Dieynaba Sidibé, surnommée Zeinixx, est la première femme sénégalaise graffeuse professionnelle qui a su s’imposer dans le milieu influent du street art dominé par les hommes. Sur les murs de l’Institut français de Dakar sont exposées jusqu’en avril les œuvres d’un projet qu’elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais.
Dans son atelier lumineux et coloré, au centre culturel Léopold Sedar Senghor, les murs sont recouverts de projets divers. Dans un coin, des sprays sont rangés sur une étagère, et sur l’un de ses bureaux sont étalées des ébauches de dessins.
« En amont, on peut préparer des esquisses, on peut extérioriser ce que l’on a à l’intérieur, ce que l’on projette. L’idée est de visualiser ce que cela pourrait donner sur un mur, précise la graffeuse Zeinixx. Là, c’est déjà un projet qui murit : c’est très coloré et il y a pas mal de formes, arrondies, ondulées, des vagues, des fleurs et c’est comme ça que j’ai envie de le voir : éclatant ! »
Zeinixx, de son vrai nom Dieynaba Sidibé, a commencé à graffer en 2008 en autodidacte. Accompagnée par d’autres graffeurs plus anciens, elle s’est imposée dans ce milieu d’hommes, malgré le refus de sa famille au début. « C’était difficile à cause du public. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce sont les graffeurs avec qui j’étais qui m’ont boostée, parce qu’ils ne m’ont jamais regardée en tant que femme, mais toujours en tant qu’artiste. Ça m’a poussé au-delà de mes limites. »
Même si elle a graffé dans plusieurs pays, c’est à Dakar que Zeinixx exprime principalement son art. « Dakar, c’est une ville qui accepte le graff et ce sont même les populations qui réclament le graff. On ne peut pas espérer faire les choses comme ils le font en Occident et que ce soit forcément accepté ici. Les réalités sont différentes. La réalité sociale, culturelle ou religieuse. On a réussi ce truc qui a rendu le graff très social », se réjouit Zeinixx.
Avec son éternel béret sur la tête, Zeinixx donne souvent des formations, car pour elle, il est important de partager son expérience. Comme lors de ce projet à l’Institut français de Dakar avec 15 artistes professionnels et 15 jeunes apprentis graffeurs. « C’est une exposition qui regroupe toutes les générations, des pionniers jusqu’aux derniers apprenants. C’était riche en partage, en recherche, en échange et en création. »
Mais son ambition est de faire des projets toujours plus grands et toujours plus colorés.
Par RFI