Stupeur ! Vendredi 8 janvier 2021, l’homme le plus puissant de la planète, le locataire d’Air Force one- l’avion présidentiel américain, locataire de la White House (Maison blanche) Donald Trump, a été banni de ses comptes personnels sur Twitter et Facebook. Ce dernier comptait alors 80 millions de followers ! Aussi puissant que les populations de la Côte-d’Ivoire et de l’Angleterre réunies. Excusez du peu !
Bien plus que la polémique récemment soulevée par Facebook de leur décision de partager les données des utilisateurs collectées sur WhatsApp (numéro de téléphone, comportement d’achat en ligne, adresse IP, interconnexion entre abonnés entre autres), un tollé monstre s’est élevé contre le bannissement du président Trump, considéré par beaucoup comme la censure de trop. Non contents de transformer les usagers en produits à vendre au plus offrant, les GAFAM (Google ; Apple ; Facebook ; Amazone ; Microsoft) se sont arrogés un droit de vie ou de mort sur…nos identités virtuelles.
« Le bal des hypocrites » comme disait l’autre, serait un titre idéal pour qualifier les positions des uns et des autres dans cette affaire. Longtemps, les plateformes numériques ont brandi l’argument de la « neutralité » et de leur qualité de simple hébergeur, pour se dédouaner du contenu que l’on pouvait y voir. Le bannissement de Donald Trump ? « Le réseau social a justifié sa décision dans un long texte, arguant que les futurs messages du président sortant risquaient d’inciter à la violence. Une analyse juste, mais qui l’était tout autant hier, avant-hier, il y a trois mois ou un an.
Des recherches avancées sont nécessaires pour trouver une journée durant laquelle le président sortant n’a pas, d’une manière ou d’une autre, incité à la violence, ces quatre dernières années. Le risque de violence était-il moins fort quand il utilisait Twitter pour désigner nommément à la vindicte des journalistes critiques de son action, quand il provoquait le leader nord-coréen, Kim Jong-un, ou quand il incitait à tirer sur les manifestants du mouvement Black Lives Matter ? », rapporte très justement, le journal « Le Monde » dans un article publié le 9 janvier 2021 dans son édition web.
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Outre la responsabilité du susnommé, il faut reconnaître que nombre d’utilisateurs ont été bannis sans que cela n’émeuve. Faut-il croire que le statut de la personne bannie joue un rôle sur notre capacité à nous indigner ? Et que dire de la duplicité desdites plateformes, qui après tout, n’en ont qu’à leur sacré modèle économiques et autres revenus faramineux à faire fructifier envers et contre tout. De toute façon, la bête est à terre, il faut l’achever ! A moins que tout cela ne soit qu’un appel au président nouvellement élu, Joe Biden ! Well, anyway, welcome Joe.
Et puis, tout ça, pour quel résultat ? En l’état des choses, les thèses conspirationnistes contre Trump en sortiront renforcées et d’autres réseaux sociaux plus permissifs, avec zéro modération, tels Parler ou Gab, se frottent les mains à l’idée de relayer les discours clivant des dizaines de millions de Trumpistes et autres groupuscules d’extrême droite et conspirationnistes. Et ce sera déshabiller Paul pour habiller Jean.
En réalité, les géants du numérique naviguent entre opportunisme et aveu d’impuissance, au grand dam des plus de 4, 65 milliards d’internautes (en 2019), à travers le monde.
GAFAM – BATX – NATU : « Les ogres technologiques »
Face à un monde en perpétuelle mutation sous la coupe réglée des « ogres technologiques » chinois BATX (Baidu – Alibaba – Tencent – Xiaomi) ou américain NATU (Netflix – AirBnB – Tesla – Uber) et GAFAM qui pèsent plus de 6000 milliards $, les usagers sont pieds et mains liés à ces plateformes Tech : média sociaux, sites d’achat en ligne, sites de jeux ou de rencontres, plateformes de streaming, application de géolocalisation, OTT, entre autres. Et pis, ces presdigitateurs de haut vol ont même réussi à nous faire croire qu’ils sont gratuits. Chapeau bas…
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Quid alors des droits des usagers ? Ouste, circulez, il n’y a rien à voir…Forts de leur toute-puissance, ces plateformes font et sont la loi. C’est que le temps du numérique à une voire des longueurs d’avance sur celui de la Justice. Les produits que nous sommes pour eux, peuvent-ils voir des droits ? Pour autant, il est clair que l’avenir du numérique se confondra de plus en plus avec la place réservée à l’usager et au respect de ses droits, qui sont imprescriptibles, quitte à regarder de plus près « la boîte noire » de ces oligarchies du numérique. Eux qui revendiquent de plus en plus un statut d’éditeur, tout en sachant mieux que personne que leur seul système de régulation ne repose que sur des smart algorithmes. De qui se moque-t-on ?
Aujourd’hui, est-il possible, est-il viable de laisser le débat public à la seule appréciation des géants numériques ? La réponse coule de source.
« Pour qu’on n’abuse pas du pouvoir, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu), il est impérieux de repenser le fonctionnement de l’espace public, avec des leviers à mettre en place, dotés de pouvoirs aussi grands que ceux des GAFAM, qui ont fini de montrer leurs limites et leur choix pour le business pur et dur. Avec comme paradigme premier, l’obligation de transparence dans les choix de régulation.
Quel pouvoir pour le peuple d’Afrique face aux GAFAM – BAIDU OU NATU ? En Afrique – faut-il en rire ou en pleurer ? -, nous sommes à des années-lumière de ce débat et nous sommes à l’image du poisson qui voit le ver de terre au bout de l’hameçon et qui, forcé, y mord, à pleines dents. Y a bon numérique !
Cheikh Bamba Ndao
Digital manager – Blogueur Tech
French Web and social media content developer Greenpeace Africa