Parmi les nominées d’African Business Heroes TOP 20, Fatima Zahra Ba, Fondatrice & CEO de So’ Fatoo revient avec Socialnetlink sur son goût pour l’entrepreneuriat, ses défis, projets…La jeune entrepreneure évoque également d’autres facettes de sa jeune carrière.
Pouvez-vous vous présenter et nous en dire plus sur votre activité ?
Je suis une jeune femme créative et ambitieuse qui s’est lancée dans le fashion entrepreneurship à 18 ans alors que j’étudiais les relations internationales au Maroc. C’est d’ailleurs dans ce domaine que j’ai eu mon master que je n’ai exploité que pendant 3 ans. J’ai démissionné du Ministère de la Femme en 2018 et depuis je m’occupe à plein temps de mon entreprise : So’ Fatoo.
Je reste une féministe engagée et je suis à l’origine du mouvement Doyna qui milite contre les violences faites aux femmes. Je suis passionnée d’histoire, de culture et d’écriture et j’ai un amour très fort pour la bonne nourriture, le rire et mon mari. ϑ
Qu’est ce qui vous a poussée à vous lancer dans ce domaine de carrière ?
« SOP REK » Je ne sais pas comment traduire ça du wolof. Plus sérieusement, je dirai que mes raisons étaient très personnelles : je voulais réaliser quelque chose de significatif, gagner de l’argent en faisant quelque chose que j’aime, rendre hommage à ma grand-mère d’une manière belle et pérenne et faire honneur à son prénom qui porte un stigma particulier, elle s’appelle FATOU, Fatou Sow.
Vous êtes parmi les nominées d’African Business Heroes TOP 20. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Un mélange d’incrédulité, d’humilité, de reconnaissance, de fierté mais aussi de stress. Au tout début déjà ce sont mes amis qui ont insisté pour que je dépose ma candidature. Je n’y croyais pas quand j’ai vu qu’on était dans le top 50 sur 22000. J’avoue que j’étais moins surprise par le top 20, parce qu’on a vraiment pris ça au sérieux et fourni un travail réel pour mieux faire connaître notre business, notre marché et nos challenges. J’ai appris en deux semaines ce que je n’ai pas appris en 8 ans. Le concours m’a réconciliée avec les chiffres, m’a permis de voir le potentiel de mes amis / conseillers et m’a poussée à aller à la rencontre de professionnels du milieu desquels j’ai beaucoup appris et compte continuer à apprendre.
Est-il difficile d’être femme et d’entreprendre, quels obstacles avez-vous eu à affronter ?
Je pense qu’être femme, surtout célibataire jusqu’à il y a peu et sans enfants, n’est pas un frein à la réussite dans le milieu ou j’évolue. Les hommes y réussissent mieux mais les femmes y ont toujours eu leur place, c’est elles qui font marcher l’industrie de la mode.
Par contre être une femme africaine, sénégalaise, voilée depuis quelques années et jeune de surcroit n’est pas de tout repos dans ce milieu. Chacune de ces composantes de mon identité vient, avec son lot de stigmas, compliquer mes relations avec mes tailleurs qui sont des hommes et qui ont eu du mal à apprendre à écouter une femme aussi jeune, avec les gens du milieu qui ne sont pas habitués à voir une femme voilée dans certains cercles et avec la société qui est très critique de manière générale.
Quels sont les prochains défis ?
La production. Toujours et encore. Nous sommes arrivés à ce moment critique ou l’adéquation produit marché est telle que la demande dépasse de loin l’offre. Al hamdulillah So’ Fatoo devient célèbre. Les gens aiment ce qu’on fait et nous avons une forte communauté très engagée qui dépasse les 110.000 followers sur les réseaux sociaux qui ont fait notre succès.
Malheureusement notre production ne suit pas notre croissance exponentielle. C’est le même défi que rencontrent plusieurs autres de mes congénères. Maintenant que nous sommes disqualifiés du concours, nous devons trouver le moyen de réussir autrement à relever ce défi. La bonne nouvelle c’est qu’on a déjà un plan qui nous prendra plus de temps mais nous causera moins de stress.
Si vous aviez un message à la jeunesse africaine, sénégalaise en particulier quel serait-il ?
D’oser ! De croire en eux et d’apprendre à se vendre, ce n’est pas de la vantardise, c’est du marketing. Saucez-vous !
De ne pas avoir peur de l’effort et de sortir de leur zone de confort, réussir n’est pas une partie de plaisir. Bougez-vous !
De s’améliorer là où ils sont bons, et de déléguer des tâches qui ne font pas partie de leur domaine de compétences, personne n’a la science infuse. Déchargez-vous !
De ne pas s’éparpiller, un lièvre à la fois si on ne veut pas rentrer bredouille. La réussite n’est pas une course ; concentrez-vous !
De ne jamais s’oublier : nous sommes par défaut résilients et pleins de potentiel, le futur c’est l’Afrique et nulle part ailleurs.
Respectez-vous !
De garder nos valeurs et de toujours placer l’être humain au centre de ce que nous faisons, c’est le moyen le plus sûr de réussir dans le monde d’aujourd’hui. Donnez-vous !
De penser à leur communauté : cette vie est éphémère et nous passons plus de temps sous terre que sur terre. Nous avons l’obligation de laisser à la postérité un monde meilleur que celui qu’on a trouvé. Engagez-vous !
De prier : Tout Est et Reste entre les mains de Dieu. Rassurez-vous !