Longtemps aphones sur leurs «mauvaises conditions de travail», les facilitateurs en alphabétisation rompent le silence. Lors d’un point de presse hier, le collectif qui les regroupe exige du gouvernement un quota sur les recrutements des 5 000 enseignants.
A en croire Khadidiatou Sané, leur porte-parole, «le développement de notre pays ne peut se faire sans une revalorisation de nos langues nationales. Et cela passe obligatoirement par une reconnaissance des facilitateurs, pionniers dans ce domaine». Elle ajoute : «Le ministère de l’Education nationale doit revoir nos conditions de travail et nous intégrer activement dans l’enseignement avec des postes reconnus comme fonctionnaires publiques.» Elle fustige : «Pour le recrutement d’enseignants, annoncé par le chef de l’Etat lors de son message à la Nation du 3 avril dernier, les enseignants des langues étrangères ont reçu un quota. Pendant ce temps, nous qui enseignons les langues nationales sommes négligés et même ignorés dans les décisions politiques en termes d’enseignement.» Ce n’est pas tout.
«Nous recevons de piètres rémunérations en contrepartie de nos prestations. Nos salaires mensuels varient entre 30 et 60 mille pour des personnes ayant plus de 20 ans d’expérience dans l’alphabétisation», s’offusque Mme Sané, qui revendique «une reconnaissance en bonne et due forme de notre secteur ainsi qu’une revalorisation des conditions des acteurs de l’alphabétisation».
Le porte-parole du Collectif des facilitateurs en alphabétisation enchaîne : «Notre secteur, qui regroupe des hommes et des femmes de développement, facilitateurs en alphabétisation, en langues nationales, n’est pas respecté par les autorités.» Pour preuve, révèle Mme Khadidiatou Sané, «en 2017, une phase test de Validation des acquis de l’expérience (Vae) a été organisée par la Direction de l’alphabétisation en langues nationales (Daln) et le Centre national de ressources éducationnelles (Cnre), avec comme partenaire stratégique l’Unesco, afin de certifier les compétences des facilitateurs en termes d’alphabétisation. La phase test avait recruté 50 facilitateurs à Dakar, 25 à Thiès et 25 à Kaolack. Ce qui fait un total de 100. Le diplôme devrait être l’équivalent du Certificat d’aptitude pédagogique (Cap) pour officiellement nous reconnaître. Après cette phase test, nous avons reçu des attestations en lieu et place des diplômes», regrette Mme Sané, qui signale que «depuis 2017, nous n’avons noté aucune avancée». Pendant ce temps, s’offusque-t-elle, «les autorités veulent généraliser la certification dans tout le territoire sénégalais sans pour autant remettre les diplômes aux candidats de phase test.
Nous condamnons ce manque de respect notoire envers nous, hommes et femmes de développement, enseignants des langues nationales, encadrant la plupart des femmes qui travaillent dans des activités génératrices de revenus, un pilier fondamental du développement communautaire».
Par Le Quotidien