vendredi, novembre 22, 2024

Le président du Parlement guinéen pris en flagrant délit de plagiat

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Avec les technologies de l’information et de la communication, il est rare de plagier quelqu’un sans qu’on soit démasqué par les internautes. C’est ce qui s’est passé avec le président Amadou Damaro Camara.

Le discours du président de l’Assemblée Nationale, Amadou Damaro Camara, prononcé à la clôture de la première session parlementaire de la 9ème législature, samedi 4 juillet, présentait un caractère particulièrement troublant voire hallucinant : sa similarité pour un large extrait avec celui tenu par le Roi Hassan II du Maroc. C’était à la faveur de son passage le 7 mai 1996 à l’Assemblée nationale française.

Un petit exercice de routine mené par le quotidien électronique Guinéenews, a permis de vite démasquer ce gros plagiat mécanique et scandaleusement éhonté pour le premier responsable d’une institution aussi respectable que l’Assemblée nationale d’un pays.

Nous vous proposons ci-dessous le long extrait que Amadou Damaro Camara, la deuxième personnalité de la Guinée s’attribue, sans se prémunir de la moindre précaution et au grand mépris des règles les plus élémentaires comme il sied en termes de propriété intellectuelle :

« En matière de constitution, il n’existe pas de procédé industriel permettant de livrer des usines institutionnelles clé en main. Une simple imitation serait stérile.

Si l’on veut s’abandonner à la métaphore comme l’a dit une imminence africaine, mieux vaut voir chaque constitution comme un vêtement.

Un vêtement se dessine et se coud en fonction des formes et des mesures de celle ou celui qui doit le porter. Bien plus, celui qu’on habille ne gardera pas immuablement la même silhouette.

Les âges de la vie, l’état de santé, la condition physique appellent à des corrections qui vont de simple retouche à un changement d’habit.

Peut-être un ironiste suggérera-t-il qu’un vêtement est une affaire de mode et qu’il ne faut pas faire subir aux institutions des mutations de pure fantaisie.

N’y a-t-il pas quelque chose de cela dans l’appel si souvent entendu à la modernité institutionnelle ?

Il me semble que l’usage du terme modernité dans la vie politique est matière de malentendu entre nos jeunes états et les vieilles démocraties occidentales.

Certains de ceux qui l’emploient, paraissent croire que la modernité politique exige en dépit de la géographie et de l’histoire, l’uniformité des institutions dans tous les états du monde.

Ils se trompent.

D’autres se croyant plus réalistes pensent que la modernité est hors d’atteinte pour les pays dans lesquels, le respect de la tradition s’opposerait à tout changement. Ils ne se tromperaient pas moins.

Cette antithèse mécanique entre le passé et l’avenir, Jean Jaurès l’avait dénoncée en s’écriant, je cite : « le fleuve est fidèle à sa source quand il descend vers la mer », fin de citation.

Moins éloquemment, hélas, je dirai qu’une communauté de valeur, le principe démocratique, les droits de l’homme, le pluralisme peut rassembler sans se trahir et sans les trahir, les traditions différentes.

Le constitutionnalisme naissant à la fin du 18ème siècle, avait rêvé de faire d’une constitution un livre révélé, défiant le temps et l’Histoire. Cependant, maints exemples dans le monde nous ont appris que sans qu’on ne change à tout moment les règles du jeu politique, il existe dans chaque nation, une capacité d’adaptation qui est riche de bons usages.

Les textes ne doivent donc pas être immuables. Ils ne doivent pas être davantage rigides.

Il faut certes une règle du jeu mais laquelle n’est pas une fin en soi. Le jeu lui-même n’en est pas une simple application.

Ce jeu est fait de rapports humains, entre les gouvernants et les gouvernés, entre les individus et les groupes sociaux, entre le pouvoir central et les collectivités décentralisées. Ce n’est pas un jeu de robot.

Une démocratie est par définition pluraliste. Elle suppose la pluralité des opinions, des partis, des organes de l’Etat, des niveaux d’administration, des organisations sociales ou syndicales. Des entreprises publiques et privées.

Tour à tour, les différents acteurs politiques doivent faire entendre leurs voix qui sont distinctes ou peuvent même être alternatives. Pourvu que sur l’essentiel, c’est-à-dire l’intégrité, l’indépendance et l’unité nationale, elles se retrouvent à l’unisson.

Et quand il s’agit des plus grandes questions et qu’il faille faire surgir de grandes décisions, sur lesquelles des acteurs politiques ne s’entendent pas, le peuple au nom duquel chacun croit agir doit s’exprimer.

Le processus le plus élaboré de consultation du peuple en démocratie est et demeure le référendum qui couronne la panoplie de moyens d’adaptation.

Les ressources du droit sont à la fois les racines, les fruits de la civilisation politique. Elles ne nous livrent pas des modèles, mais des expériences. Le profit en est partagé entre ceux qui les conduisent et ceux qui les observent… »

Pour accéder à l’intégralité du discours originel plagié, veuillez cliquer sur les liens suivants, y compris celui en vidéo :

Avec Guinéenews