dimanche, décembre 22, 2024

Politique de confidentialité sur Whatsapp : un expert en cybersécurité liste «les 3 grandes conséquences pour les organisations politiques»

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Le géant américain WhatsApp a annoncé à ses deux milliards d’utilisateurs ses nouvelles règles.  Prévue pour le 8 février, puis repoussée au 15 mai, l’application de messagerie compte partager les données de ses utilisateurs à Facebook. Un coup sur les règles de confidentialité qui peut être lourd de conséquences pour les partis politiques sénégalais, qui fonctionnent tous avec des groupes WhatsApp.

Selon Cheikh Fall, cette problématique de confidentialité débat a été faite depuis longtemps par le réseau social. Le formateur en cybersécurité qui répondait aux questions du journal l’observateur souligne les 3 grandes conséquences que cela pourrait engendrer pour les organisations politiques

L’application Whats’App a annoncé le changement de ses conditions de confidentialité et évoque un partage de données avec Facebook. Quels sont les dangers de ces nouvelles règles pour les formations politiques ? 


Les politiques qui ont choisi Facebook ou Whats’App pour faire un travail de communication, n’ont pas compris les contours et paramètres de la confidentialité de la vie privée. Ils ne sont pas les champions de la confidentialité. Whats’App n’a fait que rendre public et officialiser ce qu’elle faisait déjà, c’est-à-dire exploiter les données des utilisateurs.

Whats’App a publié la mise à jour de sa politique de confidentialité juste pour se dédouaner. Son annonce a éclairé la lanterne des utilisateurs qui ont compris, dans cette communication, qu’il n’y avait pas assez de sécurité. Le premier danger, c’est la perte de la confidentialité. Rien n’est confidentiel, tout est accessible à un tiers, à des organisations marketing et commerciales et d’autres sociétés. L’autre conséquence est liée à l’activité politique. Certains initiés ont la possibilité d’accéder à ces données et de les utiliser contre ces entités. C’est ce qui s’est passé aux Etats-Unis avec le Cambridge Analytica qui a utilisé les données rendues accessibles par Facebook à des fins politiques, car ils ont compris quelles étaient les orientations politiques des Américains, leurs positions, leurs fréquentations et de faire le portrait-robot d’un partisan, d’un non aligné ou d’un opposant au pouvoir.

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Après, ils ont organisé un contenu ciblé pour ces personnes-là. La troisième conséquence, c’est que si ces données ne sont pas stockées et gérées par ces applications de façon sécurisée, toute personne qui a la possibilité de hacker et d’interférer dans des communications électroniques en passant par les réseaux pourrait les intercepter. Et elles pourraient être utilisées contre ces personnes. Les conséquences, il y en a. Je voulais insister sur le fait qu’à côté de chaque plateforme, il y a d’autres qui offrent le même service et qui proposent plus de sécurité.

Lesquelles ? 


Il faut utiliser d’autres plateformes que celles qui ne sont pas sécurisées. Mais une fois qu’on valide les termes d’utilisation et conditions de confidentialité, on les a signés. On n’a plus la possibilité de porter plainte ou de faire des recours parce qu’on a autorisé la plateforme d’accéder à nos données. La voie de recours dans ce cas, c’est d’utiliser des plateformes qui sont plus sécurisées et qui permettent d’avoir cette confidentialité de la vie privée. Ces plateformes existent, seulement, dans nos usages, on préfère souvent les outils les plus connus, les plus célèbres et les plus utilisés, parce que tout le monde y est. Mais à côté, il y a d’autres outils qui font mieux, qui proposent plus et qui ne sont peut-être pas connus du grand public. 

Comme Signal par exemple ?

                     
Signal garantit la sécurité en chiffrant les données qui sont partagées en essayant de rester le plus neutre possible. L’application ne vous connaît pas. Elle ne connaît qu’un numéro de téléphone. Et ce numéro est appliqué à une clé publique et une clé privée. Ce numéro de téléphone ne peut pas envoyer d’informations à Signal et Signal ne peut pas savoir ce qu’on fait dans sa plateforme. La différence, c’est qu’avec Signal, on peut donner une durée de vie au contenu que nous envoyons et elle nous permet d’établir des communications cryptées. Le grand public a commencé à s’intéresser à cette application et à l’utiliser. Par contre, le danger, c’est de penser que cela règle le problème de la sécurité et de l’utiliser comme on faisait avec Whats’App, sans essayer d’en savoir plus.

Comment gérer la migration vers d’autres plateformes ?


Ces groupes peuvent utiliser une méthode assez rapide, en imposant l’outil et exiger son usage à tous les membres. Cela va changer les habitudes certes. Il y en a qui vont rater des communiqués, d’autres des messages importants. Mais cela permettra de faire rapidement la migration. Il peut y avoir aussi des pertes, des découragements.

Certains vont quitter, d’autres ne vont plus interagir. D’autres vont penser qu’on leur impose juste un outil par choix et pas forcément par nécessité. Il y a des risques, surtout pour les mouvements qui ont énormément de personnes connectées. Whats’App, au delà d’être un outil de communication directe entre deux personnes, c’est un outil de travail collaboratif où on crée des groupes, organise des réunions. Si, aujourd’hui, ils font la migration vers une autre application et connaissent une baisse du rythme de participation et d’intervention, cela pourrait porter préjudice aux activités du mouvement ou parti politique.