lundi, décembre 23, 2024

Grâce aux réseaux sociaux, Bamba, sans emploi malgré ses trois masters, a décroché un CDD

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Nous vous avions parlé de ce jeune homme titulaire de plusieurs diplômes en recherche d’emploi. Voici où il en est.

« Aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir me lever le matin, travailler, faire quelque chose qui me plaît et me sentir utile. » En octobre dernier, nous vous racontions l’histoire de Bamba Niang. À 28 ans, ce jeune homme titulaire de trois masters, le premier en sciences stratégiques et militaires à Turin, le deuxième en relations internationales et le troisième en sciences politiques, politiques internationales et analyse des transitions, ne parvenait pas à trouver d’emploi.

Après un témoignage paru sur le site de la ZEP et sur celui de Konbini news, puisque nos deux médias sont partenaires depuis plusieurs années maintenant, Bamba nous avait accordé une interview pour évoquer sa situation, rappelant : « Si on cumule toutes les années, je suis à bac + 7. »

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Trilingue, motivé et déterminé, il nous avait confié à cette occasion : « Avec le CV que j’ai, ça choque tout mon entourage que je ne trouve pas. » La situation de ce jeune homme était particulièrement pressante puisqu’il était bénéficiaire d’une autorisation provisoire de séjour. Autrement dit, s’il ne trouvait pas un travail rapidement, il serait expulsé du territoire français.

« Comme un rêve qui se réalise »

Quelques mois plus tard, tout va beaucoup mieux pour Bamba, qui vient d’être embauché dans l’entreprise dont il rêvait. Après son deuxième jour, nous lui avons passé un coup de téléphone pour qu’il nous raconte la suite des événements.

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« C’est comme un rêve qui se réalise », nous a dit ce tout nouveau chargé de projet chez Expertise France, très enthousiaste. Si c’est pour l’heure seulement un CDD d’une durée de six mois, Bamba travaillera sur la mission des Nations unies au Mali, en particulier sur les aspects sécuritaires de celle-ci, tels que les camps militaires de l’ONU dans le pays. Et espère vivement être embauché à durée indéterminée par la suite.

« C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup, c’est carrément ce pour quoi j’avais fait mes études », se réjouit-il, concédant avec humour qu’après de très longs mois consacrés à sa recherche d’emploi, il faut désormais qu’il se « remette dans le bain » du monde du travail.

S’il est parvenu à décrocher cet emploi, c’est grâce à « une femme sur Internet qui avait une connaissance à Expertise France : elle a recommandé mon profil via LinkedIn et mon futur responsable a vu la vidéo et m’a contacté pour un entretien ». Et Bamba a même eu le luxe de choisir parmi les « trois ou quatre » propositions de postes « pertinentes » que des inconnus lui ont faites après avoir découvert son profil.

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« J’ai aussi pu vraiment percevoir beaucoup d’empathie et de solidarité chez les gens »

Des propositions d’emploi qui ne concernaient pas le secteur dans lequel il souhaitait travailler, Bamba en a eu beaucoup plus : « Dans la banque, pour des cabinets de conseil, même dans la finance… » « Ça ne correspondait pas à mon profil, mais ces gens voulaient juste m’aider, il y avait un but humaniste derrière et ça m’a beaucoup touché », nous dit-il.

« Parfois, je n’y croyais plus » : de « gros moments de doute » ont parsemé cette année qui fut « longue et fastidieuse » pour obtenir ce précieux sésame, nous confie le jeune homme, enfin régularisé et récépissé de la préfecture valant titre de séjour pour un travailleur temporaire en poche, ajoutant : « La partie la plus complexe fut vraiment celle administrative, la préfecture, c’est vraiment une autre paire de manches, surtout puisque avec la crise sanitaire toutes les démarches ont été dématérialisées et les délais ont été rallongés. »

Malgré tout, de cette année, Bamba retire surtout du positif : « Ma patience a été mise à rude épreuve, mais j’ai acquis persévérance et détermination. » Et d’ajouter :

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« J’ai aussi pu vraiment percevoir beaucoup d’empathie, de solidarité chez les gens : ils m’envoyaient des petits mots nuit et jour sur les réseaux sociaux.

Même s’ils n’avaient pas de solution pour moi, certains m’appelaient juste car mon cas les touchait et je me suis réjoui en me disant qu’il y avait encore des gens bien. »

Le jeune homme, qui a encore quelque 600 messages sur LinkedIn auxquels il n’a pas pu répondre, se confond en excuses et tient à remercier « chaque personne qui a pris de son temps pour s’enquérir de [s]a situation et [l]’encourager »« Je ne pensais pas qu’il y aurait un tel engouement », se souvient-il, expliquant avoir reçu « des milliers de messages » et pas moins de 6 000 invitations à rejoindre son réseau professionnel.

« Il y a plein de Bamba »

Conscient que la médiatisation de son cas et l’engouement des réseaux sociaux pour son histoire l’ont grandement aidé, puisque c’est grâce au « bouche-à-oreille : de retweets en retweets, de partages en partages » qu’il a pu dégoter un contrat, le jeune homme, qui s’estime « très chanceux », tient à pointer du doigt la situation que subissent de nombreux jeunes diplômés dans son cas :

« Je vois que mon histoire a juste permis de mettre en exergue un problème qui existait et qui existe encore. Il y a plein de Bamba dehors, je le sais. Même dans mon entourage, beaucoup de camarades de ma promotion avec qui j’ai passé mes masters ne trouvent pas d’emploi. »

« On m’a souvent demandé comment je faisais pour garder ma sérénité alors que la date d’expiration de mon titre de séjour approchait mais, au fond de moi, je croyais qu’une solution serait trouvée tôt ou tard donc il faut y croire jusqu’au bout, ne jamais rien lâcher », conseille-t-il, pointant du doigt ce qu’il considère comme un problème « complexe et profond ». Et d’arguer :

« C’est la faute d’un système. On veut mettre les gens dans les cases, il faut justifier d’années d’expérience alors qu’on sort à peine de nos études. Si on n’a pas de réseau et qu’on ne connaît pas quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un, c’est encore plus compliqué. »

Bamba exhorte désormais les employeurs à « faire confiance aux jeunes » : « On est motivés, on veut montrer nos compétences et nos capacités, il faut juste faire confiance à ces milliers de jeunes qui attendent dehors leur chance. »

Par Astrid Van Laer, kobini