Alors que les dirigeants français et africains se rassemblent, ce 18 mai, à Paris, pour le Sommet France-Afrique, les dirigeants mozambicains et Total ont une belle opportunité d’encourager la reprise des projets LNG, au Mozambique, et d’aller de l’avant.
Même si l’exploitation de ressources naturelles ne fait pas nécessairement partie du programme du Sommet, ce sera une chance unique, pour le pays riche en gaz, de présenter ses solutions et dispositions face aux problèmes subis par son industrie gazière. Notamment, étant donné que l’un des projets repoussés implique un consortium dirigé par la supermajor, Total, qui, le 26 avril, a émis une déclaration de force majeure concernant son projet LNG, dans la province de Cabo Delgado, suite à la situation sécuritaire actuelle.
La déclaration de force majeure, émise par Total, a mis le projet en attente ; ayant, ainsi, des conséquences négatives sur les perspectives économiques du Mozambique et provoquant de l’incertitude pour de nombreuses entreprises locales et internationales, et leurs employés, qui ignorent quand le projet et les opérations reprendront. Et, qu’on ne s’y trompe pas, cela a mis en danger l’existence d’un grand nombre d’entreprises et, même, de certains employés et communautés, dans la province de Cabo Delgado.
La Chambre Africaine de l’Energie (“AEC”) reconnait les efforts déployés par le Gouvernement du Mozambique et Total, au cours de ces trois dernières semaines, pour trouver des solutions visant à faire face aux problèmes de sécurité, dans la province de Cabo Delgado. Nous continuons de croire que le projet LNG de Total devrait reprendre au plus tôt, avec davantage d’initiative et de résolution, sous la direction du Président Filipe Nyusi, avec lequel AEC a eu de récentes conversations. Les attaques terroristes ont donné, au mandat du Président Filipe Nyusi, un objectif clair : protéger le peuple mozambicain et les investisseurs, et combattre le terrorisme, tout en se développant et promouvant la croissance économique. La Chambre Africaine de l’Energie se sent encouragée par la réponse de l’administration du Président Nyusi, qui allie une action militaire à de fortes mesures défensives, dans le but de protéger tout le monde au Mozambique.
Nous continuons de croire que le projet LNG de Total devrait reprendre au plus tôt, avec davantage d’initiative et de résolution
« Nous nous sentons encouragés par la rencontre entre le Président Nyusi et le Président de Total, Patrick Pouyanné. L’assurance d’un retour au Mozambique, par Monsieur Pouyanné, est un pas dans la bonne direction et nous devons saluer toutes les parties concernées pour le travail intense. Nous continuons de croire que le Mozambique mérite le respect et le soutien nécessaires à la stabilisation de la région, et à la reprise du projet Mozambique LNG. La période de rétractation de la force majeure devrait être vue comme une opportunité de mettre en place de meilleures structures, en matière de contenu local, de réparer ce qui ne fonctionne pas et de favoriser un environnement plus propice et un retour encore plus fort du secteur énergétique du Mozambique”, déclare NJ Ayuk, Président Exécutif de la Chambre Africaine de l’Energie.
“Nous ne devons pas oublier que le Mozambique produira l’unique LNG neutre en carbone d’Afrique, qui sera exporté et utilisé sur le marché national, dans un monde qui cherche à réduire son empreinte carbone, “du puits à la roue”. Le bon sens entrepreneurial et la volonté politique sont nécessaires, en ce moment. Mais ne vous y méprenez pas, Mozambique LNG aura bel et bien lieu, et de meilleurs jours nous attendent” conclut Ayuk.
L’espoir et la certitude sont nécessaires, aujourd’hui plus que jamais, pour que les entreprises locales et les gens ordinaires participent aux projets gaziers, eux qui ont subi des pertes inimaginables aux mains des terroristes.
L’industrie pétrolière et gazière a un rôle encore plus important à jouer, en garantissant la stabilité durable des projets. Nous devons repenser la manière dont nous opérons, en tant qu’industrie, en ce qui concerne l’utilisation du gaz national. Déclarer qu’il y a du gaz national disponible pour le développement économique du Mozambique n’est pas suffisant. Le secteur énergétique devrait travailler avec le gouvernement sur une bonne politique de prix pour le gaz national, qui crée des industries pétrochimiques locales qui surpassent la concurrence. Cela permettrait de provoquer un effet bien plus durable, au Mozambique, tout en créant un nombre incalculable d’emplois et en redonnant vie à des communautés, et une économie, en stagnation.
Afin d’augmenter l’effet sur l’économie du Mozambique, nous devrions aussi aborder le sujet de la gestion du contenu local. Nous devrions considérer des programmes de contenu local basés sur les résultats et, peut-être, d’autres programmes plus spécifiques à la population de Cabo Delgado. De tels programmes devraient inclure des formations et des démarches entrepreneuriales, et de développement, afin de donner des opportunités à tous. Nous, au sein de l’industrie de l’énergie, devons sérieusement repenser la façon dont ces programmes sont développés car ils pourraient être une excellente solution aux problèmes sécuritaires dans la province de Cabo Delgado. Plus d’emplois qualifiés signifient moins de criminels non qualifiés. Les mozambicains ne peuvent plus être les derniers embauchés et les premiers licenciés. Nous devons lutter pour donner ces opportunités à chacun. Nous devons protéger les contrats des entreprises locales et des employés, durant cette période de force majeure. Les employés mozambicains et les entreprises de services ont des locations à payer, des frais de scolarité, des crédits, et d’autres engagements. Nous ne devons pas continuer d’être cette industrie d’un passé durant lequel les gens n’avaient pas d’importance. Finalement, ce sont leurs ressources que notre industrie extrait.
Les institutions multilatérales et l’industrie énergétique devraient profiter de cette période de rétractation de la force majeure pour collaborer avec le gouvernement, afin de mettre en place un programme rapide et immédiat qui permette de développer les entreprises indigènes mozambicaines pour croitre leurs compétences administratives, financières et techniques et ajouter une réelle valeur aux projets énergétiques. Nous avons été témoins de nombreux cas où des entreprises indigènes ont été délaissées suite à un manque de compétences ; mais le fait est qu’on ne leur avait jamais donné une vraie chance, initialement. Il est impératif de procéder à un transfert de technologie et à une formation. Cette période de force majeure ne doit pas être un signe de repos. Au contraire, elle doit être considérée comme un signal d’alarme pour le développement des compétences des entreprises locales. De cette façon, lorsque le projet reprendra (et il reprendra bien), ces entreprises seront capables de fournir des services de meilleure qualité, tout en accélérant et en soutenant la croissance de l’économie mozambicaine.