Joe Biden remporte l’élection présidentielle américaine. Finalement, sa troisième candidature à la Maison Blanche est la bonne.
Selon la BBC, il obtient 273 votes du Collège électoral, ce qui signifie qu’il deviendra président en janvier, en attendant l’issue des éventuelles contestations judiciaires. Le style discret de la campagne électorale de M. Biden a contrasté avec les grands rassemblements du président Donald Trump, le démocrate s’étant montré plus responsable dans l’observation des mesures barrières contre le coronavirus.
Bien que l’ancien président Barack Obama l’ait qualifié de « meilleur vice-président que l’Amérique ait jamais eu », le bilan de M. Biden en quatre décennies de fonctions publiques a été mis à mal. Alors, qui est Joe Biden et comment a-t-il finalement atteint l’objectif qu’il s’était initialement fixé en annonçant sa première candidature à la présidence en juin 1987 ?
Le « frère » d’Obama
M. Biden s’est présenté à l’investiture du parti démocrate en 2008 avant d’abandonner et de rejoindre la liste des candidats à l’élection présidentielle. Les huit années qu’il a passée à la Maison Blanche, où il est souvent apparu aux côtés du président, ont permis à M. Biden de revendiquer une grande partie de l’héritage de M. Obama, notamment l’adoption de la loi sur les soins de santé, ainsi que le plan de relance et les réformes adoptées en réponse à la crise financière.
Son association avec M. Obama – un homme qu’il appelle fréquemment son « frère » – a peut-être aussi contribué à lui faciliter le soutien auprès des électeurs afro-américains. Les données des sondages sorties des urnes en 2020 ont montré que les électeurs noirs ont soutenu M. Biden à une écrasante majorité, ce qui a pu lui donner un coup de pouce dans des États-pivot tels que la Géorgie, le Michigan et la Pennsylvanie.
En tant qu’acteur politique de longue date à Washington, M. Biden avait de solides références en matière de politique extérieur et a contribué à compenser le manque d’expérience de M. Obama dans le domaine de l’exécutif.
Il a également été recruté pour aider à courtiser une partie de l’intelligentsia blanche qui s’est avérée être un groupe difficile à conquérir pour M. Obama. Cela a fonctionné à l’époque, et cela a fonctionné à nouveau en 2020, puisque M. Biden a réussi à reconquérir les États du « mur bleu » dans le cœur industriel des États-Unis, qui avaient abandonné les démocrates lorsque M. Trump les a fait basculer en 2016.
Une longue carrière politique
M. Biden a fait la une des journaux en 2012 en déclarant qu’il était « absolument à l’aise » avec le mariage homosexuel, des commentaires qui ont été perçus comme un affaiblissement du président, qui n’avait pas encore apporté son soutien total à cette politique. M. Obama l’a finalement fait, quelques jours seulement après M. Biden.
Les deux mandats de M. Biden, qui a soutenu le premier président noir des États-Unis, ont suivi une longue carrière politique. Le sénateur du Delaware, élu pour six mandats, a été élu pour la première fois en 1972. Il s’est présenté à la présidence en 1988, mais s’est retiré après avoir admis avoir plagié un discours du chef du parti travailliste britannique de l’époque, Neil Kinnock. Son long mandat dans la capitale du pays a donné aux critiques de nombreux éléments d’attaque. Au début de sa carrière, M. Biden s’est rangé du côté des ségrégationnistes du Sud en s’opposant aux bus scolaires ordonnés par les tribunaux pour intégrer racialement les écoles publiques.
Et, en tant que président de la commission judiciaire du Sénat en 1991, il a supervisé les audiences de confirmation de Clarence Thomas à la Cour suprême et a été vivement critiqué pour sa gestion des allégations d’Anita Hill selon lesquelles elle aurait été harcelée sexuellement par le candidat. M. Biden a également été un ardent défenseur d’un projet de loi en 1994 contre la criminalité qui, selon de nombreux membres de la gauche, encourageait les longues peines et les incarcérations massives.
Ce dossier a fait de lui un candidat parfois mal à l’aise pour le Parti démocrate moderne.
La perte d’un être cher
La vie de M. Biden a été marquée par une tragédie personnelle. En 1972, peu après avoir remporté sa première course au Sénat, il a perdu sa première femme, Neilia, et sa petite fille, Naomi, dans un accident de voiture. Il a prêté le célèbre serment d’entrée en fonction pour son premier mandat au Sénat depuis la chambre d’hôpital de ses deux jeunes fils Beau et Hunter, qui ont tous deux survécu à l’accident.
En 2015, Beau est mort d’un cancer du cerveau à l’âge de 46 ans. Le jeune Biden était considéré comme une étoile montante de la politique américaine et avait l’intention de se présenter au poste de gouverneur de l’État du Delaware en 2016.
L’histoire de son fils l’encourage à se présenter à nouveau. Pendant la campagne, il a utilisé ces deux tragédies pour expliquer pourquoi les soins de santé – l’un de ses objectifs politiques favoris – lui sont « personnels ». Après la mort de Beau, M. Biden s’est attiré une bonne volonté considérable, qui a permis de mettre en évidence ses principaux atouts : une réputation de père de famille aimable et fiable.
Après son entrée dans la course de 2020, il a été accusé de contacts physiques importuns lors de ses interactions avec des électrices – avec des images inconfortables. Mais le politicien a répondu en disant qu’il était une personne empathique, bien qu’il ait accepté que les normes aient changé. La campagne calme et réfléchie de Joe Biden lui a finalement valu de gagner l’élection présidentielle – le couronnement d’une longue et riche carrière politique.
M. Biden deviendra le 46e président des États-Unis, en attendant les contestations judiciaires et les éventuels recomptages. Il aura 78 ans lors de son investiture en janvier – le plus vieux président de l’histoire du pays.