Le mouvement de contestation des consommateurs a commencé après la modifications des tarifs de certaines offres mobiles il y a une semaine.
Au Sénégal, les hashtags #boycottOrangeSn ou #boycottonsOrangeSenegal ont fleuri ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Le groupe de téléphonie français, premier opérateur du pays via sa filiale Sonatel avec plus de 50 % de parts de marché, est la cible d’un mouvement de contestation des abonnés sénégalais qui appellent à refuser d’utiliser ses services téléphoniques et monétaires. Certains incitent même les consommateurs à résilier leur abonnement si les prix de certaines offres mobiles ne sont pas revus à la baisse. « A compter de ce jour, je ne suis plus un abonné de l’opérateur Orange Sénégal », a annoncé sur Twitter Aliou Sané, coordinateur du mouvement citoyen Y’en a marre, publiant une photo de sa carte sim Orange coupée en deux.
Depuis le 22 juillet, le groupe Orange a augmenté les tarifs de ses forfaits mobile « Illimix » que ce soit à la journée, à la semaine ou au mois. A titre d’exemple, l’un des forfaits mensuels les plus utilisés dans le pays est passé de 4 heures à 5 heures de communication mais a vu son prix plus que doubler, passant de 1 900 francs CFA à 4 500 francs CFA (de 2,88 euros à 6,82 euros). « Les forfaits téléphoniques sont maintenant souvent plus chers au Sénégal qu’en France, alors que les services sont plus restreints et notre pouvoir d’achat largement plus faible. C’est inacceptable, Internet et le téléphone ne doivent plus être un luxe », clame Mansour Mboup, l’un des coordinateurs du Rassemblement des abonnés d’Orange (RAO), mouvement nouvellement constitué par des acteurs de la société civile.
La modification des tarifs est d’autant plus contestée qu’elle a été décidée en pleine pandémie de coronavirus. « Les gens ont besoin des télécommunications, Orange ne peut pas prendre des décisions qui vont à l’encontre des consommateurs. L’autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) doit agir », s’indigne Momar Ndao, président de l’Ascosen, l’association des consommateurs du Sénégal. Lors du dernier conseil des ministres, mercredi 29 juillet, Macky Sall a justement demandé à l’ARTP « de veiller davantage à la qualité du service délivré par les opérateurs aux usagers, ainsi qu’à la soutenabilité des tarifs appliqués aux consommateurs ».
« Explications laborieuses »
Les différentes associations de consommateurs exigent qu’Orange annule la modification de ses tarifs, et passe à des forfaits illimités. « Si Orange Sénégal s’entête à vouloir imposer ses nouveaux tarifs inacceptables et en déphasage avec notre pouvoir d’achat, nous appelons les abonnés à rejoindre les autres opérateurs dès la fin de la Tabaski », l’Aïd Al-Adha, lance Dame Mbodji, membre du RAO. Il rappelle qu’il est facilement possible de migrer vers un autre opérateur tout en gardant son numéro d’appel grâce à la portabilité.
Certaines associations de consommateurs mécontentes ont été reçues par la Sonatel. « Ces séances leur ont permis de mieux comprendre l’évolution des forfaits “Illimix” », veut croire Abdou Karim Mbengue, directeur de la communication à la Sonatel. Dans un communiqué diffusé le 24 juillet, l’opérateur souligne que « les prix de l’Internet mobile ont baissé en moyenne de 70 % » en quatre ans, notamment grâce à des investissements pour développer le réseau. Au Sénégal, 7 millions de clients, dont 2,1 millions de clients 4G, se connectent à Internet haut et très haut débit grâce au réseau Orange.
Des explications qui n’ont pas convaincu Massokhna Kane, président de SOS Consommateurs présent à cette réunion. « Ils ont essayé de nous démontrer que ce n’était pas une augmentation, mais une évolution des tarifs, mais leurs explications étaient laborieuses et indigestes. Nous remarquons surtout que les tarifs sociaux utilisés par le plus grand nombre des consommateurs n’existent plus », explique le militant. Une autre association des « Victimes du net et des réseaux sociaux », présente également, regrette de son côté un manque de concertation. « Nous devons trouver un consensus, car Orange n’a pas intérêt à ce que les consommateurs se braquent », estime son président Amadou Moustapha Gaye. Pour le moment, un appel au boycottage est maintenu pour le 7 août.
Avec Le Monde