Seyram Sossou, un chercheur en eau et assainissement à l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou vient de mettre au point une solution qui pourrait mettre fin au casse-tête de la gestion des boues de vidange dans les ménages et les communautés au Burkina Faso..
Baptisée Compotoilet, cette solution consiste en un ouvrage d’assainissement autonome et de fabrication de compost. Ces toilettes comprennent une cabine de défécation et un bioréacteur servant de chambre de collecte et de compostage des excrétas. Elle est dimensionnée pour une famille de six personnes avec en moyenne une défécation par jour et par personne.
Dans le bioréacteur, est mis préalablement une quantité d’agent gonflant de compostage (à l’instar de la sciure de bois) avant le dépôt quotidien de l’urine et de fèces par défécation : c’est du compostage semi-continu qui est réalisé en condition aérobie.
“La révolution dans l’accès des populations à l’assainissement décent en milieu rural peut passer par l’utilisation de Compotoilet”
Pafadnam Boureima, préfet du département de Tin Akoff, Burkina Faso
« A chaque utilisation de ces toilettes, l’utilisateur prend soin de mélanger les fèces et les urine à la sciure de bois à l’aide du levier de mélange du bioréacteur afin de favoriser une aération et l’absorption de l’eau par la sciure de bois », explique Seyram Sossou.
Au bout de deux mois d’utilisation du dispositif, le compost est stable et doit être versé dans une fosse à compost pour maturation pendant une durée de deux mois également.
« Ces toilettes ont été développées pour favoriser un accès facile à un ouvrage d’assainissement autonome simple et non coûteux en vue d’une gestion durable des excrétas humains au niveau familial », affirme l’inventeur de Compotoilet.
Parallèlement, elles permettent de lutter contre la pollution de l’environnement par le rejet des excrétas humains, notamment grâce à la récupération des nutriments contenus dans ces excrétas sous forme de compost pour l’agriculture, confie Seyram Sossou.
Plus de 2/3 des Burkinabè ne disposent toujours pas de systèmes adéquats de gestion des excrétas et près de 85% des eaux usées sont rejetées dans la nature sans précaution pour la santé et l’environnement. En outre, le taux d’accès à l’assainissement adéquat en 2018 était de seulement 38,2% en milieu urbain et 16,4% en milieu rural.
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Et selon l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), environ 900 à 20 000 m3 d’excréments sont quotidiennement tirés des fosses d’aisance et septiques des familles ou des services dans la ville de Ouagadougou.
Soumaïla Sedogo, le secrétaire général adjoint de l’Association des vidangeurs du Faso (AVIF) confie que les stations de traitement ne reçoivent que 15% des boues de vidange de la ville de Ouagadougou.
Avec scidev.net