Ibrahim Boubacar Keïta, 75 ans, est arrivé au pouvoir en 2013, à l’issue d’une élection après l’intervention internationale lancée à l’initiative de la France contre les djihadistes.
Candidat malheureux des présidentielles de 2002 et de 2007 face à Amadou Toumani Touré, celui qu’on surnomme « IBK » tient sa revanche en accédant au palais de Koulouba en 2013.
Il a été réélu, cinq ans plus tard, avec 67,17% des suffrages exprimés contre 32,83% des voix pour son adversaire Soumaïla Cissé, selon les résultats provisoires officiels.
Voici cinq choses à savoir sur la présidence IBK
Un contexte sécuritaire difficile
Le président malien est arrivé au pouvoir dans un contexte sécuritaire peu favorable.
Le putsch de 2012 a précipité la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg et aux groupes djihadistes liés à Al-Qaïda dans le nord du Mali.
Cette vaste région était alors tombée sous la coupe des djihadistes d’abord alliés aux rebelles, qu’ils avaient ensuite évincés.
Les groupes djihadistes ont été dispersés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement, mais les violences se sont déplacées vers le centre du pays et ont débordé au Burkina Faso et au Niger.
La situation continue de se dégrader et l’ONU autorise, le 20 décembre 2012, une mission internationale au Mali, mais ne l’envisage pas avant l’automne 2013.
Le statut de Kidal
La région de Kidal reste sous le contrôle des ex-rebelles, malgré les les accords d’Alger signés il ya cinq ans.
En 2014, le Mali a perdu le contrôle de ce territoire, situé dans le nord du pays, dont l’indépendance est réclamé les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui deviendra plus tard la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).
Déjà théâtre d’affrontements sanglants le week-end dernier, Kidal est plus que jamais un défi pour l’Etat malien : dans ce fief de la CMA, il n’a jamais réussi à complètement reprendre pied, malgré l’offensive de l’armée française en 2013.
L’on se souvient encore de ces mots de bienvenue du Français Christophe Sivillon aux délégations « venues du Mali et de l’étranger ». Cette phrase avait déclenché l’ire de Bamako, qui l’a expulsé dix jours plus tard. Les députés maliens ont estimé que ses propos « portent une atteinte grave à la souveraineté et à l’intégrité territoriale ».
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Mai dernier, le gouvernement malien a dénoncé, dans un communiqué, le fait que la CMA s’arroge des « actes régaliens de l’État » en violation flagrante, selon lui, des termes de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger.
Le retour définitif d’ATT au Mali
Le 19 décembre 2017, les responsables du Parti pour le développement économique et social, proche de l’ancien chef de l’Etat, ont indiqué que le retour d’ATT a été avalisé par l’actuel président Ibrahim Boubacar Keita.
Le 24 décembre marque la fin de l’exil de l’ancien président malien au Sénégal où il a été contraint de se rendre après le coup d’état qui l’a chassé du pouvoir le 22 mars 2012.
Si le putsch a fait long feu, il a provoqué l’exil du président Amadou Toumani Touré, remplacé, le 12 avril, par le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré. Dans son palais, le 21 mai, le chef de l’Etat par intérim se fait lyncher et échappe de peu à la mort.
A la tête d’une délégation de 16 personnes se rendant à Koumaira, dans le Cercle de Niafounké, Soumaila Cissé et ses accompagnants sont attaqués le 25 mars dernier entre 16h et 17h par des hommes armés qui les ont kidnappés. Les autres membres de la délégation sont libérés quelques jours après. Mais lui est encore entre les mains de ses ravisseurs. « Son garde du corps a été tué lors de la prise d’otages. Cela témoigne de la violence de l’attaque », commente M. Traoré.
Amadou Kolossi, le maire de Koumaira, la ville où M. Cissé devait présider un meeting a, lui aussi, été kidnappé après Soumaila Cissé. Mais il a été libéré le 10 mai.
Malgré l’absence de son principal opposant, encore aux mains de ses ravisseurs, et le coronavirus, le président Ibrahim Boubacar Keïta a organisé les législatives dont l’issue à débouché sur la crise ayant conduit à sa chute.
La contestation du Mouvement M5
A l’appel d’une coalition hétéroclite (opposition, société civile et leaders religieux), plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Bamako, la capitale, le 5 juin dernier pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le mouvement dit du 5 juin (M5) accuse le chef de l’Etat entre autres d’avoir échoué à mettre fin à l’escalade des violences djihadistes et intercommunautaires.
La contestation, menée par l’influent imam Mahmoud Dicko, réclame des réformes politiques et économiques.
La crise persiste et la CEDEAO offre sa médiation et dépêche à Bamako une mission menée par l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan qui tente de concilier les positions.
Mais après la répression de la contestation qui a fait 11 morts et plusieurs blessés, le mouvement a rejeté le plan de sortie de crise proposé par la mission de la CEDEAO, tandis qu’IBK multipliait les gestes d’apaisement. Le chef a dissout la Cour constitutionnelle qui cristallisait la colère, accusé d’être à la botte du pouvoir.
L’ONU appelle alors au respect des recommandations de la CEDEAO, mais les manifestants demandent toujours le départ du président malien.
Le M5 décide d’intensifier la pression sur le président malien à travers une série de manifestations antigouvernementales. Elle annonce la reprise du mouvement de contestation à partir de mardi, jour où de la mutinerie ayant conduit à l’arrestation et à la démission du président Ibrahim Boubacar Keita
BBC