mercredi, décembre 25, 2024

Modou Mamoune NGOM, DG des Télécoms : «La SN2025 vise 35.000 emplois directs et 105.000 emplois indirects»

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Le Sénégal est le premier pays en Afrique en termes de contribution de l’Internet au Produit intérieur brut (PIB). Dans cette interview, le Directeur des Télécommunications, Modou Mamoune NGOM, explique les raisons. Il dévoile également les enjeux de la Stratégie Sénégal Numérique 2025 (SN2025), un programme dépendant du ministère de la Communication, des Télécommunications, des postes et de l’Economie numérique.

Pouvez-vous nous parler de la Stratégie Sénégal numérique 2025 ?

La Stratégie Sénégal numérique 2025 ou SN2025 est une stratégie qui est arrimée au plan Sénégal Emergent. Elle a été élaborée dans une démarche inclusive et participative avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème du numérique. Cette stratégie a pour mission le numérique pour tous et pour tous les usages avec un secteur privé dynamique et innovant dans un écosystème performant à l’horizon 2025. Cette stratégie a également pour ambition de porter la contribution du numérique à hauteur de 10% et de créer 35.000 emplois directs et 105.000 emplois indirects.

Pour atteindre cette ambition, la stratégie repose sur trois prérequis et quatre axes stratégiques. Les trois prérequis sont un cadre juridique et institutionnel, le capital humain et la confiance numérique qui englobe bien sûr la sécurité au niveau du cyberspace. Nous avons aussi quatre axes stratégiques. L’axe 1 : c’est pour un accès ouvert et abordable au réseau et service numérique. L’axe 2 : pour une administration connectée au service du citoyen et des entreprises. L’axe 3 : pour la promotion d’une industrie du numérique innovante et créatrice de valeur. Enfin l’axe 4 : pour la diffusion du numérique dans les secteurs économiques prioritaires.

Quel est le budget global de cette stratégie ?

Cette stratégie a un budget global de 1361 milliards et 300 millions répartis à 73% à prendre en charge par le secteur privé, 17 % par le public et 10% en PPP. Ça, c’est la structuration que nous avons faite au niveau de la SN 20-25. Cette stratégie repose aussi sur 28 réformes et 69 projets. Pour la mise en œuvre de cette stratégie, il y’a un comité de pilotage qui est chargé du suivi et de l’évaluation qui a été déjà installé. Il y’a aussi un certain nombre de réalisations qui ont été effectuées.

Je peux citer, par rapport au cadre juridique, le code des communications électroniques qui a été promulgué. Il y’a aussi la loi Start up pour la promotion de l’innovation à travers cette structure et pour pousser à leur multiplication. Nous avons aussi le lancement de service 4G par les opérateurs de télécommunication. En plus de cela nous avons plus de 12.000 Km de fibre optique qui ont été réalisés avec la stratégie. Il y’a aussi l’Adie qui a réalisé plus de 1.500 Km de fibre optique. Il y’a aussi les autres opérateurs qui ont fait des investissements aussi bien au niveau des infrastructures de fibre optique qu’au niveau des infrastructures aussi mobiles.

Aujourd’hui, nous avons la 4G au niveau de deux opérateurs et le troisième a l’intention de l’acquérir assez rapidement. Maintenant nous avons l’arrivée de 4 câbles sou marins au Sénégal et plus de 215 gigas bits par seconde pour avoir une bonne connectivité au niveau internet que nous fournissent ces opérateurs. En termes de réalisations, nous avons le parc des technologies numériques qui est en cours de réalisation et qui est assez bien avancé. Sans oublier le basculement au niveau de la TNT qui est en cours de finalisation. Normalement d’ici la fin de l’année, la télévision sera entièrement numérique au Sénégal en tout cas l’offre publique. Ce que je dirai en plus c’est qu’au niveau de la confiance numérique, nous avons mis en place la stratégie nationale de cyber sécurité (Snc 2022) et avons travaillé aussi pour un ensemble de plan d’action pour la protection des enfants en ligne. En termes aussi de réalisation au niveau de la SN 2025, nous avons initié un certain nombre d’autres études et plans comme le plan haut et très débit que nous avons au Sénégal pour la première fois grâce à la stratégie. Nous avons aussi actualisé la stratégie de service universel. Nous avons fait une étude sur le partage des infrastructures. Nous avons pu travailler en termes de réalisations avec un ensemble de pays africains pour avoir le free roaming au niveau de 8 pays africains dans l’espace Uemoa.

Est-ce que c’est grâce à toutes ces réalisations que le Sénégal est classé premier pays en matière d’internet en Afrique ?

En matière d’internet bien sûr que le Sénégal est très bien classé. Nous avions été classés en 2015-2016 comme premier pays africain sur le plan de l’internet. Mais tout ceci est combiné au fait que nous avons des infrastructures au niveau de la bande passante internationale. Comme j’ai eu à le rappeler nous avons des câbles sous-marins et aujourd’hui avec plus de 215 gigas bits par seconde au niveau de la connectivité.

Il s’est trouvé aussi que les opérateurs de télécommunication ont pu offrir des services en plus d’autres services développés à l’étranger qui ont fait qu’il y’a eu une certaine attractivité, en tout cas un service d’appel pour qu’au niveau des données les sénégalais puissent non seulement se doter des équipements nécessaires à travers les smartphones mais aussi, à travers les ordinateurs. Tout ceci combiné fait que le Sénégal est bien placé sur le plan de l’internet. Il y’a aussi l’existant parce que les sénégalais ont été les premiers à disposer de cybers cafés et de connexion internet dans les années 1996 en Afrique.

