Moctar Sarr fait partie des initiateurs de Mourid Pro , une plateforme spécifique qui répond aux besoins quotidiens de la grande communauté mouride et des musulmans d’une manière générale. Son objectif, contribuer à l’émergence numérique et économique de la ville sainte de Touba et du Sénégal.
Pourquoi avez-vous lancé cette plateforme, Mourid Pro?
Déjà, il faut préciser que Mourid Professionals, c’est une idée de Serigne Cheikh NDONGO, un de nos condisciples et ingénieur en Data Center. C’est lui qui a fait appel à certains membres de la communauté mouride pour donner une âme et un corps à ce projet, en apportant, chacun, son expertise. Et personnellement, j’ai été coopté pour faire partie du comité de pilotage et conduire, avec les autres membres retenus, toute la stratégie ayant permis de lancer récemment Mourid Professionals, après neuf mois de travail en amont. A mon avis, réaliser ce projet est juste normal, du moment que c’est une communauté qui partage des convictions, des valeurs économiques et religieuses. Donc, créer un point de convergence me paraît tout à fait logique. C’est comme la mosquée ou l’église qui réunit des gens qui ont en commun la même foi. Ce projet permet notamment aux mourides de se retrouver, d’échanger et de pouvoir créer une valeur ajoutée supplémentaire, gage de l’émergence de Touba et, par-delà, le Sénégal.
Concrètement, comment fonctionne t-elle ?
Elle fonctionne, effectivement, comme un réseau social. La seule différence est qu’elle traite de problèmes d’ordre professionnel. Après inscription, le membre accède à plusieurs fenêtres, forums de discussions thématiques ou événementiels.
Il y a également des rooms qui permettent de traiter de problèmes spécifiques. Si on prend l’exemple du droit OHADA, il y a cette opportunité qui est donnée aux membres, notamment expatriés, d’apprendre et de se renseigner dans une perspective de mise en place de projets au niveau local.
Au-delà de la plateforme, il y a une équipe de spécialistes dans certains domaines, comme l’énergie, l’éducation, le droit… Ils contribuent à renseigner le contenu mais aussi, au besoin, à entrer en contact avec les membres qui le souhaitent pour un éventuel accompagnement. La plateforme sert aussi d’espace de traitement des projets de la communauté. Il s’agit d’identifier, sur la plateforme, les projets à valeur ajoutée et ensuite de travailler sur des livres blancs à soumettre à la hiérarchie mouride pour une prise en compte et intégration. Voilà, de façon très ramassée, les composantes de la plateforme. Il y a aussi la partie ressources humaines pour poster des offres d’emplois.
Actuellement, vous avez combien de membres sur la plateforme?
En seulement dix jours et sans avoir beaucoup communiqué, nous comptons 1300 membres. La plateforme connaît une évolution technique qui se fait au fur et à mesure avec des ajustements permanents. D’ailleurs, nous avons bientôt une réunion du comité de pilotage qui permettra de figer et de traiter un certain nombre de problèmes, de répondre à certaines sollicitations, de rajouter des modules ou de les interconnecter, afin de rendre la plateforme la plus performante possible.
C’est quoi la vision de Mourid Professionals d’ici 4 à 5 ans ? Que comptez- vous réaliser ?
D’ici 5 ans, je crois que Mourid Professionals se positionnera comme un cadre de communication, de convergence des informations relatives à la vie de la communauté mouride où tout membre inscrit s’abreuverait. Ce sera également un espace où on pourra trouver des profils de projets ou de sujets spécifiques. C’est censé être aussi un cadre où tous les mourides se cherchent. Il est important de préciser que Mourid Pro n’est pas qu’une affaire de diplômés. Le projet est destiné à toute personne pouvant apporter un plus à la communauté, diplômé ou non. Nous avons envie, dans les années à venir, d’avoir une pépinière assez large de membres qui, à travers cette application, pourront trouver une insertion professionnelle, des entreprises qui pourront puiser dans ce stock de profils pour recruter. Mourid Pro, c’est aussi une éminence grise qui pourra porter tous les projets de la communauté afin de pouvoir les rendre plus conformes aux normes internationales, les rendre plus durables et rentables sur un horizon de 25 ans voire 50 ans.
Est-ce que la plateforme est en collaboration avec les projets qui se déroulent à Touba ?
Naturellement, nous sommes tous des disciples (talibés). Nous faisons partie de cette grande famille dont vous parlez, avec les connexions nécessaires. Maintenant, c’est un processus itératif. On a un pôle partenariats et développement qui a déjà identifié tout le projet institutionnel dans la ville porté par le Khalife, les projets de développement portés par certaines associations. Une feuille de route permet, à cet effet, de faire un suivi de tout cela par des réunions, pour évaluer les états d’avancement de part et d’autre. Ce qui permettra de définir les synergies qui permettront d’avancer. Ce point fait partie du plan d’action majeur de la structure. Dans les mois à venir, des conventions seront signées afin de pouvoir intervenir directement dans ce projet stratégique.
Albert DIATTA