Le bitcoin a plongé ce mercredi 19 mai sous la barre symbolique des 40 000 dollars, une première en plus de trois mois, après un rappel à l’ordre en Chine contre les cryptomonnaies. Ce mercredi matin, la principale a perdu 7 %, à 40 230 dollars. Depuis le début de la semaine dernière, quand elle valait encore plus de 55 000 dollars, son cours a fondu de 30 %, explique l’AFP.
Les cryptomonnaies « ne sont pas de vraies devises », ont estimé ce mercredi plusieurs fédérations bancaires chinoises de référence, mettant en garde contre la « spéculation », dans un pays qui prépare par ailleurs sa propre monnaie numérique.
La Chine a un temps été une des places fortes du bitcoin, la plus répandue des monnaies virtuelles. Pékin a cependant opéré en 2019 un tournant radical en rendant illégaux dans le pays les paiements en cryptomonnaies, accusées d’être un instrument au service « d’activités criminelles ».
Des fluctuations qui perturbent « l’ordre économique mondial »
Le pays asiatique s’inquiétait des risques spéculatifs que faisaient peser les cryptomonnaies sur son système financier ainsi que sur la stabilité sociale. Les activités de minage de bitcoin et la détention de monnaie virtuelle à titre individuel sont en revanche tolérées.
Au moment où l’intérêt pour les monnaies virtuelles à l’étranger se fait croissant, trois fédérations bancaires ont appelé mardi les établissements financiers « à ne pas accepter […] ou utiliser de cryptomonnaies » comme moyen de paiement.
« Récemment, les cours des monnaies virtuelles se sont envolés puis effondrés » à l’étranger, tandis que les activités spéculatives « ont bondi », ont-elles relevé dans un communiqué commun.
Cela « porte gravement atteinte à la sécurité des biens des personnes et perturbe l’ordre économique mondial », ont fustigé la Fédération nationale de Financement sur Internet, la Fédération bancaire de Chine et la Fédération de Paiement et de Compensation.
Elon Musk refuse les paiements en bitcoin pour les véhicules Tesla
L’intérêt pour les cryptomonnaies à travers le monde a bondi depuis fin 2020. Dopé par l’implication d’investisseurs de plus en plus sérieux, des banques institutionnelles de Wall Street à certains géants de la Silicon Valley, le marché des cryptomonnaies a enflé pour atteindre plus de 2 500 milliards de dollars à son plus haut mi-mai, selon le site Coinmarketcap, qui recense près de 10 000 cryptomonnaies.
Mais depuis, le marché a fondu de près de 700 milliards de dollars, et souffre notamment de la volte-face d’Elon Musk : le patron du constructeur de véhicules électriques Tesla et fondateur de Paypal, qui défendait avec véhémence le bitcoin sur les réseaux sociaux, semble avoir changé d’avis.
Après avoir annoncé au début de l’année avoir investi une partie de la trésorerie de Tesla en bitcoin, le très médiatique multimilliardaire a décidé mi-mai de refuser les paiements en bitcoin pour ses véhicules électriques, citant notamment le risque environnemental causé par le minage de bitcoin.
L’UE et les Etats-Unis appellent aussi à la prudence
« Je ne sais pas si Elon a des informations que nous n’avons pas, mais le risque d’un durcissement de la régulation a augmenté depuis que l’entreprise d’oléoduc Colonial Pipeline a payé une rançon énorme en cryptomonnaie », a commenté Jeffrey Halley, analyste chez le prestataire de services financiers Oanda.
Le régulateur chinois n’est pas le seul à s’inquiéter de l’envol du marché des cryptomonnaies : ses homologues en Europe ou aux Etats-Unis ont appelé les investisseurs à la prudence, sans pour autant interdire les transactions.
La Chine accélère par ailleurs les préparatifs pour lancer sa propre monnaie virtuelle, qui sera émise et encadrée par la banque centrale. La monnaie numérique chinoise, futur moyen de paiement électronique sur smartphone amené à remplacer les pièces et les billets, pourrait faire ses débuts en 2022 lors des jeux Olympiques d’hiver de Pékin.
Avec L’Obs