Le nouveau rapport de Greenpeace intitulé «Mal de mer : pendant que l’Afrique de l’Ouest est verrouillée par la COVID-19, ses eaux restent ouvertes au pillage» risque d’envenimer la situation déjà tendue entre le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) et le ministre de la Pêche à propos de l’attribution de 52 licences de pêche à des navires chinois. Selon l’ONG, l’attribution a bien eu lieu malgré les réfutations du ministre.
L’Ong explique, selon L’AS, comment les gouvernements ont permis le pillage systématique des océans par des multinationales.
L’accusation avait réussi à s’imposer dans l’actualité dominée par la crise sanitaire et économique découlant de la pandémie de Covid-19. Saer Seck et Alioune Ndoye s’étaient livrés à une guerre par presse interposée. En effet, le Gaipes avait accusé le ministre de la Pêche d’avoir octroyé des licences de pêche à des navires étrangers.
Dans son rapport publié hier, Greenpeace qui a eu écho de cette affaire a confirmé l’attribution de licences de pêche aux bateaux Fu Yuan Yu 9885, Fu Yuan Yu 9886, Fu Yuan Yu 9888 et Fu Yuan Yu 9889, le 17 avril. «L’attribution a bien eu lieu en dépit des affirmations du ministre de la Pêche sénégalais qui affirmait, le 6 juin, qu’aucune nouvelle licence pour des bateaux industriels n’avait été donnée», clame l’ONG qui ajoute qu’en avril dernier, 56 bateaux de pêche industrielle ont demandé une licence pour les eaux sénégalaises.
Et Greenpeace de poursuivre que deux autres navires à savoir le Fu Yuan Yu 9881 etl e Fu Yuan Yu 9887 ont affiché des activités suggérant qu’ils pêchaient au Sénégal, potentiellement sans licence au vu de l’information publique disponible. Quatre autres navires (Fu Yuan Yu 9882, Fu Yuan Yu 99885, Fu Yuan Yu 9889 et Fu Yuan Yu 9890), souligne l’Onge, ont fait usage d’une astuce courante destinée à dissimuler la position réelle des navires de pêche en modifiant leurs données AIS.
Sur la base des données du système d’identification automatique (AIS) utilisé pour les navires dans le monde entier, les recherches de Greenpeace Afrique confirment qu’au moins huit navires de pêche industrielle ont participé à des activités douteuses au cours de la période observée. « Tous portent le nom de Fu Yuan Yu et il a été observé qu’ils affichaient des activités suggérant qu’ils pêchaient dans la zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise alors qu’il était impossible de vérifier si leur licence avait été obtenue dans le respect des règles et procédures».
Abordant les conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur l’activité de la pêche, Greenpeace soutient que les pêcheurs artisanaux ont vu leurs activités restreintes en pleine saison de pêche qui commence au mois de janvier et dure jusqu’au mois de juillet. «Cependant, selon des sources locales, l’usine de farine et d’huile de poisson Omega Pêche qui se trouve à Joal a continué de travailler pendant que des centaines de femmes transformatrices de poissons et de pêcheurs essayaient de trouver des solutions aux mesures de confinement, à la rareté de la ressource et à l’augmentation des prix», dénonce l’Ong.
CERTAINES ENTREPRISES INDUSTRIELLES ONT PROFITE DE LA COVID-19
Selon le conseiller politique pour la Campagne Océan à Greenpeace Afrique, Dr Aliou Ba, l’industrie de la farine et de l’huile de poisson a continué de se développer en utilisant les stocks de poissons locaux pour produire de la nourriture pour les animaux de compagnie, les porcs et les poissons de l’industrie de l’aquaculture en Europe et en Asie, au détriment des populations vulnérables d’Afrique de l’Ouest. Face à cette situation alarmante qui risque de se répercuter sur les stocks de poissons, Greenpeace invite les gouvernements d’Afrique de l’Ouest à travailler ensemble pour fermer ces usines pour de bon.
Ainsi, elle a conclu son rapport en demandant la fermeture définitive des usines de farine et d’huile de poisson opérant en Afrique de l’Ouest, à l’exception de celles utilisant exclusivement les déchets issus de la transformation des poissons inaptes à la consommation humaine. Greenpeace a également demandé la publication de la liste complète des navires autorisés à pêcher dans tous les pays de la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP).
En outre, l’Ong a réclamé un statut officiel pour les femmes transformatrices de poissons ainsi qu’une réforme du processus d’octroi de licences de pêche au Sénégal afin d’améliorer la transparence et l’inclusion du secteur artisanal dans le processus de prise de décision. Enfin, Greenpeace appelle tous les gouvernements de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à adopter un plan régional de gestion durable des pêches, en mettant l’accent sur l’état de surexploitation des stocks pélagiques.