L’ancienne ministre malienne de l’Économie numérique et de la Prospective rejoint le premier cercle du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Alors que le gouvernement vient de démissionner et que le Premier ministre Boubou Cissé a été reconduit jeudi dans ses fonctions, Kamissa Camara, elle, a trouvé un nouveau point de chute. L’ancienne ministre de l’Économie numérique et de la Prospective est désormais la secrétaire générale de la présidence. « Cette nomination a été une grande surprise. C’est une façon pour le président de resserrer son premier cercle », explique Baba Dakono, secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité au Mali.
Cet événement intervient alors qu’une grande manifestation a eu lieu vendredi dernier pour dénoncer la corruption et la crise sécuritaire. Les partis politiques et organisations de la société civile ont également réclamé la démission du président.
Au secrétariat général de la présidence, Kamissa Camara remplace Moustapha Ben Barka. Ce proche d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui est également son neveu, est depuis février le vice-président de la Banque ouest-africaine de développement.
Retour sur le devant de la scène politique
Déjà, en 2018, la nomination de Kamissa Camara au poste de ministre des Affaires étrangères avait créé l’événement. À 35 ans, la jeune femme succédait à un poids lourd du marigot politique local : Tiéman Hubert Coulibaly, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD).
Détentrice des nationalités malienne, française et américaine, elle a su, au fil du temps, trouver sa place au sein du gouvernement. Kamissa Camara incarne la génération des « repats » (pour « repatriés »), ces jeunes des diasporas qui s’installent sur le continent après avoir passé toute leur vie à l’étranger.
Si elle n’est pas restée longtemps aux Affaires étrangères, elle occupait, depuis mai 2019, le poste de ministre de l’Économie numérique et de la Prospective. Moins exposée médiatiquement, elle n’en est pas moins restée active. Dès le début de l’épidémie de Covid-19, elle a mis la technologie au service de la riposte.
Elle a ainsi coordonné la mise en place des conseils de ministres par visioconférence et contribué au développement du Petit guide du digital au Mali, qui recense les applications locales pour sensibiliser aux gestes barrières. Parmi celles-ci, SOS Corona ou encore DoniFab, qui permet d’accéder aux statistiques sur l’évolution de la maladie en langues locales. « Des initiatives qui ont sans doute été remarquées au plus haut sommet de l’État », confie un membre de son entourage.
Mme Camara est née en 1983 à Grenoble, de parents maliens ayant immigré en France dans les années 1970. Elle effectue des études en France jusqu’en 2007, à Grenoble et à Paris.
Elle gagne ensuite les États-Unis, ayant obtenu une carte de résident permanent. Avec 3 000 dollars en poche, elle s’y installe puis obtient un premier travail à l’International Foundation for Electoral Systems (Ifes). Elle possède la triple nationalité, malienne, française et américaine6. Elle enchaîne ensuite des emplois dans son domaine de prédilection, les relations internationales et les politiques africaines, notamment ouest-africaines et sahéliennes. Elle est à l’initiative du Forum stratégique sur le Sahel, un groupe de réflexion sur les problématiques de la région du Sahel.
Repérée par le pouvoir malien, elle devient, en juillet 2018 la conseillère diplomatique du Président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Le 9 septembre 2018, elle est nommée, à 35 ans, ministre malienne des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Avec jeune afrique et bamada