lundi, décembre 23, 2024

Défis de l’Afrique pour 2022: le continent vu par Pr Souleymane Bachir Diagne

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En cette aube de la nouvelle année qui s’annonce, le philosophe Souleymane Bachir Diagne, directeur de l’Institut d’études africaines de la « Columbia University » à New York (Usa), est revenu sur les événements marquants de l’année 2021 et partagé ses perspectives pour l’Afrique en 2022.  Selon lui, la Covid-19, le conflit en Éthiopie, la restitution des objets du patrimoine africain et les enjeux écologiques seront les défis phares auxquels fera face le continent africain.

Selon le Pr Souleymane Bachir Diagne, une des voix africaines contemporaines les plus respectées, « les faits qui ont marqué l’année 2021 sont malheureusement comme en 2020 la crise sanitaire liée la Covid-19 qui est toujours avec nous et a eu un rebond ces dernières semaines avec l’apparition du variant Omicron du virus qui joue à cache-cache avec nous en se déguisant, remettant en question ce qui était apparu comme des gains qui somme toute, sont encore réels avec la vaccination qui est une réponse à cette pandémie qui a énormément coûté aux économies africaines». L’invité d’ « Afrique Hebdo » de New York diffusé sur « France 24 » est d’avis que c’est « un défi énorme auquel il va nous falloir faire face à nouveau ». En outre, poursuit-il, « il y’a un événement malheureux avec la guerre en Éthiopie qui a pris à un moment donné des allures inquiétantes. Un an de combat qui a exacerbé « le traumatisme avec la crainte de génocide qui s’est encore réveillé du fait des discours similaires à ceux qu’on a entendu à l’époque au Rwanda ». A l’en croire, cette situation a poussé des intellectuels et mouvements citoyens du continent à « lancer une pétition demandant que les parties se mettent autour d’une table ». Aussi, il ose espérer que « la raison puisse prévaloir en cette nouvelle année pour la reconstruction et la refondation du pays». Abordant les événements positifs de l’année qui s’achève, il s’est réjoui, « sur le « front de l’art », de la distinction de Mbougar Sarr primé lauréat du prix « Goncourt 2021 » ainsi que du Mouvement mondial en marche lancé par la France suivi de l’Allemagne portant « restitution des objets du patrimoine africain pillés pendant la colonisation » Il s’agit du « sabre de El Hadj Oumar Foutiyou Tall du Sénégal et les 26 objets issus du pillage suite au saccage du Palais de Béhanzin pour le Benin ». Selon lui, c’est « une bonne nouvelle » parce que constituant « des restitutions majeures qui réparent des crimes coloniaux qui consacrent l’aboutissement d’un long combat qui a commencé dès les premières heures des indépendances».  Evoquant les défis phares du continent africain en 2022, Pr Diagne rappellera que « ce sont des questions planétaires qui ont trait aux  problèmes environnementaux et écologiques ainsi qu’à la crise climatique et leurs conséquences néfastes qui se traduisent par les pollutions, l’avancée du désert, des sécheresses, des famines ». Il a déploré le fait que « c’est l’Afrique, qui a pourtant causé moins de dommages qui commence à payer le plus lourd tribut ». Aussi, ce sont là « des problématiques auxquelles il faut donner toute leur importance car c’est une question de vie ou de mort et agir le plus vite serait le mieux », dira-t-il. Il a également souligné l’importance de la jeunesse africaine, une population de 200 millions d’âmes âgées de 15 à 24 ans, et salué son « engagement » et sa « mobilisation » pour la protection de l’environnement. Pour assurer l’avenir et résoudre les problèmes du continent, il plaide de miser sur « cette jeunesse qui a inventé un nouveau cosmopolitisme avec les autres jeunes du monde, en la formant pour la mettre en situation dans la construction de cet humanisme qui mettra la vie au centre ». Il est convaincu qu’« elle est la solution car constituant la véritable énergie, celle de l’humain». La vie étant au centre des défis sanitaires et climatiques sus indiqués, le Sage, en guise de philosophie de vie pour être plus heureux en 2022, estimera que «la direction à prendre est celle d’ « un humanisme vital, une citoyenneté mondiale, un humanisme dans sa totalité » engagé dans la réponse à ces défis.

RELATIONS EURO-AFRICAINES

Pr Souleymane Bachir Diagne plaide le Co-développement 

Le directeur de l’Institut d’études africaines à la prestigieuse université de Columbia à New York, Pr Souleymane Bachir Diagne,  réagissant au prochain sommet Europe-Afrique récemment annoncé par le président français, Emmanuel Macron, et prévu les 17 et 18 février 2022 à Bruxelles pour refonder les relations entre les deux continents a estimé qu’ « il faut y croire parce qu’il est nécessaire ». Selon lui, « il faut et y travailler ». aussi, poursuit-il, « c’est parce qu’on y travaille qu’on y croit ». Tout en rappelant que c’est « un espoir qu’il faut avoir et une tâche qu’il faut mener des deux côtés de la Méditerranée », il pense toutefois que « cette refondation, cette reconstitution du lien entre les deux continents se fera précisément en panafricanisant la question et en l’européanisant » ; Pour ce faire, « il faut se  projeter vers l’avenir pour asseoir des relations significatives de co-développement gagnant-gagnant dans le monde du 21e siècle en dépassant ces face-à-face qu’on a appelé Françafrique, qui sont irritants et empêchent en définitive de penser ».

Mamadou Lamine DIEYE, Le Soleil