La Covid-19 a des impacts dans tous les secteurs. Cependant, celui de l’économie reste le plus touché partout à travers le monde. Selon un rapport de la Banque mondiale, le Niger n’a pas été épargné par la pandémie de coronavirus (COVID-19) et devrait voir sa croissance chuter en 2020. Cette situation a également des conséquences négatives sur le taux de pauvreté, d’ici 2022, près d’un million de Nigériens supplémentaires vivront en-dessous du seuil de pauvreté. En plus, le rapport formule plusieurs recommandations pour répondre à l’urgence et préparer l’avenir.
Comme dans le reste du monde, les mesures de prévention et d’atténuation de la pandémie de COVID-19 a eu des conséquences négatives sur l’économie du Niger et a mis brutalement un terme à trois années de croissance soutenue malgré les défis sécuritaire de ces dernières années. Alors qu’elle devrait atteindre 5,8 % en 2019 à la faveur d’une bonne performance des secteurs des services, extractifs et de l’industrie et d’une bonne campagne agricole, la croissance devrait chuter à 1 % en 2020, selon la dernière analyse économique de la Banque mondiale.Figure 1. : Croissance du PIB réel et contribution des secteursSource: Estimations du personnel de la Banque mondiale
Cette baisse tient principalement à la réduction de la production en 2020, découlant de la récession mondiale. Les mesures de confinement, la fermeture des commerces et de certaines entreprises ont entraîné à la fois des pertes d’emplois et une baisse de la consommation. Un phénomène d’autant plus important que de nombreux Nigériens travaillent dans le secteur informel et ne disposent d’aucun soutien pour atténuer leur perte de revenus. La fermeture des frontières a également porté un coup dur aux exportations. Par ailleurs, la mauvaise conjoncture économique en Chine et dans l’Union européenne, principaux pourvoyeurs d’investissements directs étrangers (IDE), retarde la réalisation de projets importants, tels que la construction de l’oléoduc d’exportation de pétrole. Pour la première fois depuis des années, l’inflation devrait grimper à 4,5 % en 2020 et dépasser le seuil de 3 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
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Intitulé, Note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au temps de la COVID-19, le rapport souligne également que la chute de l’activité économique a eu un fort impact sur la population avec une hausse de la pauvreté. En se basant sur plusieurs scénarios, il estime que le taux international de pauvreté dépassera 42 % en 2020, notamment à cause des conséquences indirectes de la pandémie et de leur persistance : la perte des revenus du travail, la réduction importante des envois de fonds des migrants, la perturbation des marchés et le bouleversement de la fourniture de services publics. Si le scenario le plus pessimiste, prévoyant une récession de -5,1 % en 2020 se concrétisait, plus de 270 000 Nigériens supplémentaires risqueraient de basculer dans la pauvreté, et ils seraient près d’un million supplémentaire d’ici 2022.Figure 2. : Environ 95 % des pauvres vivent dans les zones ruralesSource: Banque mondialeFigure 3. : Le niveau de pauvreté du Niger correspond à sa situation économique.Source: Banque mondiale
Dans un tel contexte, le pays dispose de marges de manœuvre budgétaires limitées pour atténuer l’impact de la pandémie. D’autant que les perspectives à moyen terme dépendront fortement de l’évolution du secteur pétrolier qui est incertaine compte tenu de la chute des prix.
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Les auteurs du rapports notent toutefois que si la pandémie est contenue au niveau mondial au cours des prochains mois et si le Niger parvient à mettre en place des mesures efficaces d’aide d’urgence et de relance économique, la croissance pourrait repartir à la hausse, pour atteindre 8,1 % en 2021 et 13,2 % en 2022. Afin d’atténuer les effets de la crise sur l’économie nigérienne et de préparer l’avenir, ils recommandent au pays d’adopter un plan d’intervention axée autour de trois volets :
- protéger des vies en donnant la priorité budgétaire à l’action sanitaire : cela permettra d’étendre les tests, embaucher du personnel de santé, surtout dans les zones rurales, et de renforcer la capacité des établissements de santé tout en élargissant la couverture de soins aux groupes les plus vulnérables ;
- réaffecter les dépenses afin de financer la mise en œuvre de mesures de protection sociale, des emplois et des moyens de subsistance : par exemple en finançant des programmes de transferts monétaires et en assurant le paiement des salaires. Mais aussi en protégeant la sécurité alimentaire par le biais de programmes d’aide alimentaire dans les zones pauvres et en évitant l’accumulation d’arriérés pour maintenir les entreprises à flot ;
- préparer la relance économique, notamment en renforçant les capacités des institutions publiques et en investissant dans la technologie numérique pour s’adapter à la nouvelle réalité virtuelle, faciliter le télétravail et le paiement mobile. Mais aussi dans les infrastructures pour améliorer l’accès à l’électricité, indispensable au fonctionnement des entreprises et à l’eau potable, essentielle à la prévention et protection contre le virus.
A terme, l’objectif est de diversifier l’économie, rendre la croissance plus inclusive et réduire la pauvreté au Niger.
« Pour mieux préparer l’après COVID-19, le Niger a besoin d’établir les bases d’une meilleure résilience en préservant les actions publiques qui favorisent la riposte et l’inclusion sociale », souligne Joelle Dehasse, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. « Il est donc important d’améliorer l’accès aux services de base pour permettre aux populations de mieux faire face à la pandémie et d’investir dans le capital humain. »
Vendeur d’eau au Niger dans un quartier qui ne bénéficie pas encore d’un accès à l’eau et à l’assainissement. Photo : Ollivier Girard/Banque mondiale