Après un premier renvoi de son procès contre J. M. N., ancien collaborateur de Wari, la Banque agricole est attendue, aujourd’hui, devant le tribunal de Dakar, pour s’expliquer dans l’affaire des commissions de Wari passées dans son réseau, entre 2011 et 2013.
C’ est une affaire rocambolesque qui n’en finit toujours pas. Quand ce n’est pas Kabirou contre ses associés, c’est Wari et ses collaborateurs, voire d’autres ramifications qui ne manqueront certainement pas de faire du bruit.
Le 17 mars dernier, la Banque agricole était attendue au tribunal de Dakar pour répondre des accusations d’un certain J. M. N., ancien collaborateur de l’entreprise de transfert d’argent. L’affaire a été renvoyée et doit passer à nouveau devant le juge, aujourd’hui. De quoi s’agit-il ? Selon nos informations, il est reproché à l’ancienne CNCAS, devenue Banque agricole, d’avoir sous-évalué les commissions de Wari passées dans son réseau, du 1er septembre 2011 au 31 août 2013. Lesquelles commissions devaient servir de base pour calculer le montant à payer au banquier J. M. N., conformément au contrat qui le liait à l’entreprise de Kabirou Mbodje.
Aux termes dudit contrat, en effet, Wari devait verser 2 % de ses commissions passées au niveau de la CNCAS, à M. Ntap. A un moment donné, selon le plaignant, la société ne respectait plus les termes du contrat. Ce qui a poussé son contractant à saisir les tribunaux. Il a ainsi obtenu gain de cause, aussi bien en première instance, en appel, qu’en pourvoi. Non seulement, il n’est toujours pas payé, malgré les décisions favorables, mais de plus, le banquier a constaté des bizarreries dans le dossier en cours de procédure. Lesquelles bizarreries ont fait chuter drastiquement ses émoluments.
En effet, pour fixer les émoluments de J. M. N., le juge avait commis un expert pour déterminer les montants des commissions passées à la CNCAS. En première instance, informe nos sources, la banque avait évalué les commissions de Wari passées dans son réseau, du 1er septembre 2011 au 31 août 2013, à 9 990 407 325 FCfa, soit près de 10 milliards FCfa. J. M. N. devait en percevoir les 2 %. Par la suite, une contre-expertise a été demandée et obtenue par Wari, pour défaut de respect du principe de la contradiction.
Le deuxième expert saisit à nouveau la banque, qui a donné des chiffres totalement différents de ceux issus de sa première évaluation. Selon la source, les chiffres sont tombés de 9 milliards à moins de deux milliards FCfa. Le plus curieux, c’est que Wari n’a même pas jugé utile de répondre aux lettres du deuxième expert. Lequel s’est alors basé sur les chiffres de l’établissement financier, pour fixer les montants des commissions passées dans son réseau. Qu’est-ce qui s’est alors passé pour que les chiffres fournis par la même source, la CNCAS, aient connu une baisse aussi sensible ?
C’est l’équation à mille inconnues que le tribunal devrait élucider. Ce dossier remet sur la table l’affaire Wari, qui est loin de livrer tous ses secrets. Entre les supposées connivences au sommet, les accusations de corruption et de violations contractuelles, c’est tout un ensemble de questions qui restent à être élucidées.
Avec Enqueteplus