce prix participe de la volonté de la Fondation Orange de contribuer à la promotion et à la reconnaissance des talents africains.
Le « Prix orange du livre en Afrique » traduit « la volonté affirmée de la Fondation Orange de contribuer à la promotion et à la reconnaissance des talents littéraires africains », a renchéri le directeur général adjoint du groupe Sonatel, Fabrice André.
« Le fait de récompenser chaque année, un roman écrit en français par un écrivain africain et publié par une maison d’édition basée sur le continent permet d’animer le monde littéraire et de révéler des talents africains et aussi assurer une belle promotion de la langue française en Afrique », a expliqué M. André.
Les différents prix remportés par des écrivains africains en 2021 (Nobel de littérature, Goncourt ou Nobel Price), « (…) illustrent la reconnaissance d’une littérature africaine en phase avec des interrogations de notre époque », a poursuivi Fabrice André.
Outre ’’Bel abîme’’, cinq autres romans étaient en lice pour le ’’Prix Orange du livre africain’’, dont « Colorant Félix » de Destin Akpo (Bénin) ou « Le silence des horizons » de Beyrouk K (Mauritanie).
Il y a aussi « Le livre d’Elias » de Chab (Mali), « Le prix du cinquième jour » de Kaoula Hasni (Tunisie) et « Maguia ou le prix de la liberté » de Lorance (Cameroun).
Avec APS