 Quel est la contribution des Tic dans l’économie nationale ?

On a une ambition à l’horizon 2025 de 10%. Aujourd’hui la contribution tourne autour de 5% ou un peu moins 4.6% que nous avons aujourd’hui au niveau des contributions des Tic. Mais avec toutes les dispositions qui ont été prises dans le cadre de l’accompagnement des entreprises, la mise en place du parc des technologies numériques, la loi Start up ainsi que la structure d’accompagnement des Start up à mettre en place bientôt. On a aussi au niveau de l’environnement des affaires la facilité pour créer une entreprise qui a été initiée au niveau de l’Apix.

Ça aussi, ça aide à ce qu’on ait un meilleur environnement pour l’éclosion des entreprises. Il y’a un certain nombre d’accompagnement aussi au niveau de l’Etat pour que nos entreprises puissent mieux exporter, puissent mieux se vendre  au niveau de la sous-région. Et tout ceci combiné avec l’ambition de créer des emplois dans le numérique, la révision des cas de formation devraient nous aider à atteindre cette ambition de 10% à l’horizon 20_25.

Et les climats des affaires dans le système numérique ?

J’en ai parlé un peu parce que nous avons initié un certain nombre de réformes avec la loi Start up. On a revu aussi bien le code pour des facilitations du secteur du numérique, le code des investissements et le code des impôts ont été revus pour faciliter l’éclosion des entreprises dans le secteur du numérique. Et aussi au niveau de la loi de finance de 2020. Par exemple il y’a un certain nombre de facilité avec la suppression de l’Imf (impôt minimum forfaitaire) qui était minimum 500.000 francs. Ceci aide les petites entreprises à investir cette somme dans d’autres domaines par exemple dans la recherche de développement ou l’acquisition des équipements.  J’ai aussi parlé des grandes avancées au niveau de l’Apix qu’ils ont eu dans le doing business. Je pense qu’avec l’accompagnement de l’Etat aussi, l’accès à la commande publique dont nous avons l’ambition de faire profiter nos entreprises locales. Nous avons bon espoir qu’on a de plus en plus un environnement adéquat pour qu’on puisse éclore et développer nos entreprises.

Il y’a aussi les cas de cybercriminalité et d’extorsion qui prennent de l’ampleur au Sénégal. Quelles sont les mesures prises dans le cadre de la cyber sécurité ?   

Dans le cadre de la cyber sécurité, j’ai tout à l’heure de l’élaboration de la stratégie nationale de cyber sécurité (Snc 20-25). Au-delà de ça, nous avons l’ambition de mettre une équipe de veille et d’alerte pour lutter contre la cybercriminalité. Nous avons aussi la division spéciale de cyber sécurité au niveau de la police. Nous avons aujourd’hui une école nationale de cybercriminalité. Tout ceci combiné avec bien sûr la révision de tout ce qui est révision de loi contre la cybercriminalité, loi sur les transactions économiques, la loi pour la protection des données personnelles etc qui sont en cours de révision.

Je pense qu’on pourra y intégrer les adéquations nécessaires face aux mutations technologiques qui sont opérées ces dernières années justement pour lutter contre tout ce qui se passe au niveau des actes délictueux dans le cyber espace.

On a constaté aussi que le numérique a beaucoup participé dans la lutte contre la Covid 19. Quelles sont les perspectives ?

Effectivement la Covid 19 a poussé beaucoup de pays a changé de comportements. Quand la pandémie s’est développée, nous avons vu qu’il y’a beaucoup d’activités qui ont été impactées. Les activités des personnes qui sont dans les entreprises pouvaient être dématérialisées. Elles ont su profiter grandement du numérique pour le télétravail, le travail collaboratif en ligne pour les réunions en visioconférence. Vraiment le numérique a impacte le quotidien des travailleurs et je peux même dire le quotidien des citoyens du monde de façon générale.

Au-delà de ça, notre écosystème du numérique a su répondre présent. Il a su répondre présent à travers nos opérateurs de télécommunication, l’Adie, l’Artp, le ministère qui a pu coordonner toutes les actions de l’écosystème du numérique mais surtout l’initiative « Daan Covid » qui a rassemblé plus de 450 professionnels du secteur du numérique. Ces derniers se sont engagés à accompagner le ministère de la santé et de l’action sociale pour lutter contre la Covid par la mise à disposition d’application de gestion hospitalière, d’application de gestion des entrées et sorties surtout par la mise à disposition d’équipement pour la connectivité, la connexion gratuite pour les malades, entre autres, réalisations.

Le Sénégal va abriter le forum du numérique. Quelles sont vos attentes par rapport à ce forum?

Nous allons aussi nous lancer dans la 2e édition du forum du numérique avec une innovation majeure cette année. Car ce forum sera aussi accompagné par le grand prix du chef de l’Etat de l’innovation. Nous sommes en train de travailler parce que comme je l’ai dit le ministère de l’économie numérique et des télécommunications a toujours prôné une démarche inclusive et participative pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Et l’écosystème a répondu présent par rapport à la préparation de ce forum du numérique. Nous espérons faire ce forum en présentiel mais aussi en ligne avec les webinaires. Ça aussi c’est des enseignements qui ont été tirés de l’impact de la covid 19. C’est un contexte particulier et nous nous adaptons par rapport à ça. Il y’aura des expositions innovantes et un certain nombre d’experts et de pays prendront part à ce forum.   

Avec Rewmi Quotidien