Pour le Professeur Ahmed Iraqi, PDG de l’ONG APSOPAD International, il est évident que les organisations de l’aide humanitaire s’affirment de plus en plus en tant qu’acteurs incontournables sur l’échiquier international. Et pour cela, l’utilisation du digital est incontournable.
En effet, de nos jours, on constate une augmentation dans la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles, et d’autre part, une nette accentuation des conflits armés, des violences politiques et des crises de réfugiés dans le monde. Dès lors, ces organisations ont un rôle indéniable dans l’atténuation de ces situations d’urgence et de post-crise humanitaire, concomitamment aux efforts des gouvernements et des agences des Nations Unies.
Cependant, même si les efforts consentis par les ONG humanitaires dans ce sens s’avèrent être relativement importants, rares sont les collaborations synergiques entre acteurs humanitaires intervenant dans les mêmes zones de crise, ce qui rend assez considérable le manque à gagner en termes d’impact et d’efficacité auprès des populations bénéficiaires.
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Dans la même optique, plusieurs contraintes à la fois réglementaires, sécuritaires et opérationnelles exigent une coopération inter-organisationnelle, plus spécialement dans des situations de crise humanitaire écosystémique, à noter qu’au jour d’aujourd’hui, plusieurs pays sinistrés abritent des zones échappant au contrôle de l’État et connaissent en conséquence un risque terroriste imminent, plus particulièrement au moyen orient, au sahel et au niveau de la corne d’Afrique, ce qui rend l’action des ONG davantage plus compliquée et dépendante d’une intervention concertée et d’une complémentarité institutionnelle avancée entre les multiples acteurs humanitaires et les gouvernements locaux.
De surcroit, le Professeur Ahmed Iraqi ajoute que dans ce contexte marqué par une recrudescence de crises et des complexités y afférentes, fruit de la mondialisation et de la médiatisation des crises internationales, la transformation digitale s’avère être une nécessité absolue pour toute organisation désireuse de s’adapter aux nouvelles exigences de l’époque contemporaine.
À ce titre, les ONG humanitaires sont notablement concernées puisqu’elles sont obligées de façonner et de procéder à un aggiornamento de leur mode de fonctionnement afin de profiter des avantages inouïs du Web et des réseaux sociaux en particulier. Ceci est d’autant plus crucial étant donné que leur impact social ainsi que leur développement, au regard de leur spécificité structurelle, dépendent considérablement de l’implication de ressources humaines généralement bénévoles et volontaires, ce qui suppose habituellement une communication élargie et un effort de recrutement colossal face à des ressources généralement limitées.
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Subséquemment, fundraising, plaidoyer, recrutement de bénévoles, reporting, médiatisation et communication sont autant de tâches reposant aujourd’hui sur une maitrise indispensable des outils digitaux et où certaines ONG n’hésitent pas à innover pour en tirer le meilleur parti, pratiques novatrices qui doivent être intellectualisées en vue d’inspirer les acteurs civils et contribuer, in fine, au changement de paradigme et de configurations en matière d’aide humanitaire.