La Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique sub-saharienne avec des taux de croissance supérieurs à 6% sur la période 2015-2019 (données de la Banque mondiale).
Cependant les profils d’exportation présentent encore une très faible complexité économique, suggérant l’insuffisance de capacités locales exclusives dans la fabrication de produits complexes et la perte potentielle d’opportunités de croissance (Hidalgo et Hausmann, 2009; Poncet et de Waldemar, 2013).
Bien que ces deux pays figurent parmi les économies relativement résilientes d’Afrique sub-saharienne (Banque Africaine de Développement[BAD], 2021), la crise a montré que le déficit de capacités productives et innovantes et une faible culture d’innovation réduisent la résilience du tissu industriel et des petites et moyennes entreprises (PME) notamment dans les activités et secteurs traditionnels et les plus vulnérables.
Aux enjeux de la crise actuelle s’ajoutent ceux de la mise en place de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine(ZLECAf ou AfCFTA en anglais), une initiative unique par son envergure géographique et économique (Union Africaine [UA], 2018).
La diversification et la modernisation des systèmes de production deviennent encore plus urgentes afin d’accroitre le niveau depréparation et la résilience des entreprises et du tissu industriel local.
Le présent article réaffirme ces défis actuels et à venir de l’intégration et discute de la pertinence de l’adoption d’approches stratégiques du développement industriel et territorial tiré par l’innovation en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Ainsi la question est de savoir comment accélérer la transformation structurelle tirée par l’innovation dans le cadre de la ZLECAf et d’une globalisation croissante?
Afin d’apporter des éléments de réponse, nous nous inspirons des principes mis en avant par les stratégies de spécialisation intelligente (S3 ou RIS3). Les S3 sont des stratégies de transformation structurelle basée sur l’innovation sous toutes ses formes incrémentales, radicales, mixtes, technologiques, non technologiques, organisationnelles, de commercialisation, sociales, parmi d’autres exemples.
Développées dans le cadre de la politique Européenne de développement régional et urbain, elles visent à stimuler la construction denouveaux avantages compétitifs en limitant l’adoption de ‘politiques dites de taille unique’ ou les comportements d’imitation politique dans les choix d’investissements d’innovation (Foray et al., 2012; Foray et al., 2009). La portée du concept a rapidement dépassé les frontières de l’Union Européenne, pour donner naissance à des travaux et communautés académiques, des expérimentations et initiatives de coopération