Dans son dernier discours levant l’état d’urgence sanitaire, le président de la République Macky Sall avait manifesté sa volonté de développer un état d’esprit de nature à ancrer durablement une culture du produire et consommer sénégalais. Avec force détails, le chef de l’Etat avait tenu à ce que l’Etat et ses démembrements, y compris les sociétés à participation publique, ainsi que le secteur privé valorisent davantage le contenu local dans la commande publique des biens et services. Le président Macky Sall avait également profité de cette adresse à la nation pour inviter les citoyens à faire du consommer sénégalais non pas un effet de mode ou de conjoncture, mais l’affirmation d’une véritable culture de souveraineté économique. Dès le lendemain de son discours, « Le Témoin » avait relayé la voix de certains industriels locaux qui voulaient prendre au mot Macky Sall afin qu’il œuvre pour que ce « consommer sénégalais » tant souhaité devienne effectivement une réalité. Une réalité surtout pour sauver les industries locales qui subissent les importations sauvages.
Hier lors d’un séminaire regroupant presque tous les hommes d’affaires, acteurs industriels et directeurs de sociétés nationales et autres acteurs de l’économie, le président Macky Sall a fait annoncer une décision suspendant toutes les exonérations relatives au fer à béton. Désormais, tout importateur de fer à béton acquittera 300.000 francs de droits de douane sur la tonne. Une mesure qui a pour but de sauver les sociétés de sidérurgie et de métallurgie (fer et acier) tout en obligeant les Sénégalais à consommer local.
En prenant ces mesures visant à protéger l’industrie locale, l’Etat entend également appuyer la Douane dans sa lutte contre les importations sauvages et les détournements d’objectif liés à ces titres d’exonération. A preuve, une étude de l’inspection générale des Finances a tristement constaté que, sur les titres d’exonération généreusement octroyés aux marabouts, hommes d’affaires, investisseurs, commerçants et autres dignitaires, les 35 % font l’objet de détournement d’objectif. Par exemple, de nombreux marabouts, hôteliers et autres Ong « islamiques » bénéficiant de titres d’exonérations donnés pour la construction de mosquées ou de réceptifs ne font autre que de les revendre au détriment de la douane et du Trésor public.
Chaque année, ces exonérations douanières et fiscales abusives et exagérées font perdre à la Douane ou au Trésor public plus 500 milliards Cfa. il est vrai que la Douane a toujours apporté sa contribution à la protection des industries locales en intensifiant la lutte contre la fraude et la contrebande. Donc, cette mesure suspendant les exonérations n’est qu’un renfort de taille à sa lutte permanente.
Souhaitons seulement que ces nouvelles mesures soient bien accompagnées par les industriels de la sidérurgie se livrant une concurrence déloyale qui plombe le secteur. Souhaitons également qu’ils relèvent le défi de la production pour satisfaire largement le marché local en fer à béton à des prix compétitifs. Pendant ce temps, les secteurs de la sucrerie, de la savonnerie et les huileries espèrent bénéficier de ces mesures de protection post-covid19 visant à sauvegarder et relancer l’industrie locale.
Avec Le Témoin