Tafsir Babacar Ndiour, l’imam de la mosquée Moussanté, à Thiès (ouest), salue les décisions annoncées par l’Etat pour offrir des emplois aux jeunes, tout en mettant les autorités en garde contre les risques de détournement des fonds prévus.
‘’Les 450 milliards de francs CFA dont on parle pour l’emploi des jeunes, c’est bien, et ils doivent impacter tous les secteurs dans lesquels ils seront injectés’’, a dit le célèbre guide religieux dans un prêche donné après la prière de l’Aïd el-Fitr, jeudi. ‘’Ce qui est sûr, c’est que si on les injecte dans des agences déjà existantes ou dans de nouvelles agences, ce ne sera que le début de la bureaucratie, des voitures, voyages et missions à n’en plus finir, des gros salaires’’, a averti Tafsir Babacar Ndiour.
Si les risques de détournement des fonds publics annoncés par l’Etat ne sont pas maîtrisés, ‘’ça débouchera sur des audits sans suite, un partage du gâteau. Partout où l’argent passera, il doit y avoir une traçabilité. Ce n’est pas des sommes à distribuer’’, a prévenu le guide religieux.
‘’Ma conviction, que je partage avec beaucoup de gens, c’est qu’on doit les (les fonds publics) investir (…) dans le monde rural, dans des infrastructures agricoles, d’élevage et de pêche. Cela profitera à tout le monde, et nul n’osera plus dire ‘je n’ai pas d’emploi’’’, a dit M. Ndiour. Il a donné son prêche en présence de plusieurs personnalités de la ville de Thiès, dont Yankhoba Diattara, le ministre chargé de l’Economie numérique.
L’imam a également exhorté les jeunes au culte du travail. ‘’Cette religion, l’islam, accorde une place très importante au travail (…) Cette religion nous recommande le travail et non la paresse’’, a-t-il dit. ‘’Le travail est important dans la vie de l’homme et de son pays. Il éloigne l’ennui, l’envie, le vice et le besoin. Il humanise par le lien social qu’il crée et maintient nos capacités intellectuelles en éveil’’, a souligné Tafsir Babacar Ndiour.
La ‘’publicité’’ de l’avortement médicalisé Puisqu’‘’un homme sans besoin n’existe pas’’, le travail devient un devoir dont l’homme doit s’acquitter pour satisfaire ses besoins et éviter la mendicité, a ajouté l’imam. Il a invoqué un hadith du prophète Mahomet (PSL) en vertu duquel l’homme ne peut rien trouver de mieux à manger que ce qu’il a produit de ses mains. Le guide religieux a souligné la capacité des branches du secteur primaire, la pêche, l’élevage et l’agriculture, à générer des emplois.
M. Ndiour estime que le Sénégal dispose des terres parmi les plus fertiles d’Afrique de l’Ouest et d’importantes ressources en eau. Il a donné en exemple la zone des Niayes, qui s’étend de la région de Dakar (ouest) à celle de Saint-Louis (nord). L’imam de la mosquée Moussanté a également dénoncé l’accaparement des terres appartenant aux paysans par des entreprises étrangères ou locales. Il a invité l’Etat du Sénégal à faciliter le fonctionnement de la NSTS, la Nouvelle société textile sénégalaise, une entreprise basée à Thiès, qui a récemment repris ses activités.
L’imam propose de relancer la Sotexka, la Société des textiles de Kaolack (centre), pour permettre au Sénégal de fabriquer et de consommer ses propres tissus. Il a dénoncé la ‘’publicité’’ de l’avortement médicalisé. Les musulmans sénégalais doivent s’élever contre toute tentative visant à légaliser l’avortement, selon Tafsir Babacar Ndiour. Ils doivent aussi exiger la criminalisation de l’homosexualité, qui ‘’détruit la société’’.
Yankhoba Diattara s’est réjoui du prêche de l’imam et de sa corrélation avec l’‘’ambitieux programme’’ de recrutement de 65.000 fonctionnaires lancé par le président de la République.
Avec Aps