jeudi, décembre 26, 2024

Smartphone: Huawei lance son propre logiciel

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Le géant chinois des télécoms Huawei, en butte aux sanctions américaines, a lancé mercredi son système d’exploitation maison, HarmonyOs, afin de mieux lutter pour sa survie dans l’arène des smartphones après avoir été privé de licence Android, propriété de Google.

Le développement de HarmonyOs était suivi de près par le monde de la tech depuis que l’administration Trump a lancé en 2018 une campagne très agressive pour court-circuiter les ambitions de Huawei, soupçonné par les Etats-Unis d’espionnage.

Huawei a été placé en 2019 sur liste noire par Washington, ce qui empêche le groupe chinois d’accéder à des technologies américaines pour ses produits, et notamment le système d’exploitation Android, propriété de Google et utilisé par la quasi totalité des fabricants de smartphones hors Apple (avec son iOS).

Or, jusqu’ici aucune entreprise n’est parvenue à s’attaquer au duopole des systèmes d’exploitation mobile: Blackberry, Windows Phone de Microsoft et le dispositif Fire d’Amazon ont chacun abandonné le champ de bataille.

HarmonyOS partagera avec Android certains composants librement réutilisables par tous les développeurs (open source). Mais il en a profité pour aller plus loin que le système de Google, intégrant la possibilité d’interagir avec les objets connectés, « un besoin auquel Android et iOS n’ont pas répondu », a affirmé à des journalistes Wang Chenglu, le développeur de HarmonyOS.Logo de Huawei sur une devanture de Shenzhen, le 31 mai 2021© STR Logo de Huawei sur une devanture de Shenzhen, le 31 mai 2021

« Avec HarmonyOS, nous n’allions pas simplement produire un autre Android ou iOS », a-t-il déclaré. 

« Nos caractéristiques spéciales sont ce qui manque à Android et iOS ». Les utilisateurs de smartphones HarmonyOS pourront, par exemple, accéder à des fichiers, des documents et d’autres contenus sur des ordinateurs, des téléviseurs, des tablettes, etc, a-t-il ajouté.

Premier fournisseur mondial d’équipements de stations de base de télécommunications et d’autres équipements de réseau, Huawei s’était lancé dans le secteur des téléphones portables en 2003, en utilisant Android.

Il était devenu l’un des trois principaux fabricants de smartphones au monde, avec le coréen Samsung et l’américain Apple, occupant même brièvement la place de numéro un, stimulé par la demande chinoise et les ventes sur les marchés émergents.Le fondateur et PDG de Huawei, Ren Zhengfei, lors d'un point presse à Taiyuan, en Chine, le 9 février 2021© JESSICA YANG Le fondateur et PDG de Huawei, Ren Zhengfei, lors d’un point presse à Taiyuan, en Chine, le 9 février 2021

— Le défi des applications —

Mais les sanctions américaines, qui ont notamment coupé l’entreprise des chaînes d’approvisionnement mondiales en composants, ont plongé son segment de téléphonie mobile dans l’incertitude. 

Selon les analystes, le plus gros défi qui attend Huawei pour le moment réside dans les applications: convaincre suffisamment de développeurs de reprogrammer leurs « apps » et autres contenus pour qu’ils fonctionnent avec HarmonyOS, afin que les consommateurs continuent d’acheter des téléphones Huawei.

Or, d’après M. Wang, HarmonyOS sera également en mesure d’accepter une large gamme d’applications, même si elles n’ont pas été développées pour lui.

Etant privé d’Android, Huawei ne pourra en tout cas plus proposer aux utilisateurs de ses smartphones des applications très populaires, comme le navigateur de recherches Google ou sa fonction de cartographie, Google Maps.

L’accès de Huawei aux puces nécessaires à la fabrication d’un smartphone a également été limité.

Selon les analystes, Huawei devrait pouvoir résoudre sans difficulté le problème des applications en Chine, son marché intérieur: celles qu’il a développées sont conçues pour ses compatriotes. 

Mais dans le reste du monde, les perspectives sont bien plus sombres.

« En termes de contenu, lorsque vous parlez de marché international, vous ne pouvez pas vivre sans Google, sans Amazon ou YouTube. Ce sera un défi », a estimé Elinor Leung, responsable de la recherche sur l’internet et les télécommunications en Asie chez CLSA.

Les problèmes de Huawei ont entraîné un important remaniement de l’entreprise, fondée en 1987 par Ren Zhengfei, ancien ingénieur de l’Armée de libération du peuple qui occupe toujours le poste de PDG.

Depuis que la pression américaine s’est intensifiée, Huawei s’est rapidement orienté vers de nouvelles lignes de produits considérées comme moins vulnérables et s’est recentré sur son principal marché intérieur.

Dans une note interne à ses salariés la semaine dernière, Ren Zhengfei a appelé ses salariés à une transformation tous azimuts de son groupe et à accélérer l’autonomie dans les logiciels. 

Ainsi, « les Etats-Unis auront très peu d’emprise sur notre développement futur », avait écrit l’homme d’affaires.

Avec AFP