samedi, novembre 23, 2024

Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, présente sa démission

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Soumis à une importante pression depuis les révélations sur le politologue patron du Siècle, Frédéric Mion démissionne de son poste de directeur de l’IEP de Paris. Il a fini par céder. Voici sa lettre de démission.

Chères et Chers Collègues,

Chères Enseignantes, Chers Enseignants,

Chères Étudiantes, Chers Étudiants, 

Depuis près de huit ans que m’a été confiée la responsabilité de diriger Sciences Po, j’ai mis tout mon cœur et toute mon énergie à travailler au développement et au rayonnement de cet établissement que j’aime, au service d’une communauté d’étudiants, de salariés, de chercheurs, d’enseignants et d’anciens pour lesquels j’éprouve une admiration profonde. Je me suis toujours efforcé d’assurer ma mission avec la plus grande exigence. C’est une immense responsabilité, un grand honneur et une grande fierté.

Notre maison traverse, depuis la révélation des faits criminels reprochés à Olivier Duhamel, une période très douloureuse. Depuis ce jour, toutes mes décisions ont été guidées par la volonté de préserver notre établissement, ses salariés, ses enseignants, ses chercheurs et sa communauté étudiante de cette affaire à laquelle ils n’avaient aucune part. 

J’ai jugé en conscience que mon devoir était de ne pas quitter mon poste avant que soit menée à bien l’enquête diligentée, à la demande de la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. 

Le rapport provisoire de cette inspection, qui m’a été adressé ce jour, confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement. Il ne désigne aucun manquement dans la manière dont l’établissement a traité cette affaire et aucune défaillance dans notre gouvernance. Il souligne le comportement irréprochable de l’équipe de direction qui m’entoure. Il confirme en outre que Sciences Po s’est engagé résolument, sous ma responsabilité, dans la lutte contre toutes les formes de violence sexiste ou sexuelle, et appelle à une meilleure visibilité de la cellule en charge de ces sujets, dont il souligne l’action pionnière. 

C’est là, et de loin, le plus important.

Le rapport pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement, dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté. Je mesure le trouble qui en résulte et j’en assume l’entière responsabilité.

J’ai trop de considération pour les hommes et les femmes qui servent notre école avec talent et passion pour accepter que leur action puisse être affectée par mes décisions. C’est pourquoi j’ai décidé de présenter ma démission aux membres de nos conseils et à la Ministre de l’enseignement supérieur. J’espère qu’elle permettra le retour à la sérénité si nécessaire au travail de toutes et de tous.

Je veux dire ici à chacune et à chacun mon immense gratitude pour le travail accompli au cours de ces années et les vœux que je forme pour leur réussite et pour celle de Sciences Po. 

Frédéric Mion