C’est un duel au sommet pour la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), la prestigieuse école sénégalaise, créée en 1965, qui forme des journalistes de plusieurs pays. Depuis le 31 juillet, date de clôture de la liste des candidats, la bataille de la direction du Cesti oppose Cousson Traoré Sall, directrice sortante à Mamadou Ndiaye, directeur des études de l’école de formation de journalistes. Dans cette opposition de visions, d’intérêts, nous vous proposons un focus sur les programmes des deux candidats.
Cousson Traoré Sall, candidate à sa propre succession
A la tête de la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) depuis 2017, Cousson Traoré Sall compte briguer un second mandat afin de poursuivre ses projets. Elle a dévoilé son programme pour les trois prochaines années.
La course pour la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) est lancée depuis le 14 juillet, date de la publication de l’appel à candidatures pour l’élection du Directeur de cette prestigieuse école de formation en Journalisme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A quelques jours de la clôture de la liste des candidats, fixée au 31 juillet 2020, la directrice sortante, Cousson Traoré Sall, a décidé de briguer un second mandat après avoir exercé un premier de 3 ans (2017-2020).
A l’heure du bilan, Mme Sall peut s’enorgueillir d’avoir été à l’origine de plusieurs réalisations. Parmi celles-ci, la mise en place d’un « meilleur cadre de travail avec l’électrification, sur fonds propres, du nouveau bâtiment du Cesti, conformément à la recommandation du Conseil d’établissement lors de sa dernière rencontre, et l’installation de climatiseurs, de tableaux et de vidéos projecteurs ». S’y ajoute la reprise « intégrale de l’étanchéité du bâtiment, aux mois d’août et septembre 2019 ». La directrice sortante dit également avoir dirigé les travaux d’aménagement d’un espace vert devant le nouveau bâtiment pour améliorer le cadre de vie de l’école. Sur le plan pédagogique, le Cesti s’est ouvert au monde extérieur en développant la formation continue avec le Fonds d’appui de l’État à la presse, en partenariat avec le ministère de la Communication, le Cdeps et le Synpics. « Le Cesti organise, sur demande, des sessions de formation « à la carte » destinées aux professionnels dans le domaine du journalisme mais aussi de la communication. « Le Cesti a réussi à terminer la formation d’une centaine de journalistes béninois à Cotonou, après une pause de quatre ans », explique Mme Sall dans un document de présentation de bilan et de perspectives. Outre cela, de « nouveaux modules ont été introduits dans la formation des journalistes pour répondre aux exigences et aux spécificités de l’environnement médiatique».
Perspectives
Les activités pédagogiques avec l’Ong Oxfam America, la formation en « journalisme de solution » avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) font partie des acquis de l’établissement ces dernières années. Une fois réélue pour un second mandat à la direction du Cesti, Cousson Sall Traoré compte poursuivre cette dynamique axée sur la politique de création de nouvelles filières professionnelles et de modernisation des équipements pédagogiques. Elle propose la mise en place de Licences professionnelles en journalisme scientifique, en journalisme culturel ou en journalisme de sport ; mais aussi en multimédia qui prendra en charge le web journalisme enseigné au Cesti depuis 2007, en journalisme mobile ou en journalisme de bases de données (database journalism).
Dans son programme, cette enseignante au Cesti depuis décembre 2000 compte aussi travailler à l’introduction des langues nationales dans la formation, en partenariat avec la Direction de l’alphabétisation et des langues nationales, de l’enseignement à distance, à la sauvegarde des archives de l’école à travers sa numérisation, au renforcement des partenariats stratégiques… Ibrahima BA
Mamadou Ndiaye, le challenger féru de changement
Le 17 juillet 2020, Mamadou Ndiaye a rendu officielle sa candidature à la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Dans son programme intitulé «Une nouvelle dynamique pour faire gagner le Cesti», il ambitionne de redorer l’image d’excellence de l’école et d’épouser les exigences des mutations actuelles.
Mamadou Ndiaye, directeur des études du Cesti depuis 2017, brigue la direction de l’école de journalisme de l’Ucad, occupée depuis cette date par Cousson Traoré Sall. Cette dernière s’est aussi déclarée pour un second mandat, à la suite de son challenger. « Face aux conflits récurrents qui secouent notre institut depuis 2 ans, j’ai pensé modestement pouvoir servir de recours pour rassembler la famille du Cesti. Il faut tous les segments et les diplômés pour faire face aux défis liés à un environnement concurrentiel et aux nouveaux enjeux de la formation des journalistes, consécutifs aux transformations disruptives occasionnées par les technologies. Il nous faut donc nous rassembler et élargir le cercle de réflexion. Ce qui nous a manqué ces trois dernières années», explique M. Ndiaye, qui place «la concertation et la négociation» au cœur de son projet.
Dans son programme pédagogique, il a l’ambition de matérialiser les projets de la Licence professionnelle en production audiovisuelle et de celle en communication, du Master en journalisme économique et de celui en journalisme de sport. Il a aussi le projet de création de Masters en journalisme numérique et en journalisme culturel. Il est aussi question de mettre en place la formation à distance. Mamadou Ndiaye estime que le Cesti peut s’inspirer du contrat de performance de l’Ucad et des recommandations de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur, en plus de l’expérience de sa participation à la Télévision numérique des Savoirs-Afrique (Tns-A).
Interdisciplinarité et collaborations
Le docteur en Sciences de l’information et de la communication envisage, en plus des relations du Cesti avec les entreprises de presse, l’ouverture au secteur privé et aux organisations de la société civile. Cette démarche vise notamment l’insertion professionnelle des étudiants dans la vie active et la mise œuvre de son programme de formation. Comme premier jalon dans ce sentier, Mamadou Ndiaye prévoit de s’appuyer sur un « Service de la stratégie et des relations avec les entreprises » dont les missions sont de développer des partenariats avec le secteur productif et d’élaborer un travail de veille sur les besoins et attentes des entreprises. Le second jalon consistera à accompagner les étudiants souhaitant devenir auto-entrepreneurs ou travailleurs indépendants à travers des formations et orientations spécifiques.
Pour la recherche, le candidat Mamadou Ndiaye compte relancer les publications « qui font la vitrine du Cesti ». La mobilité des enseignants et des étudiants sera effective dans le cadre de conventions avec des écoles membres du Réseau mondial francophone des centres de formation et écoles en journalisme, en plus du renforcement de la documentation et l’accès aux dernières publications et aux productions scientifiques payables en ligne. M. Ndiaye prévoit également la création d’un cadre de loisirs et de restauration ainsi que le renouvellement du parc informatique et des outils de production. Il augure, par ailleurs, l’instauration de nouvelles pratiques, « telle la tenue annuelle d’une conférence budgétaire à l’interne pour évaluer les besoins de tous les services ». Mamadou Oumar KAMARA
Par Le Soleil