Il est temps de poser le débat sur la régulation du secteur des télécoms qui se limite aujourd’hui à un combat de jeu entre l’Autorité et les opérateurs de téléphonie au Sénégal.
Le régulateur détenant toutes les prérogatives et lois, semble avoir raté sa mission de gendarme des télécoms face aux opérateurs gonflés à bloc.
Si nous sommes à ce stade d’un tiraillement sans fin, c’est parce que les opérateurs ont été dès le début de l’histoire, choyés par un gendarme trop mou pour imposer des sanctions drastiques et sans réserve à ces acteurs.
Un tintamarre de menaces sous les yeux impuissants des acteurs qui se posent encore des questions sur les véritables enjeux de ce combat entre David et Goliath.
Dans un article intitulé » les transformations actuelles de la régulation » publié sur Socialnetlink, le Professeur Abdoulaye SAKHO a souligné un fait important. Selon lui » l’exigence de qualité est devenue une donnée permanente dans toutes les activités humaines ».
C’est pourquoi, souligne-t-il, « en régulation, la sanction n’est pas la panacée. Il y a d’autres voies et moyens pour amener les opérateurs au respect des normes et particulièrement de celles relatives à l’accès aux services de base de la société contemporaine parmi lesquels, internet. Il faut les connaître.«
Pour preuve, lors du dernier conseil des ministres, le Président Macky Sall a insisté sur l’amélioration de la qualité de service de la téléphonie mobile.
#ConseilDesMinistresSn pic.twitter.com/UipkgRVf6C
— Macky Sall (@Macky_Sall) December 15, 2021
La régulation ne devrait pas faire débat dans un secteur aussi organisé malgré les milliards investis par les opérateurs. Une décision de l’ARTP doit être respectée sans tambours ni trompettes à condition qu’elle se fasse dans le respect des paramètres de juridictions. Le code des télécommunications donne le pouvoir à l’Autorité de Régulation d’imposer des mesures aux opérateurs possédant une puissance significative sur les marchés pertinents et de surcroît sanctionner les pratiques anticoncurrentielles.
Mais, à force d’annoncer des pénalités sans une « véritable application » d’une sanction , l’ARTP s’est fragilisée devant les opérateurs qui ne lui valent plus ce respect inconditionnel, synonyme du pouvoir du maître du jeu. C’est pourquoi, l’Autorité doit se réinventer dans sa mission de régulation tout en réinvestissant les taxes et redevances issues des opérateurs dans le secteur qui en a tant besoin pour son développement.
Dans cette guerre de communication, le consommateur sénégalais est dans son droit pour être servi et connecté à la juste valeur de ses besoins. Une connexion Internet fiable et à moindre coût pour lutter contre la fracture grandissante du Numérique au Sénégal. C’est la seule demande qui vaille, et ce n’est pas quand même la mer à boire pour les opérateurs.
Basile NIANE
Journaliste IT et Directeur de Socialnetlink