vendredi, novembre 15, 2024

L’école sénégalaise, un système de transmission des connaissances désuet

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Au-delà des cérémonies pompeuses de célébration de nos déclarations d’indépendance, les colonisateurs n’ont pas coupé le cordon ombilical qui relie tant bien que mal l’Afrique à l’Occident aussi bien sur nos imaginaires que sur notre mode de vie.

Dans toutes leurs colonies, ils ont subtilement substitué le gouverneur blanc par un président noir sous leur tutelle absolue, quid à tirer une balle depuis l’hexagone sous la tempe – cette partie du corps humain située entre l’oreille, la joue et le front – du commis si toutefois il servirait par quelconque manière les intérêts de son peuple au détriment des leurs. Peu importe qu’il soit élu au suffrage universel direct par son peuple, il doit se soumettre et plier genou devant cette sentence pluriséculaire : servir l’Occident en se servant de sa patrie.

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En pliant bagage pour rentrer, le colon a jugé nécessaire de se muer dans un système de formation de légionnaires œuvrant exclusivement pour servir ses intérêts : presser le fruit pour recueillir la quintessence de sa substance nutritive et remettre délicatement à la poubelle sa pulpe nauséabonde et inutile. Il fallait partir physiquement mais planer intellectuellement tout en bâtissant de vrais colons à la peau ébène pour maintenir la continuité de l’œuvre coloniale. La course fut ainsi lancée pour trier, sélectionner, formater et maintenir dans la continuité l’aliénation.

Qui de plus prédisposé que les futurs élites des états-nations ?

L’écolier !

L’écolier à un certain niveau d’étude commence à remettre en cause certaines pratiques sociétales auxquelles il va finir par ne plus s’y identifier voire même à les répudier. Esseulé, inculte, comme un étranger au sein de sa communauté, tous ses rêves sont obnubilés par une quête de rationalité occidentale. Il va finir par rompre cette chaîne saine et subtile qui la relie à ses ancêtres auxquels il n’aurait juste pas fait le recul nécessaire pour y faire une critique plus approfondie qui allait naturellement le guider à se l’approprier et à la perpétrer.

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Le Lébou n’arrive plus à s’identifier aux pratiques mystiques des séances de Ndeup dont ses secrets au cours du temps se dissiperont au gré des vents dans les vans insipides des héritiers. L’on pourrait en dire autant sur le rite d’initiation Ndut de la culture Serer, étape importante pour tout serer, un moment fort important de renouer encore le lien avec leur tradition avant de se projeter dans les aventures hasardeuses de la vie adulte. Il en est de même au Bukut Diola où l’école du Bois Sacré, lieu mythique où l’initié s’encre et s’attache au pieu de sa tradition avant d’aller conquérir le reste du monde.

Et l’école française bascule tout !

A l’école française on est dans une logique de transmission verticale des connaissances où un instituteur est devant ses élèves, bâton dans une main et craie dans l’autre, les faisant assimiler de gré ou de force des connaissance, en dehors de toute critique, sans aucune cure de zététique, dans une langue qui leur est nouvelle et étrangère. De temps à autre on passe au contrôle de leurs acquis sanctionné par une moyenne de passage en classe supérieure ou par un diplôme attestant une fin de cycle tout en constituant la clé qui ouvre le cycle suivant.

Elhadji Moussa Tine