Des scientifiques affirment que les pays africains ne sont pas préparés pour l’introduction des vaccins contre la COVID-19 ; ce qui constitue une sérieuse menace pour la lutte contre la maladie.
Un outil d’évaluation de l’état de préparation au vaccin contre la COVID-19, dirigé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses partenaires, examine les plans des pays pour l’introduction du vaccin contre la COVID-19.
Cet outil couvre des domaines tels que la planification et la coordination, les ressources et le financement, la réglementation des vaccins, les capacités logistiques, la communication et l’engagement communautaire.
Selon un communiqué de l’OMS publié le mois dernier, la région africaine avait un score moyen de 33% de préparation pour un déploiement du vaccin contre la COVID-19 ; ce qui est bien en deçà du seuil de référence de 80% souhaité par l’OMS.
“Sur la base des auto-évaluations faites par les pays, nous sommes passés de 33%… à 35% [de niveau de préparation] à la première semaine de décembre”
Phionah Atuhebwe, Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique
« Sur la base des auto-évaluations faites par les pays, nous sommes passés de 33%… à 35% [de niveau de préparation] à la première semaine de décembre », déclare Phionah Atuhebwe, médecin spécialiste de l’introduction des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, ajoutant que l’analyse est basée sur les données de 40 pays africains.
Phionah Atuhebwe dit que la plupart des pays manquent de personnel de santé correctement formé, de directives ainsi que d’outils de suivi et d’évaluation.
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Elle affirme que l’Afrique souffre de graves déficits de mobilisation des ressources et de revenus comparativement aux pays à revenu élevé, et qu’une préparation précoce est nécessaire.
« En Afrique, nous n’avons même pas de données sur le nombre des personnes âgées. Nos systèmes mettent du temps à implémenter ces choses », déclare Phionah Atuhebwe. « Tous les facteurs de la vie dépendent de la préparation et nous ne voulons pas commencer à tâtonner avec la distribution du vaccin quand il est prêt. »
Selon Phionah Atuhebwe, lorsque les vaccins seront homologués et approuvés, l’Afrique espère que les facilités mises en place dans le cadre du COVAX lui permettront de recevoir des doses suffisantes pour fournir une protection à 20% de sa population départ.
Des doses supplémentaires pour 5% de la population seront cofinancées avec les gouvernements des pays s’ils souhaitent dépasser les 20%. « Au-delà de cela, les pays seront seuls responsables de l’acquisition et de la distribution des vaccins », dit-elle.
COVID-19 Vaccines Global Access Facility (COVAX), une collaboration mondiale visant à accélérer le développement, la fabrication et la distribution équitable des vaccins contre la COVID-19, a été lancée en juin par l’OMS et ses partenaires. Au 18 décembre2020, 190 pays avaient souscrit à cette initiative, selon l’OMS.
Tolbert Nyenswah, associé principal de recherche à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health basée aux États-Unis, qui était autrefois vice-ministre de la Santé du Libéria, affirme que les systèmes de santé africains sont sérieusement mis à l’épreuve, avec des stocks peu fiables de médicaments essentiels, peu ou pas d’électricité pour maintenir la chaîne du froid nécessaire au transport des vaccins, des frais médicaux élevés pour les patients et un accès limité aux établissements de santé.
« Par exemple, dans la région africaine, le maintien d’une chaîne du froid pour un vaccin à -70°C présente de formidables défis, et même -20°C Celsius présente des obstacles », dit-il à SciDev.Net.
Les programmes de vaccination à grande échelle seront une « bataille difficile » pour la région et nécessiteront une action collective, dit Tolbert Nyenswah.
Les gouvernements et les institutions d’Afrique, dit-il, devraient prendre les devants et commencer à élaborer des plans exploitables de déploiement de vaccination contre le COVID-19.