dimanche, novembre 24, 2024

La libéralisation du transport aérien en Afrique devrait apporter 4 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB)

0 commentaire

La libéralisation du transport aérien en Afrique devrait apporter 630 mille nouveaux emplois et quatre milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB), en plus de quatre millions de touristes qui pourront utiliser ce mode de transport. C’est ce qu’a relevé hier la commissaire de la Commission de l’Union africaine à l’infrastructure et à l’énergie, Dr Amani Abou-Zeid, lors de la cérémonie d’ouverture du 5e Forum des entreprises africaines.

L’Afrique accuse du ‘’retard’’, en ce qui concerne la compétitivité, selon la commissaire de la Commission de l’Union africaine à l’infrastructure et à l’énergie.  Le docteur Amani Abou-Zeid, qui s’exprimait hier, lors de la cérémonie d’ouverture du 5e Forum des entreprises africaines, a relevé que le coût du transport sur le continent reste parmi les ‘’plus élevés’’ au monde. ‘’Cela s’explique par le fait qu’il n’y a pas de logistique, ni d’infrastructures suffisantes. Le coût du transport est 63 % plus élevé que celui des pays développés.

Il représente 30 à 50 % de la valeur totale des exportations.

Ce coût a augmenté depuis le début de la pandémie. Donc, le transport sur le continent est devenu encore plus cher, sans parler des complications qui découlent du défaut d’harmonisation des protocoles sanitaires sur le continent africain. La libéralisation du transport aérien en Afrique devrait apporter 630 mille nouveaux emplois et 4 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) et il y aura plus de quatre millions de touristes qui pourront utiliser ce mode de transport. Il y aura 100 mille emplois dans le secteur du tourisme et 4,5 millions de dollars de produits écoulés’’, souligne-t-elle.

D’après la commissaire de l’UA, tout cela permettra de créer des emplois, notamment pour les femmes et les jeunes africains. Avec la pandémie de Covid-19, poursuit-elle, les dirigeants africains ont compris l’importance du secteur touristique dans leurs économies. Car il contribue au développement socio-économique de quasiment tous les pays africains. ‘’Il crée beaucoup d’emplois et c’est une source de revenus pour les femmes, les jeunes, les petites et moyennes entreprises, les chauffeurs de taxi, etc. Au cours de l’année dernière, la Commission de l’UA a développé un cadre africain pour le développement du tourisme en Afrique avec nos partenaires.

Il faut revenir sur ce secteur et faire preuve de souplesse, être plus agile pour mettre en place des systèmes de gestion du coût et de nouveaux modèles, et aussi utiliser les avantages du numérique pour améliorer le tourisme et renforcer l’efficacité et l’innovation, assurer la sureté et la sécurité, notamment concernant les questions sanitaires. La pandémie a aussi souligné l’importance de la diversification et de la promotion de nos chaines d’approvisionnement africaines, notamment dans le secteur touristique, mais aussi comment harmoniser les protocoles sanitaires’’, renchérit le Dr Amani Abou-Zeid.

Pour sa part, le président de la République de Sierra Leone a estimé que la pièce centrale manquante de ce puzzle est l’investissement dans l’infrastructure des transports aériens. ‘’La mise en valeur des infrastructures de transport est une façon essentielle d’attirer des investissements, mais aussi pour le commerce, la croissance durable et le développement économique. Les trains, les avions, les automobiles sont essentiels pour l’émergence de nos économies. Nous devons mettre en place de nouveaux ports maritimes, des aéroports, des routes, des réseaux ferroviaires. C’est essentiel. Le commerce intra-africain doit être encouragé. Nous devons accroître notre compétitivité économique et participer pleinement au marché mondial. La Zlecaf est très importante pour l’avenir de l’Afrique et sa prospérité. Parce que c’est la voie idéale pour accélérer la croissance économique inclusive, la prospérité et on pourra davantage créer une intégration économique’’, d’après Julius Maada Bio.

Aller vers la ratification et la mise en œuvre des accords intra-africains

Le président sierra-léonais reconnait qu’une ‘’mauvaise qualité’’ des infrastructures et des coûts de transport de l’Afrique vers d’autres continents qui ‘’ne sont pas encourageants’’, entravent la productivité économique ainsi que l’intégration économique sur le continent. ‘’Le transport maritime, aérien et routier a un impact sur tous les secteurs de l’économie. Si les infrastructures sont médiocres en Afrique, c’est parce qu’il y a peu d’investissements publics dans le secteur. Les gouvernements doivent faire face à une inflation beaucoup plus forte, une productivité en baisse et cela est aggravé par l’impact de la Covid-19. Pour relever ces défis afin que l’Afrique puisse aller de l’avant, la ratification et la mise en œuvre des accords intra-africains qui facilitent le commerce et le développement économique sont importantes. Il faudra améliorer la connectivité et cela permettra de réduire les coûts’’, suggère-t-il. 

Il convient de relever que cette connectivité, le continent en a besoin, notamment avec l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Parce que, relève le président-directeur général de Kenya Airways, avec cet accord, ils vont devoir déplacer les gens et la marchandise d’un pays à un autre. Et la façon la ‘’plus efficiente’’ d’y arriver, est le système aérien.

Or, ce secteur est très fragmenté en Afrique. L’avenir de l’aviation et des compagnies aériennes du continent est la consolidation. ‘’Nous avons du personnel hautement qualifié et il faut donc pouvoir partager cette main-d’œuvre entre nous de manière forte. Ceci permettra de consolider la Zlecaf, mais aussi de concrétiser le marché des transports aériens unifié en Afrique. Nous n’avons pas forcément besoin d’avoir des compagnies aériennes dans chaque pays. Nous pouvons faire comme les autres continents et profiter d’un coût unitaire. Il faut faire baisser les coûts en nouant des partenariats entre nous’’, note Allan Kilavuka. 

Il y a aussi, selon lui, des questions politiques liées au renforcement des infrastructures, à l’amélioration de la qualité des aéroports, aux systèmes fiscaux, à l’élimination des barrières douanières entre les pays, pour permettre une libre circulation des marchandises et plus d’échanges. ‘’Nous avons des opportunités d’accroître notre marché qui ne représente que 3 % du marché de déplacements dans le monde. On peut d’abord atteindre 7 % en éliminant les barrières. Il faut que les compagnies aériennes puissent également réduire leurs coûts de fonctionnement en se consolidant. Il faudrait une intervention de l’État pour réduire la fiscalité dans le secteur. Il y a très peu de touristes africains. Les voyages intra-africains sont très loin de leurs potentiels. On paie les mêmes taxes pour voyager entre les pays africains que pour aller vers l’Europe ou les États-Unis. C’est malheureux et c’est honteux. Cela augmente le coût du billet d’avion de 30 % et décourage les gens à se déplacer en avion. Donc, les pays africains doivent travailler ensemble, éliminer ces coûts qui ne sont pas nécessaires’’, suggère le PDG de Kenya Airways.

Il urge aussi de noter que l’objectif général du Forum des entreprises africaines est de faciliter et de promouvoir un dialogue permanent entre les secteurs privé et public africains, ainsi que d’attirer les investisseurs, afin d’accélérer les e‑orts collectifs en vue de la réalisation de l’Agenda 2063 : ‘’L’Afrique que nous voulons de l’Union africaine et du Programme de développement durable à l’horizon 2030’’. Et pour cette édition, le thème est axé sur ‘’Investir dans les infrastructures de transport multimodal afin d’optimiser les avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) : focus sur le transport aérien et le tourisme’’.

MARIAMA DIEME